« La forêt tropicale, poumon de la terre », un mythe
Qui n’a jamais entendu dire qu’il fallait sauver la forêt tropicale parce qu’elle serait « le poumon de la planète » ?
L’Amazonie, à elle seule , est parfois désignée comme le poumon de la planète. Cette formule aussi médiatique que fausse est martelée par des organisations vertes telles que la
WWF ou Greenpeace (1). Elle n’a strictement aucun fondement scientifique.
« L'Amazonie est vitale pour la survie de la planète. C'est le poumon vert : elle fournit une partie de l'oxygène que nous respirons. » (2)
Il n’en est rien. Certes, la forêt, en général (et pas seulement la forêt tropicale) est un puits de carbone important, mais beaucoup moins important que le
phytoplancton des océans (3). Mais il est faux de prétendre qu’elle nous fournit « une partie de l’oxygène que nous respirons . »
D’où vient cette méprise (si ça n’est pas un slogan de plus destiné à apeurer et tromper le public) ?
Les végétaux chlorophylliens fabriquent la matière organique nécessaire à leur croissance à partir de matière minérale (CO2, H2O, NO3-..) qu’ils transforment à l’aide de la photosynthèse, c.-à-d. convertissant l’énergie lumineuse en énergie biochimique..
La photosynthèse évoque une respiration des végétaux inversée par rapport à la notre, puisque ceux-ci absorbent du dioxyde de carbone (CO2) et rejettent du dioxygène (O2), l’élément précisément indispensable à nos cellules que nous absorbons lorsque nous-mêmes respirons.
On voit bien le raccourci séduisant qui a abouti à cette formule propagandiste « la forêt poumon de la terre » : nous rejetons du gaz carbonique (CO2) en respirant qui est recyclé par les plantes qui l’absorbent et le recyclent en dioxygène.
Pour autant, à moins que la couverture forestière ne s’étende (en superficie) , nous ne devons strictement rien à
la forêt de l’oxygène que nous respirons :
En effet, si les végétaux absorbent du CO2 et restituent de l’oxygène en se développant , il dégagent ce même CO2 en mourant et en se décomposant, consommant la même quantité d’oxygène
qu’ils ont émis lors de leur phase de développement (4).
Dans une forêt stable, où les arbres qui poussent remplacent les arbres qui meurent, le bilan CO2/O2 est tout simplement nul. Pas plus que le Bois de Vincennes,
la forêt amazonienne ne nous apporte d’oxygène.
Nous n’avons rien à craindre d’un manque d’oxygène qui représente 21 % de l’air, contre 0,035 % pour
le CO2, quand bien même une part importante de la forêt, qu’elle soit tropicale ou tempérée, venait à disparaître.
Certes, il est important que les forêts tropicales, notamment en tant que réservoirs de biodiversité (5), fassent l’objet d’une exploitation raisonnée et non pas anarchique. N’en déplaise aux tenants occidentaux de l’écologie politique, les populations des pays sous-développés ou peu développés ont le même droit d’exploiter leurs ressources naturelles , forestières, minières, ou autres, que celles du Nord qui ne s’en sont pas privées. Elles ont certainement intérêt à tirer partie de l’expérience des pays déjà développés pour éviter de reproduire inutilement des erreurs et des abus clairement identifiés. Elles ont certainement intérêt à s’opposer aussi aux marchands à la recherche d’une fortune éclair qui tronçonnent à tout-va sans se préoccuper de la pérennité des ressources.
Les discours moralisateurs et/ou pseudo-scientifiques comme l’injonction à préserver le soi-disant « poumon de la
terre », ne leur sont d’aucun intérêt, bien au contraire.
Anton Suwalki
Notes :
(1) par exemple:
http://www.greenpeace.org/raw/content/belgium/fr/press/reports/forests-for-climate-factsheet.pdf
http://www.greenpeace.org/belgium/fr/press/reports/forests-for-climate-factsheet
(2) http://www.wwf.be/fr/juniors/doc/dossiers/dossier_amazonie.htm
(3) http://www.insu.cnrs.fr/a2194,puits-co2-ocean-austral-sature-par-changement-climatique.html
(4) http://acces.inrp.fr/acces/terre/CCCIC/ressources/bio_synth12
(5) nous reviendrons ultérieurement sur la problématique de la biodiversité,
elle aussi maltraitée par les marchands de peur.