Marie, Jérôme et Gilles-Eric sur le podium du Vélot d’or
Incroyable talent , s’exclamerait Gilbert Rozon en découvrant les trois nouveaux lauréats du Vélot d’or.
Notons que le jury réuni pour l’occasion par Imposteurs n’a pas réussi à les départager. A nos lecteurs d’établir leur propre classement.
Marie, pas très claire sur les OGM
Conseils minceur, Mode pyjama, Amour & sexo, thème astral…On cause de tout dans le magazine culturel Marie-Claire. Même des OGM et des néonicotinoïdes (1). Entre un billet sur Zahia et unj autre sur lesz retrouvailles d’Alexandra Lamy et Jean Dujardin, une certaine Emmanuelle Ringot se penche pour nous sur les questions agricoles.
« Macabre découverte pour David Schuit : cet apiculteur canadien a perdu près de 600 de ses ruches après la plantation d’un champ de maïs OGM à proximité de son exploitation. Une menace majeure quand on sait qu’un tiers de tout ce que nous mangeons dépend de l'action des abeilles. »
Pour bien illustrer cette menace majeure, l’agronome a choisi une photo de ruches… dans un champ de colza. C’est avec plaisir que nous lui adressons la photo suivante(n°1), pour son prochain reportage consacré aux betteraviers de Picardie.
Allons, ne pinaillons pas. Mais au fait, quel rapport avec le fait que le champ soit planté de maïs génétiquement modifié ? Aucun bien sûr. Les plantes génétiquement modifiées de type Bt ne sont nullement toxiques pour les abeilles, et l’emploi de néonicotinoïdes, incriminés à la légère dans l’article (2), n’a strictement rien à voir, ni de près ni de loin, avec le fait que le maïs soit génétiquement modifié . D’ailleurs, s’agit il seulement de maïs G.M ?
Certes, au Canada, il y a de fortes chances pour que ça en soit. Mais la brillante journaliste s’est contenté de recopier un hoax sur Internet, parti d’un fait qui remonte à au moins deux ans. Un article du Toronto Sun daté du 8 juin 2012 mentionne cette affaire (3) , relaie les accusations de l’apiculteur à propos des néonicotinoïdes, sans faire mention aux OGM. Le Post canadien se réveille un an plus tard(4) :pour raconter à peu près la même histoire.
Et voici que depuis quelques jours, la toile anglophone puis francophone recycle le fait d’hiver , en y rajoutant « OGM ». Bravo donc à Marie-Claire et Emmanuelle Ringot, pour leur réactivité dans ce concours de pêche aux hoax.
Et surtout, bravo aux quelques commentateurs de cet article, qui ne se sont pas laissés avoir !
Jérôme Douzelet, deuxième nominé :
Jérôme Douzelet est le chef cuisinier du Mas de Rivet , où le CRIIGEN organise ses séminaires. Lui et Gilles-Eric Séralini sont actuellement en tournée de promotion de leur livre « Plaisirs cuisinés ou poisons cachés » . Sous un titre complètement inepte, « Prise de conscience dans nos assiettes », la Dépêche du Midi publie le compte-rendu d’une de leur conférence à Sébazac Concourès, dans l’Aveyron (5). En lisant le contenu de leur intervention nos lecteurs se rendront aisément compte qu’il est inutile de gaspiller 19,80 € pour se procurer le livre.
« Ils |les industriels] pervertissent nos sens par les cultures OGM, grand danger alimentaire qui annihile les valeurs gustatives, attente à la biodiversité, dépossède les agriculteurs de leurs racines et de leur savoir-faire, détruit la santé des animaux et des gens », assène Jérôme Douzelet, visiblement en grande forme.
On croyait avoir tout entendu sur les OGM. Vélot d’or à Jérôme Douzelet qui nous apprend que les OGM annihilent les « valeurs gustatives ». On serait tenté de mettre le fin gastronome au défi de reconnaître un aliment issu d’OGM dans une dégustation à l’aveugle. Pour détecter d’éventuels OGM dans votre assiette, pas besoin de technique pointue d’analyse biochimique, ou autre PCR. Procurez-vous un Douzelet (photo n°2).
Gilles-Eric Séralini, encore et toujours lui.
Dans la lutte pour décrocher le Vélot d’or, GES ne se laisse pas distancer par le vaillant Douzelet. Chacune de ces conférences est l’occasion de débiter des affirmations et des chiffres qui font froid dans le dos, comme le remarque l’auteur de l’article.
« Il a été retrouvé sur les gènes du liquide amniotique (sic !) plus de 400 polluants ! ». Nous reviendrons dans un autre article sur cette affirmation.
Mais GES n’est jamais aussi bon que lorsqu’il donne libre cours à son imagination :
« Les agriculteurs intensifs refusent de manger les denrées qu'ils produisent, conscients de leur nocivité ». Une nouvelle légende urbaine est née !
N’embêtons pas les lecteurs en commentant chacun de ses propos. Contentons-nous de cette dernière phrase, d’une bêtise abyssale, qui lui permet de décrocher le pompon :
« Pour écouler les stocks de produits chimiques utilisés durant la dernière guerre, ils ont été vendus comme insecticides aux agriculteurs. »
Mais c’est bien sûr ! Pour écouler l’acier qui servait à fabriquer les obus, ces affreux industriels ont fabriqué des poussettes. Ainsi, de l’explosion des bombes à l’explosion démographique (qu’il dénonce régulièrement), un seul et même coupable !
« Plus de 500 personnes assistaient à cette conférence. Cinq cents voix qui vont porter le message. » comment la Dépêche. Misère !
Anton Suwalki
- http://www.marieclaire.fr/,37-millions-de-cadavres-d-abeilles-decouverts-au-canada,725713.asp
- l’hécatombe brutale décrite suggère plutôt une maladie
- http://www.torontosun.com/2012/06/08/beekeepers-blame-pesticides-for-bee-deaths
- http://www.thepost.on.ca/2013/06/19/bees-dying-by-the-millions
- http://www.ladepeche.fr/article/2014/10/23/1977686-prise-de-conscience-dans-nos-assiettes.html