Les granules de Séralini devraient être testées au moins deux ans !
Le 14 juin dernier, Gilles-Éric Séralini donnait une conférence à Plérin (Cotes d’Armor) à l’occasion d’une foire bio.L’an dernier
Pierrick Gueguen nous avait fait un compte-rendu d’une de ses causeries (1).
La rhétorique n’a pas changé depuis, ni sur le fond, ni dans la forme, le seul élément nouveau est qu’en plus de ses livres, GES a des granules homéopathiques « détoxifiantes » à vendre.
Un gourou au discours anxiogène
Celui qui au début de la conférence est très sérieusement présenté comme « LE spécialiste des OGM alimentaires » s’avère être en fait le spécialiste de tout. Il déclame ses idées « alternatives » dans des disciplines aussi variées que la toxicologie, l’épidémiologie, la climatologie, l‘économie politique, la démographie, la sociologie politique.. : aucun domaine n’échappe à sa sagacité.
C’est juste dommage que l’ultra-malthusien n’ait pas pris la peine d’ouvrir un simple Que sais-je ? sur la population mondiale, ça lui aurait évité de dire pas mal de bêtises. Mais vous n’allez tout de même pas demander à un homme qui prétend réinventer la science à lui tout seul de s’arrêter aux vulgaires exigences de réalité des faits et de cohérence de l’analyse !
Séralini , spécialiste de tout est aussi théoricien du tout, capable de relier aux prix de périlleuses cabrioles toutes ses affirmations à ses deux obsessions centrales : la supposée « prolifération » de l’espèce humaine, qu’il a déjà comparée à des bactéries se multipliant dans la soupe, et sa phobie du « chimique » , dont son anti-OGMisme n’est que le prolongement (d‘où « les plantes pesticides ».
Le public venu assister à sa conférence a au départ des peurs, qu’elles soient ou non fondées. De la peur en veux-tu ? En voilà ! GES est une véritable mitrailleuse idéologique qui arrose son auditoire d’une rafale continue d’idées anxiogènes. Pas une seule seconde, celui-ci ne doit pouvoir reprendre sa respiration, s’interroger sur la véracité de ses propos.
Tandis que GES dépeint le monstre chimique qui sévit partout, répandant morts, empoisonnements, cancers, malformations et stérilité (selon GES les usines de préservatifs feront bientôt faillite ! il n’est pas à une contradiction près) , la tribu bio réunie dans cette salle a de quoi se persuader d’être assiégée, de former une arche de Noé, si jamais elle réchappe de l’enfer auquel GES promet le commun des mortels.
L’élixir du docteur GES
GES ne perd cependant pas le Nord : en attendant la résurrection post-chimique, on peut utilement se ressourcer moralement en achetant ses bibles , et se « détoxiquer »
les cellules et désencroûter ses gènes en achetant une gamme de produits homéopathiques de Sevene Pharma. Ce laboratoire a conçu ses
« détoxifiants » sur la base des concepts de Séralini.
http://www.sevenepharma.com/index.php
Sevene Pharma est semble-t-il le débouché concret de l’appel de l’ACECOMED pour une « écomédecine », organisation dont nous avons déjà dénoncé les dangers et les aspects sectaires (2) (3).
La communication publicitaire est simple, mais parfaitement adaptée au public visé : remèdes doux et « naturels » pour une médecine « holistique » qui prend en compte l’homme dans son équilibre global. Quelques lieux communs holistiques tiennent lieu de théorie scientifique.
Une vidéo rassurante promène le gogo dans le processus de fabrication quasi-artisanal (du moins pour ce qu’il en voit), nous voici presque revenus aux tisanes de mamie !
Dilution homéopathique oblige, les produits proposés sont probablement inoffensifs car à trop faible dose de produit actif (les quelques produits montrés dans la vidéo n’atteignent certes pas les dilutions les plus délirantes de Hahnemann) . Inoffensifs, car inefficaces ! Toute l’escroquerie à laquelle GES prête son nom consiste à mettre cela sur le compte du naturel : « Les formulations naturelles sont dénuées de toxicité pour l'homme et l’environnement. »
« Les recherches sur le concept de dépollution cellulaire sont menées en collaboration avec le laboratoire de biologie moléculaire de l’Université de Caen, dirigé par le Pr Gilles-Éric Séralini, spécialiste des polluants sur la santé et président du conseil scientifique du CRII-GEN (Comité de Recherche et d’Information Indépendantes sur le Génie Génétique). Les études sont actuellement en cours de publication. » .
Autrement dit, les études censées démontrer les concepts fumeux de l’écomédecine sont en cours de publication, mais la camelote à vendre est déjà là !
Et si le laboratoire nous assure que les produits sont couverts par une autorisation de mise sur le marché (AMM), n’oublions pas les produits homéopathiques sont dispensés d’apporter la preuve de leur efficacité.
Gilles-Éric Séralini, qui proclame que les procédures d’autorisation des OGM sont insuffisantes, se répand en insinuations malveillantes sur la probité de ses collègues scientifiques, vendrait-il de la poudre de perlimpinpin ou des produits dont les effets secondaires n’ont pas été suffisamment évalués ?
Car de deux choses l’une, soit les dilutions des produits sont telles qu’ils n’ont aucun effet, dans ce cas, il s’agit d’un simple attrape-nigauds homéoptahique, soit la concentration par dose en molécules issues de la teinture mère des produits Sevene est suffisante pour avoir un effet biologique et se pose alors la question des effets secondaires, immédiat ou à long terme.
Prenons alors GES au pied de la lettre et exigeons,-c’est bien la moindre des choses !- que les produits Sevene Pharma s’alignent sur les normes d’évaluation toxicologiques les plus tatillonnes que l’incorruptible réclame pour les OGM.
Nous sommes sûrs de GES aura à cœur de proposer avant toute AMM :
- Que l’efficacité de ces solutions homéopathiques soit testée suivant des protocoles indiscutables par des organismes indépendants de Sevene Pharma.
- Qu’aucun produit ne soit mis sur le marché avant qu’au moins 5 analyses toxicologiques contradictoires ne soient menées sur des rats sur des durées d’au moins deux ans, afin d’écarter toute éventualité de toxicité chronique.
- Que les données brutes de ces analyses soient être accessibles à tout citoyen expert autoproclamé qui souhaiterait vérifier par lui-même la qualité des études précédemment menées et le bien-fondé de l’AMM . Il va de soi qu’en vertu du principe de précaution, tout doute exprimé par un citoyen sur l’innocuité d’un produit Sevene Pharma devrait permettre selon une procédure accélérée de déposer , quel que soit l’avis formulé par l’AFSSAPS, un moratoire sur la commercialisation du produit.
Dis, GES, pourquoi tu tousses ?
Anton Suwalki
Notes :
(1) http://imposteurs.over-blog.com/article-18357100.html
(2) http://imposteurs.over-blog.com/article-14917354.html
(3) http://imposteurs.over-blog.com/article-15435820.html
(4) Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé