Pour les « anti », l’ennemi ultime est la connaissance
Sur son blog, Marcel Kuntz s’interroge à juste titre sur les limites des démarches participatives sur les nouvelles technologies (1).
En 1999, José Bové a inauguré en France avec la destruction d’un Mac Donald à Millau un mode d’intervention dans le « débat public » basé sur des actions spectaculaires, inspiré des groupes écologistes radicaux anglo-saxons. Ce type d’actions s’est prolongé dans les actions des faucheurs volontaires d’OGM, ceux-ci revendiquant sans rire leurs actes au nom de la déclaration universelle des droits de l’homme ( !). L’énorme publicité dont ils ont bénéficié, combinée avec la complaisance - voire la sollicitude -des gouvernements et l’indulgence des tribunaux (2), a naturellement conduit à leur sentiment de toute puissance : n’ont-ils pas obtenu un moratoire sur le seul maïs OGM autorisé dans l’hexagone ? Ne se sont-ils pas vantés de pouvoir détruire jusqu’à la dernière parcelle d’essai d’OGM en France ?
Très logiquement, les incontestables succès de l’obscurantisme anti-OGM sur le terrain ne pouvait que susciter des vocations. Notamment dans le domaine des nanotechnologies.
Bové se réclame hypocritement de la non-violence, mais il y met les formes. Hypocrisie, parce que casser un laboratoire, détruire la récolte d’un agriculture, ou prendre à partie, insulter des chercheurs est une forme de violence. Hypocrisie aussi parce que ces actions visent à provoquer la violence physique de celui qui est spolié.
Les opposants au nanotechnologies ont eux franchi un pas. Leur violence est directe. Ils empêchent la tenue de débats publics sur le sujet comme à Lyon, Grenoble Marseille out Orsay (1). A Toulouse, deux d’entre eux ont même commis ce qu’il est permis d’appeler un attentat (3) : ils ont jeté dans la salle de réunion une bouteille d’ammoniac, forçant à l’évacuation de la salle pendant une vingtaine de minutes. Autant d’exactions dont ne se semble pas s’émouvoir Jean-Louis Borloo, à l’origine de ces initiatives de « démarche participative ».
Ne demandez pas à ces imbéciles qui dénoncent dans les nanotechnologies un « projet totalitaire » si ces méthodes de fachos ne leur paraissent pas contradictoires avec leur prétention à « sauver la démocratie ». Leur incohérence dans les actes est le reflet de leur confusion mentale. Confits de certitudes, ils n’acceptent pas le débat, et n’hésitent pas à s’en prendre à ceux qui, dans leur esprit, « collaborent » en se prêtant au jeu du débat public.
Ainsi que le note Marcel Kuntz, il y a des limites à la démarche participative. « Les motivations des opposants les plus radicaux ne sont pas, par définition, d’obtenir de légitimes garanties en dialoguant, mais d’éradiquer les biotechnologies, les nanotechnologies et autres techniques supposées "convergentes". »
Dans la logique des anti, l’ennemi ultime, c’est la connaissance :
« La seule alternative réaliste que je vois est la renonciation : limiter le développement des techniques qui sont trop dangereuses, en limitant notre poursuite de certaines sortes de connaissance. […] Dans des temps récents, nous en sommes venus à révérer la connaissance scientifique. Mais malgré les précédents historiques forts, si l'accès ouvert à la connaissance et son développement illimité nous mettent dorénavant tous dans un danger clair d'extinction, alors le bon sens exige que nous réexaminions même ces croyances qui sont depuis longtemps fondamentales. […] On peut certainement considérer la vérité que la science recherche comme un substitut dangereux de Dieu si elle est la cause de notre extinction future. » (Bil Joy, cité par MK).
Dans cette logique, il convient de renoncer à la médecine nucléaire au nom d’Hiroshima, ou des applications médicales des nanotechnologies au nom des risques supposés de flicage généralisé.
Comme si les applications vertueuses ou funestes de la connaissance scientifique n’étaient pas une question politique, mais étaient inscrites dans la connaissance elle-même !
Autant qu’on sache, les pires génocidaires du 20ème siècle n’ont pas eu besoin de recourir aux technologies les plus avancées de leur époque : un gaz banal, ou quelquefois, de simples machettes, sont amplement suffisantes. Quant au flicage, l’histoire montre que le concierge, le voisin de pallier, ou l’ami qui vous veut du bien sont parfois plus à redouter que je ne sais quelle technologie diabolique.
La science et la technologie ont bon dos !
Si on comprend bien Bil Joy, la connaissance de la vérité objective que vise la science est plus dangereuse que les mythes et les superstitions religieuses. C’est bien connu, on peut le vérifier en tout temps et en tout lieu, la connaissance opprime, tandis que l’ignorance et les croyances affranchissent …Voilà qui relève au moins d’un obscurantisme franc et assumé.
Les ennemis de la connaissance sont nos adversaires. Définitivement.
Anton Suwalki.
Notes :
(1) http://www.marcel-kuntz-ogm.fr/article-les-limites-des-demarches-participatives--43987623.html
(2) au moins si on compare leur traitement aux jugements de certains délits courants de dégradation (taggage, dégradation de matériel public…) , surtout lorsqu’il y a récidive.
(3) voir sur le blog de Duncan
A visiter : Le site de Pièces et Main d’œuvre, l’un de ces groupes anti-nanotech, qui se réclame du mouvement luddite , et qui semble à l’origine ou inspirer les actions que nous évoquons ici.