Pesticides : l'étrange position de Daniel Schneidermann à propos de Cash Investigation

Publié le par Anton Suwalki

La dernière émission Cash Investigation présenté par Elise Lucet a subi une vague de critiques d'une ampleur aussi inédite que réjouissante(1) : Dans la blogosphère sceptique et rationaliste, avec en particulier le travail remarquable de Wackes Seppi sur son blog Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels, ou encore, la chronique mordante et très drôle de l'ami Yann Kindo (2), mais plus étonnantes, ces critiques émanant de la presse généraliste, moins complaisante que d'habitude. Libération, qui a ouvert le feu avec le chiffre bidon de Cash Investigation, mais aussi Le Figaro, Le Républicain, s'inspirant largement du communiqué de l'AFIS (3)… Du rarement vu.

Mentir n’est (visiblement) pas un problème déontologique …

Le 21 février, c'est Daniel Schneidermann qui entre dans la polémique en signant une chronique dans Libération intitulée « Investigation : mentir utile ? » (4). On s'attend évidemment à ce que le sage décodeur des médias tance vertement Élise Lucet et ses collègues. Or on ressort bien mal à l'aise de la lecture de cette chronique !

Tout d'abord, parce que ce n'est que du bout des lèvres que Schneidermann parle de mensonges, « le mensonge – ou pour n’offenser personne, l’approximation, l’étourderie, la malencontreuse erreur de chiffres ...», ensuite , parce que s'il désapprouve le mensonge, ça n'est pas pour la première raison qui vient à l'esprit : pour lui, le mensonge n'est visiblement pas condamnable en soi, parce que contraire à l'éthique même de la profession. Il ne serait pas condamnable en soi de tromper le lecteur ou le téléspectateur.

« «Si un chiffre, même faux, attire l’attention sur un problème réel, fait progresser la cause, où est le mal ?» Telle est la question, mise en exergue dans le journal, que se pose Schneidermann. Avis à ceux qui penseraient que la cause supérieure du journaliste, c'est la vérité…

Si Schneidermann désapprouve le mensonge, c'est tout simplement, comme l’illustre magnifiquement Cash Investigation, parce qu'il peut se retourner contre ses auteurs. Car ces mensonges, écrit-il, l'adversaire ne les manquera pas ! « Notons d’abord que ce [les mensonges]ne sont pas exactement «les armes de l’adversaire». L’adversaire ne ment pas. L’adversaire ne ment pas. Il ne truque ni les photos ni les chiffres. » Par ce sidérant hommage que la « vertu » rend au supposé vice, le journaliste reconnaît donc que l'adversaire, (entendez « les multinationales des OGM, de l’agroalimentaire ou de l’énergie ») contrairement à ses collègues, ne ment ni ne truque. Comment expliquer ce paradoxe : que le mensonge émane du camp du bien, et non pas de celui du mal ?

L’adversaire ne ment pas, c’est précisément en cela qu’il est diabolique !

Attention, nous prévient Schneidermann, l'adversaire, décidemment diabolique, est autrement plus subtil : sans craindre le ridicule, il nous affirme que le combat est en effet inégal «face aux milliards que dépensent les multinationales des OGM, de l’agroalimentaire ou de l’énergie pour modeler l’opinion mondiale ». Quand on connaît l'immense popularité de Monsanto, par exemple, on mesure l'efficacité de ces « milliards » dépensés pour « modeler l'opinion mondiale » !!!

Le délire se poursuit « l’adversaire ne ment pas. Il ne truque ni les photos ni les chiffres. Il est bien au-dessus de ces techniques frustes. Il a à sa disposition d’autres armes, autrement plus discrètes. Il a les moyens d’étouffer les chiffres qui ne lui conviennent pas, ou même de faire en sorte que ces chiffres ne naissent jamais, en agissant à la source, en asséchant, consciencieusement les financements des laboratoires de recherche potentiellement dérangeants. Il étouffe. Il communique. Il sature ».

Pur fantasme ! Il suffit de se documenter ,par exemple, à propos de deux pesticides mis en cause dans Cash Investigation : Google Scholar donne 5460 références de publication scientifiques portant sur le chlorpyrifos, 10500 références pour l'atrazine ! Où sont-ils, les chiffres étouffés, les laboratoires « asséchés », empêchés de mener des « recherches potentiellement dérangeantes » ? Où sont-elles, les « escouades de communicants » payés par l'ennemi ? Pauline Mouillot, la journaliste de Libération qui a publié à propos du chiffre bidon de Cash Investigation, fait-elle partie du complot ?

Le comble de la paranoïa est atteint quelques lignes plus bas « Il crée des médias de diversion, qui ont pour fonction de parler d’autre chose que des pesticides ou du gaz de schiste. Il crée du bavardage, des fausses polémiques, du tumulte. ». Rendez-vous compte, si ça se trouve, Nabila est un agent de Bayer ou de Monsanto !

