Manifeste : La désinformation sur les OGM et le dénigrement de la science doivent cesser !
Les OGM sont une application très récente des progrès rapides réalisés en biologie depuis la deuxième moitié du XIXième siècle. Le fait de pouvoir intervenir sur le patrimoine génétique d’organismes vivants a très rapidement suscité des inquiétudes dans une partie de la population peu formée aux questions scientifiques et souvent convaincue que les savants jouent aux « apprentis sorciers ». Le mythe de Frankenstein a la peau dure.
Il n’en fallait pas davantage pour que des esprits mal intentionnés exploitent sans scrupule ces peurs largement infondées grâce à la complicité de médias et de politiciens complaisants. L’hostilité irrationnelle aux OGM s’est focalisée sur les plantes génétiquement modifiées grâce aux actions de vandalisme (fauchage de champs, destruction de serre, saccage de laboratoire) de José Bové et des « faucheurs volontaires » systématiquement relayées par les médias. Cette technologie prometteuse, dont le champ des applications potentielles est immense, s’apparente désormais à l’œuvre du diable .
Les actes illégaux et scandaleux des faucheurs volontaires qui s’attaquent aux champs et/ou aux récoltes d’agriculteurs ainsi qu’au travail des chercheurs sont présentés comme des comportements héroïques. La parole est monopolisée dans les médias par Bové et quelques chercheurs prétendument indépendants en mal de notoriété médiatique, largement discrédités parmi leurs pairs et qui vouent une hostilité quasi religieuse aux OGM.
Canal +, France 2 et Arte se sont déshonorés en acceptant de diffuser des reportages de propagande anti-OGM véhiculant des aberrations scientifiques et usant de manipulations dignes des films de propagande des années 30. Il est par ailleurs inacceptable que des chaînes de service public laissent un représentant du CRIIGEN financé par la deuxième multinationale de la distribution proférer des accusations de « compromission » diffamatoires à l’encontre de chercheurs et des organismes d’expertise publique des OGM !
Nous nous interrogeons sincèrement sur ce qui motive cette tentative concertée de discréditer et de déstabiliser la recherche publique, dans une période où plusieurs de ses organismes font l’objet de tentatives de restructurations vivement contestées par leurs salariés. La publicité faite aux détracteurs des scientifiques et de la science, conjuguée aux cadeaux politiques concédés par le gouvernement aux anti-OGM et à la mouvance écologiste n’en est que plus suspecte.
Le président de la République, habituellement si prompt à montrer ses muscles, se moque superbement des actes d’incivilité des faucheurs volontaires d’OGM. Il a nommé secrétaire d’État une personne ouvertement acquise aux thèses de la Deep Ecology. Il a en outre fait un magistral cadeau politique et idéologique aux anti-OGM en activant la clause de sauvegarde sur la base d’un dossier scientifiquement vide.
Le sénateur Jean François Legrand rapporteur du comité de préfiguration de la Haute autorité sur les OGM a reconnu que Nathalie Kosciusko-Morizet lui avaient dicté les formules « faits nouveaux », « doutes sérieux » qu’il a prononcées lors de la remise du rapport désavoué immédiatement et publiquement par 12 des 15 membres du collège scientifique de ce comité, conscients d’avoir été abusés et de n’avoir servi que de caution scientifique à une décision purement politicienne.
Les « compensations » consistant à augmenter les crédits de recherche ne sont que de la poudre aux yeux dans la mesure où les crédits publics destinés aux OGM ne sont déjà pas tous distribués, beaucoup de chercheurs hésitant à se lancer dans des projets qui risquent de leur valoir des manifestations de haine et qui craignent que leurs travaux ne soient détruits par des obscurantistes soutenus par le pouvoir.
Les peines prévues pour des fauchages ont-elles été alourdies lors du vote de la récente loi (22/04/08) sur les OGM ? Elles ne sont guère appliquées pour le moment, sans doute parce que les décrets d’application ne sont pas en place. Toujours est-il que les fauchages d’OGM ont continué en toute impunité au point que José Bové se vante de pouvoir « terminer le travail ». Il n’y aura bientôt plus une seule parcelle OGM d’essais cultivée sur tout le territoire français.
A chaque nouveau procès les anti-OGM confondent tribunal et tribune médiatique. Les agriculteurs, pourtant victimes de leurs actes de destruction, y sont désignés comme les «coupables». Limagrain a annoncé son intention de délocaliser sa recherche. A cause d’une poignée d’individus manipulant l’opinion par médias interposés des chercheurs s’exilent, ne supportant plus le climat de défiance envers la science qui règne dans l’hexagone.
