Étude du CRIIGEN sur le maïs NK 603 : Une bombe médiatique, et après ? (1ère partie)

Publié le par Anton Suwalki

Initiée par l’AFP hier (1), la nouvelle s’est répandue en quelques heures dans les médias, journaux , radios et télévisions.  Une étude parue dans la revue Food and Chemical Toxicology (2), conduite par Gilles Eric Séralini que nos lecteurs connaissent bien,  effectués sur des rats nourris au maïs GM NK 603 serait selon le Nouvel Observateur, « une bombe à fragmentation : scientifique, sanitaire, politique et industrielle (3) . Elle pulvérise en effet une vérité officielle : l’innocuité du maïs génétiquement modifié ». Rien que ça !

 

         On rappellera néanmoins qu’en matière scientifique et sanitaire, toutes les bombes lancées par le CRIIGEN se sont jusqu’à présent révélées être au mieux des pétards mouillés. Les journalistes ont visiblement un gros problème de mémoire.  Par contre, la bombe médiatique a déjà fait de gros dégâts.

Des nombreuses critiques, que nous tâchons de compiler, affluent déjà (4), loin  du show visiblement organisé de longue date. Le gouvernement a d’autre part saisi l’ANSES. 

 

En attendant que les experts rendent leurs conclusions après une étude approfondie de la publication, nous nous permettrons quelques commentaires, sur la forme et sur le fond, pour essayer de mettre en évidence que les méthodes de GES et du CRIIGEN n’ont malheureusement  pas changé.

 

1/ Mise en scène et manquements à l’éthique scientifique :

 

Si cette étude s’avérait être une bombe à fragmentation, en tout cas c’est une bombe prête de longue date, et le CRIIGEN a pris soin de confier des briquets aux journalistes pour en allumer la mèche.  Alors même que l’étude était encore sous embargo, Christophe Malaurie du Nouvel Obs. en dévoilait complaisamment la teneur dans des termes pleins de nuances : « OGM, le scandale . EXCLUSIF. Oui, les OGM sont des poisons ! ». On y apprend , bien que les auteurs déclarent, comme toujours, n’avoir aucun conflit d’intérêt,  que ces révélations choc sont l’occasion de promouvoir la sortie de 2 livres, l’un de Corinne Lepage , ex-présidente du CRIIGEN, l’autre de Séralini (« Tous Cobayes !»), et du film éponyme de Jean-Paul Jaud, ayatollah vert.  

 

Pas de conflits d’intérêts, vraiment ?

 

         Pour renforcer le sensationnel, rien ne nous aura été épargné, des images chocs, jusqu’à une mise en scène conspirationniste totalement grotesque : « Jusqu’en 2011, les chercheurs ont travaillé dans des conditions de quasi-clandestinité. Ils ont crypté leurs courriels comme au Pentagone, se sont interdit toute discussion téléphonique et ont même lancé une étude leurre tant ils craignaient un coup de Jarnac des multinationales de la semence .Le récit de l’opération – nom de code In Vivo - évoque la très difficile récupération de semences de maïs OGM NK 603, propriété brevetée de Monsanto, par le truchement d’un lycée agricole canadien. Puis la récolte et le rapatriement des "gros sacs de jute" sur le port du Havre fin 2007, avant la fabrication de croquettes dans le secret le plus total et la sélection de deux cents rats de laboratoires dits "Sprague Dawley" »  

        

         Mots chocs, images chocs, tout était prévu pour faire le buzz et tenter de répandre un véritable climat de terreur : « Sauf que, dans cette nouvelle confrontation, le débat ne pourra plus s’enliser comme par le passé. Dés le 26 septembre, chacun pourra voir au cinéma le film choc de Jean-Paul Jaud, "Tous Cobayes ?", adapté du livre de Gilles-Eric Séralini, et les terribles images des rats étouffant dans leurs tumeurs. Des images qui vont faire le tour de la planète et d’internet, puisqu'elles seront diffusées sur Canal+ (au "Grand Journal" du 19 septembre) et sur France 5 (le 16 octobre dans un documentaire). Pour les OGM, l’ère du doute s’achève. ».

 

Malaurie, complice actif de ce cirque orchestré, ose tout de même conclure : « Pour les OGM, l’ère du doute s’achève. Le temps de la vérité commence ».

 

         Pour la vérité scientifique, ça paraît en tout cas mal parti.  Déjà, il n’est question que d’un OGM ici, et non pas des OGM. Ensuite, cette campagne orchestrée autour de la publication d’une étude avant même que les scientifiques n’y aient accès, donc qu’il soit possible de discuter de sa qualité et de sa portée, est destinée à abuser l’opinion déjà longuement travaillée par plus d’une décennie de propagande, et à miner le terrain du débat scientifique, voire à le rendre impossible. Jouer la peur contre le débat serein, c’est un manquement caractérisé à l’éthique scientifique, voire tout simplement du terrorisme intellectuel.

