Aubergine BT: le CRIIGEN exporte ses pseudo-expertises en Inde

Publié le par Anton Suwalki

Après 5 ans de recherches, l’Inde est prête à mettre en cultures commerciales plusieurs variétés d’aubergines transgéniques BT (1). Celles-ci incorporent le gène Cry1Ac exprimant une protéine toxique pour certains lépidoptères et leurs larves. Ce gène est déjà utilisé dans plusieurs plantes transgéniques (maïs, colza, coton). L’aubergine BT a été développée par des équipes universitaires indiennes et la société semencière Mahyco (2) .

L’aubergine BT serait ainsi le 4ème légume fruit transgénique après la tomate, la papaye et la courge. L’aubergine est particulièrement consommée dans les états du Sud-ouest de l’Inde qui en est le deuxième producteur mondial.

 

L’organisme public GEAC (3) dépendant du ministère de l’environnement a approuvé l’introduction de l’aubergine BT, reconnue comme sûre pour la consommation humaine et pour l’environnement. On aurait pu penser dans ces conditions que dans un pays où sont cultivés des millions d’hectares d’OGM (Coton BT), l’autorisation gouvernementale ne serait plus qu’une formalité. Tel n’est pas le cas. Le gouvernement indien a différé son autorisation, une attitude qui va à l’encontre de son comité d’évaluation scientifique et qui n’est pas sans rappeler les moeurs françaises dans ce domaine (4).

 

Cette décision est politique et non pas fondée sur des arguments scientifiques. C’est une réponse aux mouvements écologistes qui réclament l’interdiction pure et simple de l’aubergine transgénique. Il faut savoir que nous en sommes au deuxième round de l’évaluation de cet OGM, et que le GEAC après une première expertise, avait constitué sous la pression des écologistes un deuxième panel d’experts et ordonné de nouveaux essais en champs coordonnés par l’ Indian Institute of Vegetable Research,

Les scientifiques du GEAC ont fait savoir leur désapprobation de l’attitude du gouvernement , faisant valoir que de nouvelles consultations n’apporteraient rien.

 

Seuls 3 des 22 membres du panel OGM indien ont exprimé leur opposition à l’autorisation de l’aubergine BT.  Or , autre similitude troublante avec la situation nationale, ceux-ci invoquent un rapport fait par… Gilles-Eric Séralini, publié en janvier 2009. Sur le site du CRIIGEN (5), il est affirmé que « le Pr Gilles Eric Séralini a évalué pour le compte de la Cour Suprême de l’Inde les études de Mahyco ».

 

En fait, c’est Greenpeace Inde qui a chargé d’ « évaluer » celles-ci (6). Pour parler clairement, Greenpeace a chargé Gilles Eric Séralini de produire un argumentaire anti-OGM, ne pouvant ignorer le type de conclusion qu’on peut attendre de cet individu,          anti-OGM obsessionnel. Dans le même temps les activistes anti-OGM ont réussi à obtenir de la cour suprême un « observateur » anti-OGM en la personne du Dr Bhargava (7) , comprenez par « observateur » le fait qu’il n’ait pas de compétence particulière en matière de biotechnologies agricoles ou de sécurité alimentaire. Ce qui ne l’empêche pas d’avoir des jugements très « séraliniens » sur le travail de ces collègues (8)  .

 

 

 Nous ne prétendrons pas ici juger de la qualité des très nombreuses études qui figurent dans le dossier de Mahyco. GES, expert en tout, qui peut à lui tout seul « invalider » le travail collégial des experts de l’AFSSA, de la CGB, ou de l’AESA, ainsi que les normes d’évaluation en vigueur au niveau international, a bien entendu identifié les « lacunes » d’évaluation du comité d’experts indien, qu’il s’agisse des tests de toxicité ou d’alimentarité menés sur des animaux, de l’analyse microbiologique des sols, des effets de la toxine sur la faune non cible, des risques de dissémination des gènes…

 