Ironie de l’histoire , la firme Monsanto diabolisée par les anti-OGM pourrait bien voir sa position dominante renforcée par ces actions, car elle dipose d’une part acquise du marché mondial et d’une assise financière suffisantes pour se permettre de perdre quelques marchés européens, là où des firmes plus petites ou moins engagées dans les OGM auront beaucoup de mal à se développer. Quant aux petits agriculteurs dont les anti-OGM usurpent le titre de porte-parole et qu’ils prétendent défendre contre la « mondialisation libérale », ils seront pénalisés en n’ayant pas l’accès comme leur concurrents du marché mondialisé à des semences GM leur permettant de diminuer le coût de leurs intrants et de mieux protéger leur récolte contre les ravageurs.
Bien au-delà de la seule question des OGM, nous nous inquiétons fortement de la montée de ces phénomènes. La négation des valeurs de la science et du rationalisme, seuls remparts contre nos folies, selon la formule de Sokal et Bricmont, est un symptôme d’une grave crise de société qui pourrait aboutir à un recul de civilisation. Nous soussignés ne nous satisfaisons pas de la société telle qu’elle est, très loin de correspondre à nos idéaux. Mais nous ne voulons pas d’un retour en arrière imposé par des nostalgiques d’un âge d’or qui n’a jamais existé. Nous dénonçons les mythes réactionnaires du retour à la nature et le culte antihumaniste de Gaïa. Nous sommes consternés de voir la publicité faite à tous les prêcheurs de l’apocalypse écologique en même temps qu’on sabote le développement de technologies qui pourront contribuer utilement à la résolution des vrais problèmes environnementaux et humains des décennies futures, même si de nombreuses solutions passent avant tout par le politique.
Il n’existe pas de solutions purement technologiques, mais il n’existe pas de solutions qui pourraient se passer des apports de la science et de la technologie!
Nous dénonçons sans réserve et sans distinction d’étiquette les politiques qui étalent à longueur d’année leur incompétence, œuvrent au discrédit de la communauté scientifique, bluffent à propos de rapports secrets censés démontrer la dangerosité des OGM pour la santé (pour le fœtus, on aura tout vu et tout entendu !) alors qu’ils ignorent superbement l’avis de l’Académie des Sciences et les milliers d’études bien réelles publiées dans des revues scientifiques à comité de lecture qui laissent très peu de doutes sur l’innocuité des OGM.
Lorsqu’il s’agit de faire de la démagogie, leur imagination est sans limite !
Nous attendons que les médias , radios, télés, journaux prennent enfin leurs responsabilités en fournissant une information honnête, vérifiée et rigoureuse sur les OGM et sur toutes les questions scientifiques. La recherche peu honorable du sensationnel, la volonté manifeste de certains journalistes de déformer et de manipuler les faits semblent malheureusement l’emporter sur ce qui devrait constituer l’esprit de leur profession et qui est explicité dans leur charte déontologique. Que les médias cessent enfin de présenter les anti-OGM comme des héros, voire des nouveaux résistants, et qu’ils fassent leur métier !
Tous les citoyens ont le droit de se faire un avis sur la question des OGM. Mais ils ne peuvent le faire qu’éclairés par l’expertise scientifique produite par des experts reconnus pour leur compétence en la matière.
La désinformation sur les OGM et, au delà, le dénigrement de la science doivent cesser !
Vous pouvez signer avec nom
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jour.
Signataires
-Stéphane Adrover, chargé d'études-INSEE -Besançon
- Bruno Bastardie - Ingénieur R&D - Blois
- Laurent Berthod, ingénieur agronome, Villeurbanne.
-Claude Besnard
-Yannick Billon, travailleur du monde agricole
-Benoit Cambon - Affaires Réglementaires et Scientifiques - Lyon
-François Denieul
-Pierrick Gueguen,agriculteur (22)
- Bernard Eber , Médecin
-François Fabianek, étudiant (Montréal, Canada)
-Vincent GUERIN ingénieur agronome, ancien sélectionneur de maïs , agriculteur (36)
- Boris Guignard, enseignant, 90
-Philippe Joudrier, ex-directeur de recherche à l’ INRA, Montpellier
-René Laversanne, maire adjoint de Pessac (33), ancien chercheur au CNRS, consultant entreprises
-L Lordez ingénieur agronome - Lyon
-Jean-François Lanckriet retraité (45)
- Marie-Françoise Lanckriet , retraitée (45)
-Aymeric Oval, urbaniste, Rennes
-Jean-François Proust, Ingénieur agronome, Morlaix
-Dominique Renahy, citoyenne lambda, Besançon
- Mathias Rocher, thésard en chimie, Birmingham (Royaume Uni)
- JC Seigner, retraité de l'industrie phytosanitaire.
- Benjamin Straehli, enseignant
-Alexis Thomann, biologiste post-doctorant, Tübingen (Allemagne)
et :
La rédaction d’OGM’s (http://www.ogms.be/)