On apprend même que l'adversaire, cette hydre toute-puissante, « s’arrange pour que les sujets litigieux n’arrivent jamais sur le tapis ». Et avec quel succès ! En lisant cela, on se demande vraiment si Schneidermann croit lui-même à ce qu’il dit.

Le combat contre l' « adversaire » vaut bien qu'on lui sacrifie le respect du téléspectateur

Que retenir de cette formidable leçon donnée par Schneidermann ? Que le mensonge en soi ne lui pose pas vraiment de soucis déontologique, même si à contrecœur, il reconnaît dans une conclusion ambiguë que « le journaliste ne devrait pas avoir d’autre choix que de se boucher les yeux, les oreilles, le nez, devant la question de savoir de qui ces faits «feront le jeu» ».

Les mensonges un peu trop voyants comme ceux de Cash Investigation ne posent problème, que parce que l' « adversaire » ne manquera pas de les retourner à son profit. D'autres ficelles que le mensonge pur et simple, même si elles sont out aussi manipulatrices, ne sont pas condamnables aux yeux de Schneidermann : « Tout imparfaite qu’elle soit, l’émission Cash a fait bouger les lignes sur les pesticides, comme précédemment sur d’autres sujets qu’elle a abordés. Une manifestation s’est organisée à Bordeaux, dans une région particulièrement touchée. Peut-être des lois plus restrictives seront-elles votées. Sans compter l’effet, moins quantifiable, que peut avoir une telle émission choc, dans les consciences des agriculteurs, agents actifs de la propagation des pesticides. »

Chers Martin Boudot et Élise Lucet, on espère que vous aurez retenu la leçon de sagesse de Daniel Schneidermann : manipulez, OK, façon poids des mots et choc des images, mais si vous mentez, faites-le un peu plus subtilement la prochaine fois ! En tout cas, le combat contre l'adversaire vaut bien qu'on lui sacrifie le respect du téléspectateur et la déontologie journalistique.

« L’ hommage de la vertu au vice » : expliquons-nous

Je parlais ironiquement de l’hommage que la vertu (ici, les journalistes) rend au vice (au choix, les méchants semenciers, chimistes, pétroliers, etc..) . Une assez longue expérience des sujets polémiques sur les forums m’a conduit à l’inversion de la célèbre maxime. Vous aurez sûrement remarqué que les « antis » (anti-OGM, pesticides) tiennent tout discours argumenté, toute affirmation sourcée qui va à l’encontre du discours dominant, comme suspects. Avoir le soucis de convaincre, de prouver, quand la plupart des intervenants se contentent de copier/coller sauvage, n’est-ce pas un peu louche ?

Il y a quelque temps de cela, une amie m’a envoyé le lien vers un site anti-TAFTA, où l’on expliquait que le traité allait permettre de nous imposer des produits qu’on refuse en Europe, « car trop toxiques, bourrés d’OGM » et autres « poulets au chlore » … Très agacé, je lui réponds « J'aimerais qu'on me précise le sens de "bourrés d'OGM" ? A part un élément de langage clairement destiné à distiller la peur, ça veut dire quoi ? ». Réponse déconcertante de l’amie : « Oui... cela [ta réponse] ne m'étonne pas......les argumentaires de Monsanto and Co sont mieux ficelés et sans doute plus convaincants....... ».

En clair : si vous lisez des slogans construits à partir de formules chocs mais dénuées de sens, vous reconnaissez le camp du bien. Si vous lisez des argumentaires « bien ficelés », qui donc tentent de faire appel à l’intelligence et à l’esprit critique, méfiez-vous, il y a sûrement Monsanto ou un autre croquemitaine derrière ! L’intelligence n’a décidemment pas bonne presse par les temps qui courent.

Nous noterons ici que Daniel Schneidermann ne raisonne pas différemment : Si on ne peut pas prendre l’adversaire en flagrant délit de mensonge, c’est parce qu’il est beaucoup trop subtil pour se laisser compromettre de la sorte. L’adversaire est donc fantasmé comme une pieuvre tentaculaire, aux pouvoirs de manipulation illimités, qui corrompt les experts, réduit les laboratoires de recherche « indépendants », censure les chiffres dérangeants à la source, engage des armées de communicants pour diffuser « la bonne parole », etc … Et même, rendez-vous compte, l’adversaire crée des médias de diversion pour qu’on parle d’autre chose que de pesticides et de gaz de schiste ! Du coup, on comprend la relative indulgence pour les mensonges de ces courageux journalistes, qui au péril de leur vie sans doute, mentent pour la bonne cause ! Et qu’on se rassure, si Daniel Schneidermann ne peut pas prouver toutes ces manipulations, c’est sans doute une preuve supplémentaire que l’adversaire est diaboliquement habile.