 

2/ Sur le fond, une étude dont certains manquements méthodologiques ressemblent à s’y méprendre aux précédentes… Ou comment sortir du bruit statistique qu’on produit les chuchotements qui semblent raconter ce qu’on a envie d’entendre !

A paraître très bientôt…

Anton Suwalki

 

 

Notes :

(1)http://www.google.com/hostednews/afp/article/ALeqM5gzVwVPK7nIJ2FLvKgebybFbouHKA?docId=CNG.a917d940cac7599c510eab30714a5d51.3e1

(2) Séralini, G.-E., et al. Long term toxicity of a Roundup herbicide and a Roundup-tolerant genetically modified maize. Food Chem. Toxicol. (2012), http://dx.doi.org/10.1016/j.fct.2012.08.005

(3) http://tempsreel.nouvelobs.com/ogm-le-scandale/20120918.OBS2686/exclusif-oui-les-ogm-sont-des-poisons.html

(4) http://www.marcel-kuntz-ogm.fr/article-nk603-110296439.html

http://www.sciencemediacentre.org/pages/press_releases/12-09-19_gm_maize_rats_tumours.htm


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W
<br />  « GES a clairement dépassé les bornes... »<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> On peut supposer que c'est une tactique délibérée. L'honneur du chercheur – pourtant chèrement défendue pas sa plainte ridicule contre Marc Fellous qui lui a valu d'être encore plus ridiculisé<br /> par une décision de justice qui n'a pas lavé l'affront le plus infâmant – a été sacrifié à la cause militante.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Les Pieds Nickelés du Djihad anti-OGM (et peut-être même anti-glyphosate) ont : obtenu l'attention de médias complaisants ; suscité une importante agitation populaire (en témoigne le<br /> nombre important, très inhabituel, de commentateurs sur le site Greenpeace) ; et asticoté les politiques.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Si on peut trouver les démarches de José Bové et de Corinne Lepage ridicules et démagogiques, il faut prendre très au sérieux la précipitation des membres du Gouvernement concernés, même si<br /> l'intervention de M. Ayrault apparaît plus raisonnable.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> On a saisi l'ANSES ; on va saisir le HCB (je suppose après avoir trouvé une solution aux démissions...) ; on a saisi l'EFSA... Ces instances ne manqueront pas de conclure que<br /> l'« étude » Séralini ne vaut pas un clou, mais elles concluront aussi – manière de protéger leurs arrières )) qu'il faut y voir de plus près, donc organiser des études de vérification.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Résultat : une base solide pour tous les politiciens pleutre ou démagogues (ou les deux) pour réclamer – et obtenir – un moratoire sur les autorisations d'OGMs d'au minimum deux ans.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Et M. Séralini, tout déconsidéré qu'il puisse être dans la communauté scientifique (difficile de l'être davantage, pourra savourer sa victoire et parader devant le peuple. Ça vaut bien un<br /> nouvel affront à sa « dignité » de chercheur, non ?<br />
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A
<br /> GES a clairement dépassé les bornes, j'espère qu'il devra assumer, ainsi que la CRIIGEN et les multinationales qui ont financés son "étude".<br />
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Z
<br /> Pour Anton, voici des analyses "détaillées" de l'article :<br /> <br /> http://www.biofortified.org/community/forum/?vasthtmlaction=viewtopic&t=227.0<br /> http://michaelgrayer.posterous.com/in-which-i-blow-a-gasket-and-get-very-uppity<br /> <br /> La communauté scientifique internationale va se déchainer... ça ne fait juste que de commencer. En même après une telle mise en scène, le retour de bâton sera violent. Néanmoins le coup de pub<br /> est là ! Et Séralini et le CRIIGEN vont se poser encore en victime face à la machination des autres chercheurs tous corrompu à la solde de Satan ?<br />
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R
<br /> Toutes mes excuses, pour les erreurs de frappe, toujours trop vite ?<br /> <br /> <br /> Je partage l'analyse développée dans ce billet. Il est à noté que le maïs NK 603 a fait l'objet d'un avis du Conseil scientifique du HCB en date du 12 octobre 2009.<br /> (http://www.hautconseildesbiotechnologies.fr/spip.php?rubrique1) ainsi que du CEES du HCB.<br /> <br /> <br /> Dans l'avis du CS page 4 paragraphe - Evaluation des risques pour la santé animale et humaine- il est écrit :<br /> <br /> <br /> "Les maïs portant l’évènement NK603 ont été évalués par l’AFSSA et ont fait l’objet d’un avis favorable : (avis du 13 janvier 2004 au titre du règlement (CE)<br /> n° 258/97 et avis du 5 janvier 2004 au titre du règlement (CE) n°1829/2003). Le CS n’a pas examiné en détail cet aspect.