Pour Evo Moralès, les droits de la Terre passent avant ceux des hommes
Lorsque Luc Ferry a publié en 1992 Le Nouvel Ordre écologique, je pensais qu’il ne faisait que relater la philosophie d’une poignée d’excentriques, et rien d’autre. Il semble avec du recul que son essai n’était pas hors sujet : les militants de la cause animale ,voire anti-spéciste (*) , sont désormais suffisamment nombreux et puissants dans certains pays.
Mais le plus remarquable est de voir le discours lancinant « sauver la planète » glisser chez certains en un véritable culte de Gaïa : l’écologie politique restaure les superstitions animistes.
Parfaitement représentatif de cela, ce discours du président bolivien relayé dans la presse du NPA :
Morales annonce un « Sommet Mondial des Peuples sur le Changement climatique », une réunion des altermondialistes, pour parler plus clair. Il s’agira de faire de la surenchère sur le péril à venir, dont le célèbre climatologue annonce déjà la teneur :
“Une élévation de la température mondiale de deux degrés centigrades serait une menace pour la survie du monde, à tel point que les eaux des océans monterons jusqu’à provoquer la disparition d’îles où vivent des êtres humains”, a-t-il souligné.
La population de quelques atolls qui devrait s’expatrier, voila qui serait la fin du monde ? Quand on voit ce que la misère et les guerres génèrent de réfugiés, on se dit qu’il y a bien plus grave .
Mais le plus grave, c’est que l’idée de préserver l’environnement cède la place à une notion des droits de la Terre :
« La défense de la vie, de l’humanité et des droits de la Terre-mère ». Voici maintenant la Terre devenue sujet de droit! Une logique de toute évidence anti-humaniste, qui conduit
Morales à un aveu : pour lui les droits de la Terre sont plus importants que les droits de l’homme.
Cette vision emprunte très clairement à la mythologie amérindienne. Néanmoins, dans le pays le plus pauvre du continent américain, après Haïti, et à quelques milliers de kilomètres de la
catastrophe qui a frappé cette ile, on ne peut que s’étonner d’une vénération pour la « Terre-Mère » qui ne se prive pourtant pas d’accabler les humains. Il est vrai que dans cette
vision qui prête des intentions à la Terre, celle-ci ne fait que se venger…de manière pas très équitable, car elle ne punit pas tous les hommes de la même façon.
Conscient que le discours « anti-impérialiste » qui a prévalu jusque dans les années 80 a été reformulé par la
mouvance écologiste et altermondialiste, Morales justifie ainsi la responsabilité des pays riches :
« Les causes du réchauffement global de la planète vient de l’industrialisation illimitée et déraisonnable promue par les grandes puissances qui ont contaminé l’atmosphère (sic!) et
mettent en danger la vie des êtres vivants, et pas seulement des humains »
Ainsi, le mal c’est l’industrialisation « illimitée ». Un mal dont il est sûr que la Bolivie ne souffre pas ! Une responsabilité dont il exonère curieusement la Chine, qui est devenue
la deuxième puissance mondiale, et surtout, le premier émetteur de CO2 devant les USA .
On pourrait rétorquer que Moralès qui a nationalisé l’industrie pétrolière devrait conformément à sa logique s’abstenir de vendre du pétrole aux grandes puissances avec lequelle elles « empoisonnent l’atmosphère » , et contre lesquelles lequel il a proposé un tribunal international climatique… Il n’en est rien, et les USA sont toujours le deuxième partenaire commercial de la Bolivie, après le Brésil.
Alors même que les pressions autour des émissions de carbone sont pour certains pays développés le moyen de limiter le
développement de certains pays et le risque de voir apparaître de nouveaux concurrents, on peut se demander à qui son agitation sert vraiment. Mais surtout que ses délires mystiques sur les
droits de la Terre-Mère soient aussi bien relayés aux niveau international n’en est que plus révélateur de la dérive sans fin de cette mouvance.
Anton Suwalki
(*)
http://imposteurs.over-blog.com/article-36986694.html