Anton Suwalki

(1) le point sur le sujet

http://www.marcel-kuntz-ogm.fr/2016/02/crash-de-cache-investigation.html

(2) https://blogs.mediapart.fr/yann-kindo/blog/160216/vive-les-pesticides

(3) http://www.pseudo-sciences.org/spip.php?article2589

(4) http://www.liberation.fr/desintox/2016/02/11/pesticides-le-chiffre-bidon-de-cash-investigation_1432447

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N
". Vous aurez sûrement remarqué que les « antis » (anti-OGM, pesticides) tiennent tout discours argumenté, toute affirmation sourcée qui va à l’encontre du discours dominant, comme suspects."<br /> <br /> Si tu tiens un discours argumenté, c'est que tu connais le sujet, donc salarié de l'industrie chargé de répandre de la désinformation. Pour peu que le commentaire soit trop long et as pris du temps pour être écrit, c'est que le gars est directement mandaté et payé pour l'écrire.<br /> Seuls les gens vierges de tout conflit d’intérêt et ne comprenant pas du tout de quoi ils parlent doivent s'exprimer.
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S
"Seuls les gens vierges de tout conflit d’intérêt et ne comprenant pas du tout de quoi ils parlent doivent s'exprimer."<br /> <br /> N'est-ce pas le critère retenu par la Justice pour la "neutralité" de l'expert : n'avoir aucune idée?
S
"Seuls les gens vierges de tout conflit d’intérêt et ne comprenant pas du tout de quoi ils parlent doivent s'exprimer."<br /> <br /> N'est-ce pas le critère retenu par la Justice pour la "neutralité" de l'expert : n'avoir aucune idée?
P
Bla bla bla !<br /> Lo que cuenta es esto :<br /> http://www.lemonde.fr/societe/article/2016/02/27/surendettes-des-eleveurs-choisissent-de-sortir-du-depenser-plus-pour-produire-plus_4872777_3224.html
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Y
la fin justifie les moyens!!!! ???<br /> Ce n'est pas le même argument que les poseurs de bombe ???
R
"Ce qui se conçoit clairement s’énonce aisément, disait-on à l’âge de feue la France classique. Les rejetons intellectuels de la France postmoderne ont la conception obscure et l’énonciation difficile…" écrivait un manifeste il y a quelques années mais que je ne retrouve plus sur la toile - mais heureusement sur mon disque dur -. Cela s'applique fort bien à cette production de Schneidermann. Et il faut effectivement se creuser les méninges pour décrypter ce qu'il veut dire. <br /> <br /> Tu démarres, Anton, sur la question du "mensonge". De ce point de vue là je suis d'accord avec Schneidermann. Pas pour être gentil avec ses collègues journalistes. Tout simplement car l'hypothèse la plus parcimonieuse est bien l'erreur ; une méga caricature du biais de confirmation ; tellement convaincu à l'avance que les pesticides sont partout que le mec s'arrête au début d'une phrase - par ailleurs fort mal rédigée par le communicant de l'EFSA - dès qu'il a eu la "révélation". Je lisais il y a peu un auteur du site mediapicking écrire (à la troisième personne) à propos de lui-même : "Comme tous les journalistes, il a tendance à perdre son esprit critique quand on lui dit ce qu’il voulait entendre. Il s’efforce d’en tenir compte." Boudot a oublié d'en tenir compte.<br /> <br /> On pourrait s'arrêter là. Filer un Award de la plus grosse boulette à Boudot. Boudot voit des pesticides où il n'y en a pas ; un prix Albert Londres, par exemple, il y a des précédents... Et dire "oui mais", d'accord, peut-être que ça c'est faux et qu'il s'est planté, c'est regrettable mais le reste est vrai... (pas vraiment,... mais c'est une autre histoire... chaque chose en son temps)<br /> <br /> Non, Schneidermann ne fait pas cela. Il va théoriser sur le "mensonge utile". Certes, il est gêné. Il est dans la dialectique sur le journaliste et le militant. Genre Foucard :-) . Je crois me rappeler que ce journaliste ("et aussi parfois auteur" ;-)...) n'aime pas quand tu suggères cela. Le journaliste ne devrait pas raconter de bêtises. Mais quand cela sert "la bonne cause"... C'est, littéralement, la thématique de "la fin justifie les moyens". <br /> <br /> Ce n'est pas nouveau. On a eu la même chose dans le milieu scientifique. Avec Stephen Schneider cette fois-ci :<br /> <br /> "On the one hand, as scientists we are ethically bound to the scientific method, in effect promising to tell the truth, the whole truth, and nothing but – which means that we must include all doubts, the caveats, the ifs, ands and buts. On the other hand, we are not just scientists but human beings as well. And like most people we’d like to see the world a better place, which in this context translates into our working to reduce the risk of potentially disastrous climate change. To do that we need to get some broad based support, to capture the public’s imagination. That, of course, means getting loads of media coverage. So we have to offer up scary scenarios, make simplified, dramatic statements, and make little mention of any doubts we might have. This “double ethical bind” we frequently find ourselves in cannot be solved by any formula. Each of us has to decide what the right balance is between being effective and being honest. I hope that means being both."
