L’escalade dans la violence des anti-OGM
-La certitude d’agir au nom d’une cause « supérieure » sacrée
-La certitude d’être dans son bon droit quelles que soient les actions que l’on mène au nom de cette cause qui dispense de toute justification.
Ces deux principes gouvernent tous les obscurantismes. Depuis des fanatiques qui mettent le feux à un cinéma projetant un film «blasphématoire», jusqu’aux « citoyens » qui jettent une bouteille d’ammoniac pour empêcher un débat sur les « nanotechnologies totalitaires » (1)
L’obscurantisme anti-OGM échappe d’autant moins à la règle que ses actions commando (destruction de cultures transgéniques, d’essais ,saccages de labos…) ont depuis toujours bénéficié de la bienveillance médiatique et politique : au bénéfice d’actions « illégales » fort peu risquées, il est facile de se prendre pour un héros. Né en France en 1997 avec la destruction d'un champ de colza transgénique, le phénomène a contaminé l’Allemagne, la Suisse, le Royaume-Uni (2)… Et lorsque les actions ne sont pas revendiquées collectivement, le climat qui s’est instauré incite à des « initiatives individuelles », comme dans le cas de la destruction des vignes transgéniques de Colmar. Si cette action a été condamnée par le sénateur vert du Haut-Rhin, Cécile Duflot a considéré les faits avec beaucoup d’indulgence, tandis que la Confédération Paysanne (qui s’en étonnerait ?) a glorifié l’acte du saboteur qui a déclaré agir de sa propre initiative. Seul, mais soutenu !
Jusqu’à présent toutefois, ces actions ne visaient pas directement des personnes. Ce pas vient d’être franchi. Après l’entartage stupide ,mais sans conséquence, de Marc Van Montagu (3) à la sortie d’une conférence sur les OGM à Bruxelles, une action beaucoup plus inquiétante a eu lieu en Suisse : c’est cette fois-ci un chercheur, Wilhelm Gruissem, qui a été la cible des fanatiques (4). Dans la nuit du 28 au 29 Juin, sa maison a été taguée de slogans « non aux OGM », la voiture de sa femme et de sa fille endommagées. Pire, ces actes ont été revendiquées sur le net, les individus à l’origine de ce communiqué indiquant en plus l’adresse du domicile de M. Gruissem… Ce comportement sinistre est ainsi justifié :
« Contre les OGM, les monocultures, la
technocratie et le capitalisme!
La lutte continue. »
Voyez-vous ça ! Ces actes n’émanent pas de demeurés comme vous seriez tentés de le croire, mais d’individus guidés par de « nobles idéaux politiques » !
Le fait de communiquer l’adresse sur Internet (5) est bien sûr une incitation à d’autres actions peut-être plus violentes, et on peut comprendre l’inquiétude de Wilhelm Gruissem, qualifié de « collabo de Schell et Monsanto » par les responsables de cette action.
Que feront la prochaine fois ces drôles de « résistants » ?
Anton Suwalki
(1) http://imposteurs.over-blog.com/article-pour-les-anti-l-ennemi-ultime-est-la-connaissance--44141135.html
(2) un recensement des actions de sabotage sur le blog de Marcel Kuntz :
http://www.marcel-kuntz-ogm.fr/article-vandalisme-labo-public-52897421.html
(3) biologiste belge, l’un des pionniers de la transgénèse végétale
(4) http://www.20min.ch/ro/news/suisse/story/19762915
(5) plus étonnant, le site qui a publié ce communiqué n’a pas supprimé l’adresse du chercheur, ce qui le rendrait en partie responsable en cas de nouvelle agression. J’ai posté un commentaire pour leur demander de la retirer.