Le pissenlit : le futur du caoutchouc !

Publié le par Anton Suwalki

Le caoutchouc naturel provient en grande partie du Ficus elastica - plus communément appelé "caoutchouc" - un arbre surtout présent en Asie du Sud-Est. La production de ce matériau devenu essentiel pour notre société moderne est néanmoins aujourd'hui menacée : un champignon infecte en effet un nombre croissant de Ficus elastica sur la planète et notamment en Asie du Sud-Est. Afin de pouvoir continuer à récolter la précieuse substance, une équipe de scientifiques de l'Institut Fraunhofer de biologie moléculaire et d'écologie appliquée (IME) d'Aix-la-Chapelle travaille actuellement à l'obtention de caoutchouc naturel à partir de pissenlits. En empêchant la polymérisation spontanée du caoutchouc issu du pissenlit, les chercheurs viennent de réaliser un grand pas vers la production industrielle de caoutchouc naturel à partir de cette plante.

Environ 30.000 produits de la vie quotidienne contiennent du caoutchouc naturel. Les pneus de voiture, les tubes de cathéter et les gants en latex sont autant d'exemples de la variété des applications de cette substance naturelle. Une grande partie de la production mondiale se trouve en Asie du Sud-Est où les conditions climatiques tropicales se prêtent particulièrement bien à la culture du Ficus elastica. Cette espèce, et par là-même la production de caoutchouc, est cependant menacée par la propagation d'un champignon qui a déjà infecté de nombreux arbres en Amérique du Sud. Plus inquiétant, la contamination est maintenant observée dans plusieurs zones d'Asie du Sud-Est. Même s'il est possible de lutter contre ce champignon à l'aide de fongicides, l'utilisation de tels moyens ne serait pas envisageable si la contamination s'étendait sur de grandes surfaces. L'industrie caoutchoutière serait alors très fragilisée.

Les chercheurs de l'IME d'Aix-la-Chapelle essayent actuellement d'utiliser le pissenlit russe pour produire du caoutchouc, comme cela avait déjà été le cas pendant la Deuxième Guerre mondiale. L'obtention de caoutchouc est toutefois difficile, le caoutchouc issu de la plante polymérisant immédiatement. Cette propriété interdit implicitement la production à grande échelle de caoutchouc naturel à partir de pissenlits.

Les scientifiques sont maintenant parvenus à identifier l'enzyme responsable de la polymérisation rapide du caoutchouc de pissenlit. En désactivant cette enzyme, ils ont obtenu des plantes génétiquement modifiées capables de produire jusqu'à quatre à cinq fois plus de caoutchouc qu'avec des pissenlits russes classiques. "En cultivant ces plantes à grande échelle, il serait possible de produire de 500 à 1.000 kilogrammes de latex par hectare et par période de végétation", commente le Prof. Dr. Dirk Prüfer, directeur de laboratoire à l'IME. Autre avantage : le caoutchouc de pissenlit n'a occasionné jusqu'ici aucune allergie. Il serait donc particulièrement conseillé pour des produits d'utilisation clinique.

Les chercheurs essayent désormais de cultiver les pissenlits génétiquement modifiés selon des techniques classiques. Prüfer estime que cette étape sera franchie d'ici cinq ans. La culture massive de pissenlit permettra de produire une autre substance précieuse sécrétée par la plante : l'induline.

 

Julien Sialelli

 


 

Article paru dans Bulletins électroniques

http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/60381.htm

 

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L
L'arbre à caoutchouc s'appelle toujours Hévéa Brasiliensis, il est originaire, comme son nom l'indique, du bassin amazonien et a connu un très grand développement en Asie et plus tardivement en Afrique tropicale. En amérique latine son développement est freiné par (entre autre) un champignon qui s'ttaque au feuillage, limitant ainsi les rendements. Il s'appelait "microcyclus ulei" ou "South American Leaf Blight" du temps ou je travaillais dans cette culture. C'est peut être ce champignon qui a fait son apparition dans certaines zones d'Asie. Domage que l'auteur ne soit pas plus rigoureux dans ses information.
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S
De mon temps, l'arbre produisant le caoutchouc naturel s'appelait "hevea brasiliensis". Depuis quand a-t-il changé de nom? En Amazonie, il a été longtemps impossible de le faire pousser en plantations homogènes. En est-il autrement maintenant? Par contre les plantations ont été possibles en Asie du Sud Est, comme dans notre ex-indochine, ce qui a provoqué la ruine des "seringueros" brésiliens. L'apparition et la diffusion d'une  maladie cryptogamique dévastatrice sont plausibles dans des plantations homogènesL'article et sa source paraissent sérieux. J'ai cependant un doute! 
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