Fukushima : quand la CRIIRAD veut nous rejouer la musique du nuage de Tchernobyl
L’accident de la centrale nucléaire de Fukushima a de façon assez prévisible fourni aux anti-nucléaires l’occasion inespérée de revenir sur le devant de la scène médiatique. Mais de là à imaginer que certains pousseraient le culot jusqu’à rééditer le mensonge sur le prétendu « mensonge du nuage de Tchernobyl » (1)… C’est fait.
Dans un communiqué publié le 25 mai 2011 (2) , intitulé Mensonge de Tchernobyl : bis repetita ?, la CRIIRAD accuse l’Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire (IRSN) d’avoir menti sur la date réelle d’arrivée du nuage (très faiblement) radioactif sur le territoire français. Le passage du nuage aurait eu lieu le 22 mars, et non pas le 24 mars. L’association anti-nucléaire a écrit dans la foulée une lettre au premier ministre et demande l’ouverture d’une enquête.
Si lors de l’ « affaire » du nuage de Tchernobyl, la propagande anti-nucléaire a pu inventer un mensonge en jouant sur des formulations ambigües et des maladresses dans cette affaire, la tentative de la CRIIRAD d’inventer un nouveau scandale a toutes les chances de faire pschiiiitt, comme disait je ne sais plus qui .
Il n’y aura probablement pas d’enquête. Pour établir une carte falsifiée de la radioactivité en Iode 131 le 22 mars (3), la CRIIRAD s’est en fait basée sur les mesures de l’IRSN lui même, librement mises à la disposition du public. L’IRSN qui par prudence se contente de regretter « l’interprétation de la CRIIRAD sur les données disponibles » n’a aucune peine à expliquer les « erreurs » de celle-ci :
« L’IRSN a mis en place en France dès le 12 mars 2011 un plan de surveillance renforcée pour suivre l’évolution de la contamination du territoire français par les rejets de l’accident de Fukushima. Ce dispositif, décrit dans la note d’information IRSN du 29 mars 2011, présente notamment les différents appareils de prélèvement d’aérosols atmosphériques déployés en France. Les durées de prélèvement de ces appareils varient de 1 à 10 jours. A chaque prélèvement sont donc associées une date de début et une date de fin de collecte. Ainsi, dans le tableau ci-après, sont présentées les données d’un prélèvement effectué sur l’aéroport de Biarritz-Anglet-Bayonne entre le 22 et le 31 mars 2011 » (4)
Les données du prélèvement effectuée du 22 au 31 mars pour Anglet apparaissent ainsi comme la mesure de la radioactivité au 22 mars (0,93 mBq/m3) sur la carte de la CRIIRAD.
Dans cette affaire, qui est donc en réalité celle du mensonge de la CRIIRAD, l’organisation dite indépendante se ridiculise doublement :
- par l’extrême amateurisme de la manip
- par le caractère totalement dérisoire du mensonge qu’elle prétendait démontrer : quand bien même en effet les chiffres de la CRIIRAD seraient vrais, quel intérêt aurait eu l’IRSN à dissimuler la véritable date d’arrivée du panache radioactif ? Quel intérêt aurait l’institut à dissimuler au public une radioactivité infinitésimale de moins d’un millibéquerel par m3 d’air? Pour donner un ordre de comparaison, la concentration en Césium 134 , émetteur de rayons β comme l’Iode 131, aurait atteint jusqu’à 10 Bq/m3 lors du passage du nuage de Tchernobyl sur la France en 1986. Or , selon toute vraisemblance, celui-ci n’engendra aucune hausse des cancers de la thyroïde (5).
Puisqu’il est question d’une enquête, ne faudrait-il pas en diligenter une sur la CRIIRAD ?
Anton Suwałki
(1) Un rappel du mythe écolo autour de cette affaire sur le blog de Yann Kindo :
http://blogs.mediapart.fr/blog/yann-kindo/040511/tchernobyl-ce-que-le-figaro-disait-en-1986
(2) http://www.criirad.org/actualites/dossier2011/japon_bis/irsn/11_05_25_CP_irsn_22_mars.pdf
(3) http://www.criirad.org/actualites/dossier2011/japon_bis/irsn/iode_particulaire.pdf
(5) http://www.invs.sante.fr/publications/2006/tchernobyl/synthese_tchernobyl.pdf
lire en particulier le paragraphe :
Une progression de l’augmentation des cancers thyroïdiens mais une répartition spatiale n’allant pas globalement dans le sens d’un éventuel effet “Tchernobyl”.