L’homme est un loup pour l’homme
Jean-Claude est un homme sympa, pas toujours très cohérent dans ses idées, mais en général bien intentionné. Ce jour-là, il passait dans mon bureau pour passer un moment à discuter de tout et de rien. Il passe en revue la réorganisation du service, les salaires, la santé de sa petite fille, les perspectives des retraites. Je lui donne poliment mais sans trop d’attention le change de temps en temps, car je ne sais pas toujours où il veut en venir et que de toute façon, cette écoute distraite lui suffit parfaitement, au moins il n’est pas trop perturbé dans ses laborieux développements théoriques.
Et puis , brutalement , Jean-Claude débouche sur la réintroduction du loup en Haute Savoie et de l’Ours dans les Pyrénées. Quand il est question de la nature, Jean-Claude abandonne son flegme légendaire et devient un virulent prédicateur. Ces questions étant visiblement essentielles à ses yeux. Au bout d’un moment je l’arrête , lui faisant remarquer que je ne vois pas trop pourquoi on dépense autant d’énergie pour réintroduire artificiellement quelques animaux , souligne les attaques de troupeaux, et l’opposition compréhensible des bergers. Je lui demande s’il y a d’après lui une solution pour une coexistence de l’homme de la brebis et du loup. En fait de solution à ses yeux, elle ne réside pas dans une coexistence : on n’a qu’à déplacer les populations des territoires où l’on réintroduit le loup !
Ce brave Jean-Claude, qui a sa carte syndicale, et se désespère souvent de cette société impitoyable, en vient à préférer l’animal à l’homme, et verrait d’un bon œil que le loup chasse l’homme.
Quand on dit que l’homme est un loup l’homme….
Anton Suwalki