L’argumentaire est bien entendu un copié/collé des arguments habituels des anti-OGM et de Séralini en particulier (9) : construction génétique artificielle (« chimeric BT gene »), principe d’équivalence en substance « réductionniste », autant de formules qui ne font que refléter des préjugés rédhibitoires. Le fait de s’être discrédité par des analyses statistiques fantaisistes à propos du maïs MON 863 (10) n’a pas le moins du monde ébranlé GES dans ses certitudes. On retrouve dans son rapport sur l’aubergine BT les mêmes différences « significatives » « visibles dans les données brutes [mais] elles n’étaient pas prises en compte pour un certain nombre de raisons, principalement parce qu’elles faisaient partie d’un éventail d’un large groupe « référence » (beaucoup plus grand que le groupe de contrôle le plus proche) » .

 

GES persiste donc à refuser d’examiner les OGM par rapport à la gamme des variations naturelles des plantes non GM parce qu’il est ainsi sûr de trouver à tous les coups des différences « significatives » (11) qu’il interprétera comme autant de signes de toxicité !

 

Il est peu probable que la cause des anti-OGM gagne dans un pays aussi engagé dans les biotechnologies agricoles que l’Inde. Mais le fait d’avoir réussi à ajourner la mise en culture de l’aubergine BT est une victoire importante pour Greenpeace qui démontre que l’Europe n’est pas le seul continent perméable aux manipulations anti-OGM. Cela offre par ailleurs aux imposteurs du CRIIGEN une réputation internationale totalement indue et une reconnaissance politique qu’ils ne peuvent obtenir sur le plan scientifique.

 

Comme on n’est jamais mieux servi que par soi-même, le CRIIGEN affirme sans rire que « l’expertise du Professeur Séralini dans ce domaine [les OGM] est largement reconnue » (12)! N’hésitant pas à réécrire l’histoire : « En particulier, le maïs BT MON 810 a été jugé toxique après qu’il ait été approuvé par l’EFSA, à la suite de quoi il est désormais interdit de le cultiver en France et est revu sérieusement par les autres pays de l’UE ». Plus menteur, tu meurs !!!!

Anton Suwalki

 

 

Notes :

 

(1)  http://greenbio.checkbiotech.org/news/bt_brinjal_safe_consumption

      http://timesofindia.indiatimes.com/news/city/hubli/Pest-resistant-Bt-brinjal-developed/articleshow/5039550.cms

(2)  voir le dossier déposé par Mahyco :

 http://www.envfor.nic.in/divisions/csurv/geac/bt_brinjal.html

Monsanto est actionnaire à 26% de Mahyco, selon « Info »gm.

(3)  Genetic Engineering Approval Committee

(4)  http://www.gmo-compass.org/eng/news/471.docu.html

(5)  http://www.criigen.org/content/view/238/113

(6)  http://www.criigen.org/images/stories/Dossiers/Divers/btbrinjal-pressrelease_012009.pdf

(7)  http://www.greenpeace.org/india/press/releases/geac-fails-the-nation

(8)  http://csestore.cse.org.in/bt_brinjals.asp

(9)  http://www.criigen.org/images/stories/Dossiers/Divers/btbrinjal-ges_%200109.pdf

(10)                     lire  notamment : http://www.ogm.gouv.fr/experimentations/evaluation_scientifique/cgb/autres_avis/Avis_CGB_MON863_15juin2007.pdf

http://gmopundit.blogspot.com/2007/03/lies-damn-lies-and-statistics.html

http://imposteurs.over-blog.com/article-29829309.html

http://imposteurs.over-blog.com/article-30006464.html

http://imposteurs.over-blog.com/article-34766192.html

(11) sur un grand nombre de paramètres testés il ya une probabilité importante de trouver quelques différences statistisquement singificatives.

(12) Typique du culot du CRIIGEN et de son gourou Séralini, ceux-ci n’hésitent pas pour faire valoir son statut d’expert reconnu le fait qu’il ait été membre de deux commissions d’évaluation des OGM , entendez la CGB et le Comité de Biovigilance : des organismes d’expertise publique que (comme tous les autres) GES dénonce régulièrement dans les médias et dans ses conférences !


