Alternatives Économiques victime de la novlangue du CRIIGEN
Lire notre article : Gilles-Eric Séralini, victime de diffamation ?
Comme nous vous en avions informés, l’AFBV a à plusieurs reprises vivement critiqué la qualité des travaux de Gilles- Eric Séralini, notamment financés par Carrefour et Greenpeace, ainsi que sa partialité. Ce qui a déclenché une double initiative de GES et du CRIIGEN :
1/ une nième pétition « citoyenne » joliment intitulée « Pour le respect de la controverse scientifique et de l’expertise contradictoire.»
2/ un procès intenté à Marc Fellous et à l’AFBV , ainsi que le site du CRIIGEN en avertissait ses lecteurs :
http://www.criigen.org/SiteFr/ (lire les news Juin 2010)
Respect de la controverse donc, sauf lorsqu’elle expose GES à la critique !
Si l’affaire n’était pas grave, on pourrait demander au CRIIGEN s’il ne s’est pas inspiré du règlement Shadok :
1/ le chef a toujours raison
2/ Dans le cas où le chef aurait tort, se reporter à la règle 1/
C’est peut-être parce que cette situation est si ubuesque qu’Alternatives Économiques a transformé l’info ainsi :
« OGM: pour le droit à la critique
L'Association française de biotechnologies végétales, parrainée par Claude Allègre et Axel Kahn, attaque Gilles-Eric Séralini, professeur de biologie moléculaire à l'université de Caen, et ses collègues pour leurs travaux remettant en cause l'innocuité du maïs OGM de Monsanto. La pétition de soutien lancée par la fondation Sciences citoyennes a recueilli déjà près de 3 000 signatures, dont 172 chercheurs. »
L’article laisse donc entendre que c’est l’AFBV qui attaquerait en justice le CRIIGEN (d’où cet appel au droit à la critique d’Alter Eco et la pétition), et non le contraire.
Depuis, l’AFBV a obtenu un droit de réponse ou l’association précise :
« L'Association Française de Biotechnologie Végétale (AFBV), à la suite de l'article paru sur le site www.alternatives-economiques.fr, tient à préciser que c'est bien M. Séralini, et non l'AFBV, qui a pris l'initiative d'engager une procédure judiciaire, à la suite d'un courrier de l'Association dénonçant le caractère non contradictoire d'un débat organisé par une émission de télévision. »
Lecteur occasionnel d’Alternatives Économiques et de ses dossiers intéressants et bien montés, je ne pense pas qu’il y ait eu volonté de désinformer. Pourquoi cette bourde alors ?
Et si c’était parce que, lisant un peu distraitement la nouvelle, l’auteur avait machinalement corrigé une dissonance cognitive ? Pas facile de s’y retrouver lorsqu’on n’est pas habitué à la novlangue des anti-OGM.
Pour nous, gens ordinaires, la liberté, c’est la liberté. Mais c’est l’esclavage dans l’Océania d’Orwell, et c’est la « censure » dans le monde du CRIIGEN. Et le mouvement anti-OGM n’a cessé d’enrichir le dictionnaire de la novlangue : « contamination» pour dissémination , « action non violente » pour acte de vandalisme, « neutralisation de semences» pour destruction de récolte, etc..
Depuis peu, une annonce sur le site du CRIIGEN , Comité de recherche et d’information indépendantes sur le génie génétique nous a permis de mieux cerner la définition qu’il donne au mot indépendant.
« Le CRIIGEN remercie charleureusement (sic) "Jardin Bio", groupe Léa Nature pour son soutien pour la recherche »
Et de mettre deux liens vers le catalogue de ce groupe dont l’entreprise principale comporte 570 salariés et réalise 100 millions de chiffre d’affaires -O’ surprise !- dans le domaine des produits bio. Que ce groupe qui a financé l’une des études de Séralini ait droit à un petit retour d’ascenseur publicitaire, n’est-ce pas la moindre des choses ?
A moins d’être victimes de la novlangue comme Alter Eco vous aurez probablement une définition d’indépendant à nous proposer. En attendant, au train où vont les choses, les chercheurs « indépendants » vont bientôt troquer la blouse blanche pour la panoplie d’homme sandwich.
Anton Suwalki