Le Vélot d’or à Jean-Pierre Frick
Dans notre dernier article, nous avions signalé que Pascal Frissant , membre de la Confédération paysanne, avait condamné « l’attitude idiote » de certains de ses petits camarades faucheurs volontaires de Colmar, dénonçant même « d'une sorte de dérive sectaire, semblant dictée par une poussée limite obscurantiste ».
Nous avions accueilli ce fait avec un certain amusement certes, mais aussi avec bienveillance car il nous semble qu’il faut toujours encourager les prises de positions intelligentes, d’où qu’elles viennent.
Malheureusement, tant les réactions officielles de la Confédération Paysanne que celles de José Bové ou Kastler inclinent à penser que cette prise de position est et restera assez isolée. Et l’irrationalisme le plus profond continuera à guider les idées les actes et de cette mouvance.
Ainsi, nous avions mentionné que la biodynamie faisaient partie des « alternatives » aux PGM prônées par Guy Kastler.
Il nous paraît assez inquiétant qu’un organisme d’évaluation des OGM tel que le HCB accueille en son sein des promoteurs des pareils charlatanismes, quand bien même ceux-ci ne font partie que de son « comité économique, éthique et social » ,et non de son comité scientifique.
Mais il y a pire : Jean-Pierre Frick, membre de la commission viticole de l’Organisation Professionnelle de l’Agriculture Biologique en Alsace et lauréat du Vélot d’or de la semaine, suggère carrément que l’INRA ouvre une unité de recherche consacrée à la biodynamie :
La biodynamie, selon la méthode de Rudolf Steiner, introduit deux aspects complémentaires, l'utilisation des préparats et l'influence des planètes. « Les préparats ne jouent pas sur la quantité. On n'utilise que 100 grammes de bouse de corne à l'hectare et seulement 4 grammes de silice de corne. Ils agissent comme un médicament homéopathique et apportent des informations pour stimuler les fonctions momentanément affaiblies », explique Jean-Pierre Frick.
Quant aux planètes, les données des grands observatoires lui ont appris que cet été, Saturne était en opposition avec Jupiter. Ça arrive tous les vingt ans, mais la configuration actuelle du ciel, jusqu'au printemps prochain, ne s'est plus produite depuis 400 ans. « Ce sont des rythmes complexes qui me dépassent, mais j'essaie de travailler de concert avec l'influence des constellations plutôt qu'en opposition ».
Le viticulteur de Pfaffenheim est persuadé que l'interaction entre ces rythmes planétaires et certains phénomènes de parasitisme « qu'on ne comprend pas » pourraient constituer des « pistes de recherche gigantesques pour l'INRA. Pourquoi l'esca, une maladie du bois déjà connue des Romains, est-elle si virulente en Alsace en ce moment alors qu'elle ne l'était pas dans les années 70 ? Pourquoi le ver de la grappe est-il moins problématique aujourd'hui que pendant la décennie 1980 ? Ce sont des problèmes qu'on ne peut pas résoudre seulement par des molécules chimiques ».
Dernières nouvelles d’Alsace , 5 Septembre 2010
Voilà donc les superstitions moyenâgeuses qui guident ceux qui prétendent interdire par la force les essais de cultures transgéniques. Un jour peut-être, Monsieur Frick sera directeur de recherche à l’INRA, Joël Spiroux de Vendomois prix Nobel de médecine « alternative », et Elisabeth Tessier titulaire de la chaire d’astrophysique théorique au Collège de France. Souhaitons que ce jour là n’arrive jamais. Car on peut craindre ce jour là le retour des bûchers en place publique.
Anton Suwalki