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T
<br /> Concernat le malthusianisme des écolos, il ya qq chose d'incohérent: plus une population est pauvre et peu évoluée, plus elle procrée (pour assurer sa survie): c'est une loi naturelle que l'on peut<br /> vérifier chez de nombreux êtres vivants. En l'occurence, combattre la pauvreté et la faim dans le monde est nécessaire pour diminuer la surpopulation de ces pays.<br /> Les écolos ont tout faux<br /> <br /> <br />
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C
<br /> L'Inde a une densité de population 2 fois supérieure à la France et le pays compte beaucoup de superficies incultes. Toutefois avant d'autoriser les OGM, il faudrait savoir quel est le % de<br /> récoltes perdues et le gain que pourrait procurer l'emploi d'OGM. Les problèmes d'irrigation et climatiques me semblent beaucoup plus important pour ce pays.<br /> <br /> <br />
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S
<br /> Merci à Laurent Berthod de nous signaler cet article "Étude sur la nature des mouvements écologistes" J'en ai ouvert un chapitre et il m'a paru prometteur.<br /> <br /> <br />
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L
<br /> <br /> Bibliographie, suite<br /> Un article très intéressant, même si sur quelques points discutable :<br /> <br />  Etude sur la nature des mouvements<br /> écologistes<br /> Il est volumineux, mais ça vaut vraiment le coup de l'imprimer et de prendre le temps de le lire posément.<br /> <br /> <br /> <br />
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L
<br /> Il faut bien comprendre le fondement de la pensée écologiste : le malthusianisme.<br /> <br /> L'obsession de l'écologisme est la réduction de la population mondiale, surtout celle des pays pauvres.<br /> <br /> L'écologisme s'oppose donc à toutes les techniques même non polluantes permettant de nourrir plus et mieux - révolution verte, OGM - de prévenir ou soigner les maladies endémiques de<br /> ces régions - interdiction du DDT - (en revanche les épidémies susceptibles de se transmettre aux pays riches sont assez mal vues, SRAS, grippe aviaire), <br /> d’améliorer le niveau de vie et de survie – nucléaire, toutes les techniques de masse.<br /> Bibliographie<br /> Le parfum d'Adam, thriller haletant de Jean-Christophe Ruffin, qui a côtoyé de près les ONG écologistes internationales du temps où il faisait lui même dans l'humanitaire<br /> médical international. Sa préface (ou sa postface, je ne sais plus) est particulièrement édifiante.<br /> <br /> Les écologistes n'aiment pas<br /> l'humanité<br /> <br /> À la faute<br /> morale, les écologistes ajoutent la faute intellectuelle<br /> <br /> <br /> <br />
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C
<br /> Je viens de regarder le JT de TF1 ce vendredi soir. Reportage en Inde sur le travail des enfants. Je ne me souviens pas du lancement du sujet, mais on voit des enfants travailler dans un champ de<br /> coton, surveillés par un patron apparemment dur avec eux. Le commentaire dit qu'il travaillent 12 heures par jour sous le soleil, qu'ils ne sont payés qu'au bout de trois mois pour éviter qu'ils<br /> partent avant...<br /> On voit un ouvrier traiter les cotonniers avec un pulvérisateur à dos. Il s'agirait d'un pesticide dont j'ae n'ai pas retenu le nom, interdit en Europe car très toxique. Evidemment, les enfants<br /> continuent à travailler dans les champs après la pulvérisation... Ils souffrent de maux de ventre... Le patron dit qu'ils sont déjà malades avant de commencer à travailler chez lui...<br /> On voit une réunion de parents miséreux dont les enfants sont morts.<br /> Fin du reportage: La journaliste face à la caméra dit en substance: La culture de coton OGM est en croissance en Inde, il y a de plus en plus de malades et de morts.<br /> <br /> Elle est persuadée que les OGM (BT) sont dangereux parce qu'ils font augmenter l'utilisation de pesticides, alors que c'est en principe le contraire. Les téléspectateurs seront confortés dans cette<br /> même croyance.<br /> <br /> <br />
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