Le regard sévère porté par une syndicaliste sur le fonctionnement du Haut conseil des biotechnologies
A l’occasion du saccage des porte-greffes de vigne transgéniques au cours de l’été 2010, nous avions noté de la part de la CGT et de la CFDT une prise de position ferme contre ces actes (1). Aujourd’hui, nous vous invitons à découvrir l’interview sur la chaine TV agri de Jeanne Grosclaude (2), représentante de la CFDT au Haut conseil des biotechnologies (HCB). Elle porte un regard sévère sur le fonctionnement du HCB.
Siégeant au comité économique, éthique et social du HCB, cette scientifique y développe une approche rationnelle. Chaque dossier devrait être abordé sans a priori, et les avis que le HCB formule devrait reposer sur l’examen objectif des faits, et sur la recherche du consensus le plus large à partir de cette connaissance. En admettant que cela ne soit pas toujours possible, tous les membres du HCB devraient néanmoins y participer dans cet état d’esprit. Hélas, cette démarche semble impossible au sein du comité économique, éthique et social ?
Selon Marcel Kuntz, en janvier 2010 : « Le Haut Conseil des Biotechnologies est formé d’un comité scientifique (CS), dont on peut attendre des avis scientifiquement valides (mais inévitablement influencés par les peurs sociétales), et d’un comité « économique, éthique et social » (CEES) qui n’est pas scientifique mais constitué largement de groupes de pression sensés représenter la « société » mais qui sont en fait mieux définis par leur logique de confrontation (il y a notamment 6 membres issus de l’écologisme et radicalement anti-OGM).
Il est donc inévitable que la ‘foire d’empoigne’ soit ce qui caractérise le mieux cette création gouvernementale, dont le travail n’aboutit pas à une recherche sereine de compromis mais à des positions contestées y compris au sein du comité.
C'est le cas des 'recommandations' émises en février 2010.
C'était caricaturalement le cas de la 'recommandation' en date du 22 décembre 09 sur le maïs MON810. » (3)
Ce diagnostic est aujourd’hui entièrement confirmé par Jeanne Grosclaude. Dans cette interview, elle nomme les organisations représentées qui sont par principe opposées aux OGM, n’en font pas mystère, et n’ont pas par objectif la réflexion et l’expertise au cas par cas, mais l’obstruction. Pour certains, l’homme n’a tout simplement pas droit de transformer la nature.
L’exemple de la demande d’importation d’œillets transgéniques (4) évoquée par Jeanne Grosclaude est caractéristique de la démarche : « Certains membres du CEES estiment que l’importation des œillets de Florigene ne répond ni à une utilité sociale évidente, ni à un besoin des producteurs et des distributeurs de fleurs coupées. ». Particulièrement révélatrice, la position divergente des antis qui expriment que « Nous sommes face à un essai de diversification d’une offre commerciale dont le seul objet est de permettre au pétitionnaire d’accroitre ses profits alors qu’il n'y a aucun intérêt pour l'agriculteur produisant ces fleurs et aucune attente de la part des consommateurs ».
Il y a donc des individus qui se sentent investis du droit de décider des couleurs de fleurs «intéressantes » et celles « sans aucun intérêt » ! N’y aurait-il pas là un relent de totalitarisme ?
Autre aberration : on trouve dans les recommandations du CEES des commentaires sur des questions d’ordre scientifique, commentaires opposés aux conclusions du CS, de la part de membres n’ayant ni mandat ni compétence reconnue pour les faire.
Qui pourrait s’étonner que les représentants de Greenpeace, de FNE , ou de la Confédération Paysanne n’adoptent pas une attitude conforme à celle qu’on est en droit d’attendre dans un tel comité ? Ils n’ont même pas l’attitude de respect minimum à l’encontre des membres du comité scientifique et des avis que celui-ci prononce, et sont impliquées dans tous les actes de destruction de cultures d’OGM et d’essais dédiés à la recherche, que ce soit de manière directe ou en soutien public à ces actions. Est-il légitime que des gens animés d’un tel état d’esprit (ils chercheront de toute façon à interdire par la force les OGM auxquels ils sont censés contribuer à l’évaluation) soient présents dans une structure chargée d’éclairer les choix publics en matière de biotechnologie ?
En remplacement de la Commission du Génie Biomoléculaire, le gouvernement a fait délibérément le choix de cette structure hybride, incapable de mener un travail serein, et qui produit de la confusion plutôt que des avis éclairants . Selon nous, c’est précisément cette confusion qui sert d’alibi au gouvernement pour justifier la poursuite de son moratoire sur la culture du Maïs Bt MON 810, le seul qui était autorisé à la culture commerciale en France, et pour poursuivre sa politique anti-OGM au sein de l’Union Européenne. Répartition (5) des tâches oblige, les faucheurs accentuent de leur côté la pression en s’inventant de nouvelles cibles, telles que les « OGM cachés », telles que des plantes développant des caractères de résistances obtenue par mutagénèse (6), ou adoptent de nouvelles formes d’actions inquisitoriales (« les inspections citoyennes ) particulièrement inquiétantes . Dans d’autres pays en Europe , le stade des violences physiques et des attaques contre les chercheurs est déjà franchi (7).
Anton Suwałki
(2) www.tvagri.info/reportages.../jeanne-grosclaude-00282.html
(3) http://www.marcel-kuntz-ogm.fr/article-hcb-haut-conseil-sur-les-biotechnologies-41053787.html
(4) http://ogm.gouv.fr/IMG/pdf/Recommandation_CNL0901_101028_cle8c51c6.pdf
(5) répartition objective des tâches . Si elle n’est pas concertée, on peut au minimum constater que ces actions commandos laissent de marbre les pouvoirs publics .
(6) des procédés qui existent depuis des décennies, qui n’apportent aucun gène étranger à l’organisme, et qui sont même autorisés… pour l’agriculture biologique !….
(7) http://imposteurs.over-blog.com/article-nouvelles-violences-des-anti-ogm-75304642.html