Vandana Shiva, docteur en pipeaulogie (2)
Nous avons vu toutes les sottises que profère Vandana Shiva à propos d’un sujet sur lequel elle travaille « depuis 30 ans » : l’agriculture. Poursuivons notre découverte de la pensée abyssale de la célèbre altermondialiste.
VS : « La capacité d’incorporer des gènes dans différentes espèces est apparue dans des programmes publics de recherche menés aux États-Unis. Les scientifiques concernés ont organisé une conférence en Californie et demandé un moratoire en disant : « Nous n’irons pas plus loin tant que nous n’aurons pas une meilleure compréhension des enjeux. »
C’est à ça que doit ressembler la vraie science. Einstein avait coutume de dire que, si vous ne portez pas la responsabilité de ce que vous faites, vous n’êtes pas un bon scientifique ».
Notons l’extraordinaire confusion dans le langage, volontaire ou non . L’introduction d’un gène étranger dans le génome d’un organisme donné devient dans la bouche de VS l’incorporation de gènes dans différentes espèces. C’est ce type de confusion qui entretient l’ignorance du public, de ceux qui par exemple pensent qu’une tomate « normale » ne contient pas de gènes !
« Les scientifiques concernés » - on suppose qu’il s’agit d’une traduction Google du journaliste, sont en fait ceux de l’ Union of Concerned Scientists, une organisation opposée aux OGM, et non pas les scientifiques « concernés » par la question, comme le laisse entendre cette traduction. Quant aux citations vraies ou fausses d’Einstein, c’est la référence favorite de tous les charlatans qui aiment à se parer de sa supposée sagesse et de son (supposé) talent de visionnaire.
VS : « Puis les spéculateurs, les fonds de capital-risque, ont commencé à faire des promesses à Wall Street. Les fabricants de produits chimiques, qui sortaient de la guerre, se sont dits : on va se doter de cet outil et, à travers lui, acquérir des semences. Car, pour dégager des profits à partir des semences, on doit posséder celles-ci et faire en sorte que les fermiers ne puissent pas en conserver d’une année sur l’autre ».
VS est aussi grotesque lorsqu’elle parle d’économie qu’en matière d’agriculture. Que viennent faire les fonds de capital-risque dans l’affaire , sait-elle seulement ce que c’est ? Et puis, il y a bien sûr la vieille légende urbaine des fabricants de produits chimiques qui ne savaient plus quoi faire de leurs stocks après-guerre, et qui se sont dits : « tiens si on faisait des semences ? ». Donc, apprend-on, les fabricants de produits chimiques se sont dotés de cet outil : lequel ? le capital-risque ?!!!!) et à travers lui acquérir des semences ( ???). Pour dégager des profits à partir des semences, on doit posséder celles-ci : moi qui pensait que pour dégager des profits, il fallait d’abord les produire puis les vendre plus cher que ce qu’a coûté leur production …. et faire en sorte que les fermiers ne puissent pas en conserver d’une année sur l’autre. A croire que la création de plantes hybrides F1, que les agriculteurs n’a effectivement pas intérêt à ressemer, n’était qu’une ruse de méchants capitalistes ! Pourquoi les agriculteurs, que VS et ses sbires prennent toujours pour des imbéciles, ont-ils continué à en acheter ? Pour le plaisir d’engraisser les semenciers ? Idem pour les semences de plantes génétiquement modifiées, protégées par des brevets (pas dans tous les cas ni dans tous les pays) ? Comment expliquer leur adoption massive autrement que par le fait que le surcoût lié au rachat annuel des semences est plus que compensé ?
VS : « Prétendre que déplacer un gène d’un organisme à un autre – puisque c’est tout ce qu’ils savent faire − revient à créer un organisme, ce n’est pas ma conception de la science. Ils inventent pour se permettre de réclamer des royalties. Qu’ont-ils apporté à la science ? Les récoltes [tolérantes ?] aux herbicides, les récoltes résistantes au Baccillus thuringiensis (Bt) ? »
Les scientifiques ne prétendent pas « créer un organisme », mais apporter par ce procédé à un organisme existant un ou deux caractères d’intérêt!
La conception de la science de VS, c’est qu’ils inventent tout ça juste… pour se permettre de réclamer des royalties . C’est à se demander pourquoi Monsanto consacre près de 10% de son chiffres d’affaires à la Recherche-Développement . Juste pour des introduire des leurres ? On en apprend toujours avec VS : il y aurait donc des « récoltes » résistantes au Baccillus thuringiensis…
VS « Le coton Bt [provenant de cotonniers modifiés génétiquement] était censé résister aux parasites ; les herbicides permettre de lutter contre les mauvaises herbes. Or, aux États-Unis, la moitié des superficies agricoles sont envahies de mauvaises herbes qui ne peuvent pas être éliminées. En Inde, le coton Bt a créé de nouvelles résistances chez les parasites. Cette technologie a échoué. Or, l’efficacité des outils doit être mesurée à l’aune de leurs résultats ».
Venant de VS, un chiffre égale souvent un mensonge. Ce chiffre de la moitié des surfaces agricoles envahies de mauvaises herbes est probablement sorti de son imagination. Certes, le problème des mauvaises herbes résistantes est bien réel. Que disent à ce propos les chiffres les plus récents de l’USDA ? Une enquête de 2010 menée auprès des producteurs de maïs rapportait que 5,6% des surfaces cultivées étaient effectivement envahies. Une autre enquête de 2012 menée auprès des producteurs de soja rapportait, non pas une invasion, mais une baisse de l’efficacité des traitements au glyphosate pour 43,7% des surfaces cultivées[1]. Quant à la tarte à la crème de l’échec du cotonnier Bt en Inde, il suffit de rappeler un chiffre , vrai celui-là : 93% des surfaces cultivées sont plantées en cotonnier Bt[2] ! Pour une fois, on peut suivre le conseil de VS : l’efficacité des outils doit être mesurée à l’aune de leurs résultats.
