Les derniers rebuts de Marie Monique Robin
Pour entretenir la flamme, Marie Monique Robin alimente son blog des rebuts de son enquête (qui figurent toutefois dans son livre). Avec elle, on peut tout avaler sauf des OGM. Dans sa dernière livraison , la voici qui démontre avec des preuves encore plus désarmantes que « Monsanto sait que le principe d’équivallence en substance est une escroquerie ». MMR ne sait pas ce qu’est le principe d’équivallence en substance mais elle sait que c’est une escroquerie, et mieux, elle sait que Monsanto sait.
Tenez-vous bien, parce que la démonstration dépasse de loin toutes les imbécilités que nous avons relatées. Ca vaut largement un Vélot de platine. La preuve , elle la tient d’un ancien salarié de Monsanto , paraît-il. Kirk Azevedo , embauché chez Monsanto a découvert le pot aux roses et s’est bien sûr ouvert à la lauréate du prix d’Albert Lombre.
« Contacté par un chasseur de tête, ce diplômé de chimie avait démissionné des laboratoires Abbott, où il était chargé de tester de nouveaux pesticides, pour rejoindre ce qu’il considérait alors comme l’« entreprise du futur
».
Sa mission était de promouvoir auprès des négociants de semences et des agriculteurs californiens deux variétés de coton transgénique que Monsanto s’apprêtait à lancer sur le marché
: un coton Roundup ready et un coton dit «
Bt », manipulé génétiquement pour produire une
lectine insecticide (comme les pommes de terre transgéniques d’Arpad Pusztai), grâce à
l’introduction d’un gène issu de la bactérie bacillus thuringiensis.
« J’étais vraiment très enthousiaste, me raconte Kirk Azevedo. Je pensais effectivement que ces deux OGM allaient entraîner une réduction de la consommation d’herbicides et d’insecticides. Mais
la première note
discordante est venue trois mois après mon
embauche. J’avais été invité à Saint-Louis pour visiter le siège et participer à un stage destiné aux nouvelles recrues. À un moment, alors que je défendais avec ferveur la biotechnologie qui
allait permettre de diminuer la pollution et la faim dans le monde, l’un des vice-présidents de Monsanto m’a pris à part et m’a dit : “Ce que raconte Robert Shapiro est une chose, mais ce qui compte pour nous, c’est de faire de
l’argent. C’est lui qui entretient la galerie, mais nous ne comprenons même pas de quoi il parle…” »
Un diplomé de chimie embauché pour promouvoir des semences transgéniques. Pourquoi pas ? Après tout , on a bien des spécialistes du paranormal qui donnent des leçons de science à des scientifiques.On peut toujours faire des scéances de rattrapage. Pourtant, plus de 10 ans après, ledit Kirk ne les a toujours pas faites, d'où son l'intêret de son témoignage pour MM Robin qui joue sur l'ignorance de ses zélateurs pour continuer à exister. Car entre la lectine de la pomme de terre, et le gène BT tel que celui introduit dans les plantes telles que le coton, il n'y a strictement aucun rapport !
Passsons. Voilà que les dirigeants de Monsanto ,qu’on croyait diaboliquement intelligents, se coupent l’herbe OGM sous le pied. Un vice-président de Monsanto déglingue en deux phrases le plus enthousiaste de ces nouvelles recrues en stage de « bourrage de crâne » en lui avouant que tout ça est du flanc, qu’on est juste là pour se faire du pognon !
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« C’était qui ? » lui demande Fantomette ?
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Vous ne devinez pas la réponse ?
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– « Je préfère ne pas dire son nom », hésite Kirk Azevedo.
Mais un an plus tard intervient une « nouvelle désillusion » de ce pauvre mais courageux Kirk qui n’a toujours pas compris . C’est donc au tour d’un scientifique « spécialiste du coton » dont l’ancien employé modèle de Monsanto préfère une fois encore taire le nom qui se charge de mettre les pieds dans le plat, « C’est alors qu’il m’a dit : “Non, il y a d’autres différences, les plants de coton transgéniques ne produisent pas que la protéine de résistance au Roundup, mais aussi d’autres protéines inconnues produites par le processus de manipulation.” » .
Ca y est, cette fois-ci Kirk est édifié , au point que son imagination galopante lui joue des tours.
« J’étais sidéré ! À l’époque, on parlait beaucoup de la maladie de la “vache folle”, l’encéphalite spongiforme bovine, et de sa contrepartie humaine, la maladie de Creutzfeldt-Jacob, des pathologies graves provoquées par des macroprotéines qu’on appelle “prions”. Or, je savais que nos graines de coton transgénique allaient être vendues comme fourrage pour le bétail, et je me suis dit que nous n’avions même pas vérifié si ces “protéines inconnues” n’étaient pas des prions… »
Celle-là reconnaissons qu’on nous l’avait encore jamais faite.
Selon toutes les connaissances actuelles, Le prion est une protéine présente naturellement dans les cellules cérébrales (donc exclusivement animales) , normalement détruite par des enzymes, qui devient pathogène suite à des mutations dont l’origine est encore mal connue. C’est dans ces conditions uniquement que le prion s’accumulent dans les cellules, donnant la dégénersecence appelé Encéphalopatie spongiforme bovine chez la vache. La crise de la vache folle des années 1990 est liée à l’isuffisance de chauffage et de purification des farines animales, suite à une indélicatesse d’une entreprise britannique. Jamais encore, malgré l’imagination délirante des anti-OGM , quelqu’un n’avait suggéré q’un’ gène de résistence au RoundUp provenant d’une bacterie conférerait à une plante la capacité à produire un prion, et puisqu’on est dans l’absurde, un prion mutant et pathogène.
Le vertueux Kirk qui a décidemment tout compris termine sa narration bien en phase avec la musique robinienne :
« Par la suite, j’ai essayé d’alerter mes collègues et, petit à petit, j’ai été mis à l’écart. J’ai aussi contacté l’université de Californie et des représentants du département agricole de l’État, mais je n’ai rencontré
que de l’indifférence. J’étais tellement perturbé que j’ai finalement décidé de démissionner, pour ne pas être complice d’un comportement aussi irresponsable. Mais ce ne fut pas une décision facile à prendre… En partant, j’ai renoncé à un très bon salaire et j’ai
sacrifié des dizaines de milliers de stock-options. En fait, Monsanto achète le silence de ses salariés…
–Que pensez-vous aujourd’hui du discours de Robert Shapiro ?
– C’est du
baratin ! Quand je repense à la manière dont
nous travaillions à l’époque, c’était une perpétuelle course contre la montre ; et le seul objectif, c’était de s’imposer au plus vite sur le marché des semences.
Si on veut vraiment sauver le monde, on commence par vérifier soigneusement
l’innocuité des produits que l’on fabrique. »
Nous concluerons un peu différemment : Si on veut vraiment convaincre le monde, on commence par ne pas prendre les gens pour des abrutis, et par vérifier soigneusement qu’on ne dit pas des niaiseries .
En exclusivité, la prochaine révélation de MMR : un salarié de Monsanto France lui
aurait confié l'implication de Monsanto dans l'affaire du petit Grégory....
Anton Suwalki
PS du 14/05 : comme me l'a fait remarquer Tybert, le "chimiste" qui a convaincu madame Robin que la vache folle pouvait s'attrapper par le coton OGM est devenu chiropracteur. Un gage de sérieux scientifique pour une adepte du paranormal...