Ogm : à qui profitent les mensonges de Jacques Testart ? (2)
Allégation n°2 : coexistence impossible des OGM et des cultures non-OGM
« L’interrogation la plus audacieuse des autorités a porté sur la coexistence des PGM avec les autres plantes, même si cet arrangement est définitivement impossible sans préjudices irréversibles »
Cela fait quand même beaucoup de mensonges, d’approximations, et de mauvaise foi en 2 lignes, Mr Testart.
1. D’abord, de quelles autorités parle-t-on ? On en oublierait presque qu’on habite en France, un pays qui a instauré sous la présidence de Sarkozy un moratoire sur la culture du maïs MON 810, seul plante GM alors autorisée à la culture dans l’Union européenne. Testart devrait manifester un peu plus de gratitude à un gouvernement qui a aussi bien servi sa cause anti-OGM !
2. Que signifie « la plus audacieuse » ? Depuis lors, 5 autres pays de l'Union européenne ont imité la France sur la base d’autres interrogations audacieuses, sous couvert d’autres alibis, dirions-nous plutôt : dans le cas de l’Allemagne, un impact supposé sur les coccinelles et sur les papillons monarques (1). Un prétexte scientifiquement non justifié , dénoncé par le propre Comité de biosécurité de l’Allemagne (2) et réfuté par Ricroch, Bergé & Kuntz dans un article de Transgenic Research (3). Est-ce moins « audacieux » que le thème de la coexistence ?
3 . Pourquoi la coexistence serait-elle impossible « sans préjudices irréversibles » ? D’une certaine façon, Testart a raison. La coexistence entre voisins étant toujours une affaire d’intelligence, de tolérance et de respect mutuel, lui et ses amis la rendent par définition impossible : les anti-OGM, en parfaits intégristes, n’admettent pas l’existence des OGM, alors la coexistence, vous imaginez…
De nombreuses expérimentations ont en réalité confirmé que des distances très faibles entre champs suffisaient à réduire les phénomènes de pollinisation croisée à des taux voisins de zéro (4). Ce que confirme ironiquement la dernière étude de Séralini (5) au secours duquel Testart s’est empressé de voler : « Ces deux types de maïs [NB : GM et non GM] ont été cultivés dans des conditions normales semblables, au même endroit, espacés à une distance suffisante pour éviter la contamination (sic) croisée. La nature génétique, aussi bien que la pureté des graines GM et de la matière récoltée, a été confirmée. »
Il reste donc à savoir à quels préjudices irréversibles on devrait s’attendre en cas de pollinisation fortuite de quelques plants du champ conventionnel par du pollen de maïs GM. Rien d’irréversible bien sûr pour l’immense majorité des agriculteurs qui ne ressèment pas leurs propres graines. Mais objectivement, une infime pollinisation croisée ne représente en rien un préjudice, à moins de considérer aussi qu’un agriculteur « conventionnel » ou même bio, ne peut pas cultiver deux variétés d’une plante sur deux parcelles voisines sans se porter lui-même préjudice. Mais peut-être Testart est-il un adepte de la pureté génétique ?
Anton Suwalki
(2) htp://www.bvl.bund.de/EN/06_Genetic_Engineering/ZKBS/01_Allg_Stellungnahmen/05_plants/zkbs_plants_maize_MON810_2009.pdf?__blob=publicationFile&v=1
(3) http://link.springer.com/article/10.1007%2Fs11248-009-9297-5
(4) http://www.smul.sachsen.de/de/wu/2566.htm
http://www.landwirtschaft.sachsen.de/lfl/publikationen/download/3226_1.pdf
http://www.springerlink.com/content/w1627886480r1xr8/?p=c20289b2f78b46a1ac57e1d23e8cda25
http://www.blackwell-synergy.com/doi/abs/10.1111/j.1467-7652.2006.00207.x
http://www.dgpc.min-agricultura.pt/upload/membro.id/ficheiros/i008155.pdf
(5) Séralini, G.-E., et al. Long term toxicity of a Roundup herbicide and a Roundup-tolerant genetically modified maize. Food Chem. Toxicol. (2012), http://dx.doi.org/10.1016/j.fct.2012.08.005