VS : « Répéter aveuglément : « Je suis le maître, devenez mes serfs, abandonnez votre Constitution, abandonnez votre démocratie », ce n’est pas de la science, c’est une forme de dictature. L’ingénierie génétique est un système de contrôle de la propriété intellectuelle et des droits de propriété. Une entreprise ne peut pas prétendre posséder une semence en y insérant un gène toxique ».
Qui répète « aveuglément » (sic !) Je suis le maître, devenez mes serfs, etc.. ? Toujours cette rhétorique mensongère de l’homme de paille ! Et VS de débiter ces débilités effarantes : L’ingénierie génétique serait ainsi un système de contrôle de la propriété intellectuelle et des droits de propriété. Et mieux encore, il y aurait des gènes toxiques. A l’évidence, ce délire se nourrit de l’ analphabétisme scientifique de la « physicienne » Shiva.
VS : « Le système qui consiste à tout réduire à des processus mécaniques date d’il y a deux cents ans. Son unique dessein était l’exploitation, parce que quand vous considérez la nature comme inerte, quand vous dites que tous les éléments qui la constituent sont séparés, l’exploitation ne connaît pas de limites. Pendant deux cents ans, l’esprit humain a été plongé dans l’illusion que nous sommes extérieurs à la nature et que nous pourrions en être les maîtres, la conquérir, la posséder et la manipuler ».
VS, « philosophe des sciences », a visiblement une connaissance très superficielle de la pensée « mécaniste » : celle-ci n’implique nullement que nous nous considérions comme extérieurs à la nature. Mais Shiva ne fait en fait que révéler son arriération, sa conception animiste du monde qui l’amène à ses divagations sur « la démocratie de la planète terre. » .
VS : « Ce que j’appelle la « démocratie de la planète Terre » consiste à rappeler ce simple constat : nous faisons partie de la planète et la liberté des autres espèces est vitale pour le bien-être de la planète et pour notre bien-être. Voilà ce qu’est la démocratie de la planète Terre : la démocratie de toutes les formes de vie ».
VS ignore le sens élémentaire des mots. La liberté, c’est « l’état de celui (ou de ce qui) n’est pas soumis à une ou des contraintes externes », nous dit le CNTRL. La démocratie, c’est « un régime politique, un système de gouvernement dans lequel le pouvoir est exercé par le peuple, par l'ensemble des citoyens ». La démocratie, fut-elle préférable à tout autre régime politique, est donc système de contraintes consenties par des individus doués de raison et capables d’effectuer des choix. La démocratie de toutes les formes de vie est totalement absurde. A quand une assemblée constituante des canards de la basse-cour, des escargots de Bourgogne et des amibes de la piscine municipale ?
D’autre part, qu’est ce que le bien-être de la planète Terre ? VS convoque bien évidemment le mythe de Gaïa, outragée par l’arrogance de l’homme :
V S : « Pourquoi subissons-nous le changement climatique ? Parce qu’il y a un siècle nous avons eu l’arrogance de transformer notre économie à partir du pétrole et des énergies fossiles. . Des millions d’années de stockage souterrain de carbone ont été brûlées et la capacité de la nature à se recycler elle-même a été détraquée par cette arrogance (..) C’est le droit de la Terre que de ne pas être violée, son droit que de ne pas être victime des catastrophes . Notre liberté et celle de la Terre n’en font qu’une».
VS a au moins le mérite d’être claire sur un point. Recourir au pétrole et aux autres énergies fossiles, ce qui a accessoirement permis à des centaines de millions d’humains de sortir de la pauvreté absolue, c’était de l’arrogance. Au passage de formules pseudo-savantes telles que la capacité de la nature à se recycler elle-même a été détraquée, nous sommes censés comprendre que Gaïa nous fait payer notre prétention à améliorer nos conditions de vie. Mais contre qui s’insurgeait-elle lorsqu’au Crétacé, la teneur en CO2 était quatre fois supérieur à aujourd’hui (environ 1700 ppm contre 400)? Contre quels « violeurs » se révoltait-elle lorsque voici 14000 ans, la température du Groenland a brutalement augmenté de 10 degrés en quelques années[3] ? Remarquons au passage qu’en parlant de viol de la Terre à propos d’extraction de ressources fossiles, la prétendue « féministe » insulte les femmes.
La liberté bafouée de la Terre n’est qu’une invention de prêtres de la Deep Ecology, seuls capables de déchiffrer les « volontés » de Gaïa pour nous les imposer au détriment, cela va de soi, de nos libertés et de nos aspirations.
La seule chose drôle dans tout ça, c’est que l’obscurantisme de Shiva débouche sur des « solutions » d’un scientisme candide.
« A travers la dynamique que je défends, (capture du carbone, agroécologie)… il s’agit de rétablir les relations entre l’océan, l’air, le vent et la mousson, pour que nous ayons des précipitations au bon moment et un hiver au bon moment ».
Diantre, l’océan, l’air, le vent et la mousson auraient suspendu leurs relations ! Que fait l’ONU ? La baratineuse nous promet même des précipitations et l’hiver au bon moment !
En attendant de nous imposer une « sobriété heureuse » dans un climat détendu, Shiva semble plutôt portée vers l’opulence heureuse, fût-ce au prix d’une empreinte carbone éléphantesque : elle réclame aux crédules 40.000 dollars par conférence. Et pour s’y rendre, elle ne traverse pas les océans en pirogue, mais par avion, et en classe affaires[4] , s’il vous plait!
Anton Suwalki