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P
Il est étrange que l’on ait besoin de faire des dosages pour constater, ô surprise, qu’il y a des résidus de pesticides dans les produits issus de l’agriculture, alors même que l’agriculture utilise des pesticides. Ce serait bien étrange que ces produits aient totalement disparu de la circulation. Et même pour les produits bio, puisque ces derniers sont cultivés à proximité de parcelles pouvant utiliser des pesticides. Donc la question n’est pas de savoir s’il y a des résidus (il y en a forcément et même sur 100% ou presque), mais de savoir combien il y en a. Si le fait d’avoir des résidus est perçu en soit comme un problème grave alors il faut être logique et cohérent et interdire tout usage de pesticides. Je ne crois pourtant pas, curieusement, que cela soit réclamé par quiconque ; en tous cas par quelqu’un de sensé. Et si c’est au contraire la dose qui est le critère important alors on jugera l’importance du problème au niveau de la dose présente dans les produits. Après, pour savoir quelle dose est sans danger ou quelle dose est moyennement dangereuse, fortement dangereuse etc…je laisserai les experts trancher car il me parait bien difficile à une personne de faire ce genre de jugement au doigt mouillé.
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F
Les produits bio utilisent aussi des pesticides. Des pesticides "agréés bio", mais des pesticides quand même.
P
" Si nous n'avons pas de preuves c'est qu'ils sont trop fort "
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D
@Pierre Arthuis "Et même pour les produits bio, puisque ces derniers sont cultivés à proximité de parcelles pouvant utiliser des pesticides"<br /> Pas besoin d'être à proximité de parcelles utilisant des pesticides pour les produits bio, l'agriculture bio en utilise elle-même.
V
Anton Suwalki > Il y a quelque temps de cela, une amie m’a envoyé le lien vers un site anti-TAFTA, où l’on expliquait que le traité allait permettre de nous imposer des produits qu’on refuse en Europe, « car trop toxiques, bourrés d’OGM » et autres « poulets au chlore » … <br /> <br /> Changer d'amie?
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V
En même temps, en son temps, Pierre Carles avait déjà réglé son compte à son ex-collègue…<br /> <br /> "Enfin Pris"<br /> www.youtube.com/watch?v=4-qS2Tr_GVU
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P
Impressionnant. La chronique (que vous ne liez pas) est renversante. Pas une seule fois n'est envisagée l'éventualité que le reportage se goure complètement et que ce contre-sens en soit le symbole.<br /> <br /> C'est couplé à une véritable théorie du complot comme le remarque Karg se. De fait, une conclusion s'impose: pour les journalistes comme Schneidermann, le consensus scientifique n'est accepté que parce qu'il correspond aux préjugés idéologiques.
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A
Tout à fait d'accord avec vous, Karg, ce type de raisonnement circulaire est la marque du complotisme. Je vais peut-être me procurer le "protocole des Sages de Sion"..
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D
Le lien :<br /> http://www.liberation.fr/chroniques/2016/02/21/investigation-mentir-utile_1434903
K
L'effet étrange que vous notez au sujet des "militants" antiOGM me fait beaucoup penser au complotisme, plus précisément au "Protocole des Sages de Sion". Faux des services secrets tsariste, ce livre prétend dévoiler un complot tellement efficace qu'il agit sur tout mais sans jamais laisser aucune trace, aucun indice. Le fait qu'aucun preuve n'existe serait justement la preuve ultime de son existence et de sa perfection. Dans les deux cas c'est un simple et efficace raisonnement circulaire: si on n'a rien contre les OGM c'est que Monsanto le cache bien et que la vérité doit être énorme. Il est extrêmement difficile de lutter contre ceux qui croient dans ce type de théorie.
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F
Oui. C'est le même genre de raisonnement développé par Freud. Si vous reconnaissez les faits c'est que vous êtes coupable. Si vous les niez c'est aussi la preuve que vous êtes coupable et, pire, que vous (ou votre inconscient) essayez de le cacher.<br /> <br /> Même genre de procédé dans les procès soviétiques: le gouvernement représente le peuple. Si vous êtes contre le gouvernement c'est que vous êtes contre le peuple. Donc vous êtes comdamné d'avance.<br /> <br /> Les sophismes ont la vie dure.