<br /> Le CS constate que les nouvelles règles d’analyse statistique proposées par l’AESA (The EFSA journal 2009, 1250 : 1-66) en date du 21 avril 2009, règles que<br /> le CS approuve, n’ont pas été appliquées, le dossier ayant été évalué par l’AESA, antérieurement à ces nouvelles règles."<br /> <br /> <br /> Dans les conclusions de l'avis :<br /> <br /> <br /> "Le CS du HCB approuve les nouvelles règles d’analyse statistique proposées par l’AESA (The EFSA Journal 2009; 1250: 1-66) du 21 avril 2009, qui recommandent<br /> la mise en œuvre de procédures statistiques adaptées : tests d’équivalence, analyse de puissance, utilisation de modèles mixtes applicables aux différents volet d’un dossier.<br /> Le dossier ayant été évalué par l’AESA antérieurement à ces nouvelles règles, le CS constate que ces nouvelles règles d’analyse statistique proposées par<br /> l’AESA n’ont pu être appliquées par le pétitionnaire dans l’analyse des données.<br /> À l’avenir, lors de l’examen des dossiers soumis à autorisation, le CS demande que ces règles soient appliquées."<br /> <br /> <br /> Si j'aborde ce point particulier,  c'est volontairement pour attirer l'attention sur un risque de manipulation pour les anti tout. Il faudra bien expliquer comment sur le plan juridique et<br /> en pratique le déroulement de l'évaluation (chronologie). N'étant pas un spécialiste, je peux me tromper.<br /> <br /> <br /> Enfin l'avis du CS du HCB sur les études de toxicité sub-chronique de 90 jours en date du 2 aout 2011 est à lire (réponse à la consultation publique de l'agence européenne)<br /> <br /> <br /> Le CEES du HCB s'est également prononcé sur ce maïs.<br />
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R
<br /> Je partage l'analyse développée dans ce billet. il est à noté que le maïs NK 603 a fait l'objet d'un avis du Conseil scientifique du HCB en date du 12 octobre 2009<br /> (http://www.hautconseildesbiotechnologies.fr/spip.php?rubrique1) ainsi que du CEES du HCB.<br /> <br /> <br /> Dans l'avis du CS page 4 paragraphe Evaluation des risques pour la santé animale et humaine ile st noté que<br /> <br /> <br /> "Les maïs portant l’évènement NK603 ont été évalués par l’AFSSA et ont fait l’objet d’un avis favorable : (avis du 13 janvier 2004 au titre du règlement (CE) n° 258/97 et avis du 5<br /> janvier 2004 au titre du règlement (CE) n°1829/2003). Le CS n’a pas examiné en détail cet aspect.<br /> Le CS constate que les nouvelles règles d’analyse statistique proposées par l’AESA (The EFSA journal 2009, 1250 : 1-66) en date du 21 avril 2009, règles que le CS approuve, n’ont pas été<br /> appliquées, le dossier ayant été évalué par l’AESA, antérieurement à ces nouvelles règles."<br /> <br /> <br /> Dans les conclusions de l'avis<br /> <br /> <br /> "Le CS du HCB approuve les nouvelles règles d’analyse statistique proposées par l’AESA (The EFSA Journal 2009; 1250: 1-66) du 21 avril 2009, qui recommandent la mise en œuvre de procédures<br /> statistiques adaptées : tests d’équivalence, analyse de puissance, utilisation de modèles mixtes applicables aux différents volet d’un dossier.<br /> Le dossier ayant été évalué par l’AESA antérieurement à ces nouvelles règles, le CS constate que ces nouvelles règles d’analyse statistique proposées par l’AESA n’ont pu être<br /> appliquées par le pétitionnaire dans l’analyse des données.<br /> À l’avenir, lors de l’examen des dossiers soumis à autorisation, le CS demande que ces règles soient appliquées."<br /> <br /> <br /> Si j'aborde ce point c'est volontairement pour attirer l'attention sur un risque évident de manipulation pour les anti tout. Il faudra bien expliquer comment sur le plan juridique et en pratique<br /> comment l'évaluation est faite. Mais je peux me tromper.<br /> <br /> <br /> Enfin l'avis du CS du HCB sur les études de toxocité sub-chronique de 90 jours en date du 2 aout 2011 est à lire (réponse à la consultations publique de l'agence européenne)<br /> <br /> <br /> Le CEES du HCB s'est également prononcé sur ce maïs<br /> <br /> <br />  <br />
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G
<br /> Brillant et de quoi dégonfler le soufflet de l'imposteur Sérlaini et de toute sa bande !<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> http://www.weedcontrolfreaks.com/2012/09/why-i-think-the-seralini-gm-feeding-trial-is-bogus/<br />
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B
<br /> Parmis les critiques (lire ici: http://www.sciencemediacentre.org/pages/press_releases/12-09-19_gm_maize_rats_tumours.htm ) on peut lire un avis non dénué d'humour:<br /> <br /> <br /> «Most toxicology studies are terminated at normal lifespan i.e. 2 years. Immortality is not an<br /> alternative»<br /> <br /> Bon courage pour vos prochains billets sur Séralini.<br />
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