Une mouette percute une cheminée de la centrale EDF du Tricastin
L’été dernier, un incident sans gravité avait eu lieu sur le site de la centrale nucléaire du Tricastin , faisant la une de la presse écrite et des journaux télévisés. Une erreur de l’opérateur, SOCATRI , filiale « en cascade » d’AREVA (1), avait abouti au déversement d’une solution contenant 70 kilos d’uranium, dont une partie s ‘était répandue dans les affluents du Rhône (2).
Comme très souvent, l’écho médiatique de cet incident avait été inversement proportionnel à sa gravité : il ne s’agissait pas de pollution de nature radioactive, mais de nature essentiellement chimique, dont quelques ordres de grandeurs -cf références ci-dessous (3)- permettent de relativiser l’importance . On a parlé de cet événement mineur uniquement parce qu’il a eu lieu sur un site nucléaire, une occasion de plus pour les médias de faire peur et de mettre en avant les manipulateurs de la CRIIRAD , eux qui savent si bien « affoler » un compteur de particules devant les caméras .
On a fait « mieux » depuis. Il y a une semaine, Le Point se fait à nouveau le relais de la CRIIRAD (4) à propos d’un « accident » qui s’est produit « dans le bâtiment du réacteur de la tranche numéro un de la centrale EDF ».
« Le site nucléaire du Tricastin dans la Drôme est de nouveau pointé du doigt » précise Le Point. Montré du doigt…par Le Point lui-même bien sûr !
Voici donc l’ « accident » qui fait qu’on « montre de nouveau le Tricastin du doigt » :
« Le réacteur est à l'arrêt dans le cadre de la troisième visite décennale. Pendant plus de trois mois,
EDF fait en effet passer des tests à la centrale mise en service en 1980. D'après l'association, deux "gueuses", pièces métalliques de 2 tonnes chacune "utilisées pour des tests de fonctionnement
sur le pont de manutention", sont tombées d'une hauteur d'environ 15 mètres. "Une dizaine d'intervenants étaient occupés au montage de cette structure, mais, par chance, aucun d'eux n'était
présent au moment de l'accident", précise-t-elle. »
Deux grosses pièces de fonte glissent et tombent d’un pont de manutention lors de tests sur un réacteur à l’arrêt. Au pire, on devrait qualifier cela de banal incident de chantier, et personne n’en aurait jamais entendu parler si ça ne s’était pas passé au Tricastin.
Mais pour la CRIIRAD comme pour Le Point, qui se moquent décidemment du monde, ça relève de l’actualité du nucléaire et de ses périls, alors que personne n’a heureusement été blessé (5), et qu’a aucun moment, la sécurité de la centrale elle-même n’a été mise en danger.
On s’attend à ce que la prochaine fois, Le Point et la CRIIRAD alertent l’opinion lorsqu’ une mouette percutera une cheminée de la centrale du Tricastin.
Anton Suwalki
Notes :
(1)Autrement dit, SOCATRI est la filiale d’une filiale d’AREVA, ce genre de montages financiers pouvant d’ailleurs contribuer à renforcer la méfiance du public.
(3) L'incident du Tricastin-un nouveau psychodrame français
(4) Le point. - 15 mai 2009 . La CRIIRAD est présentée -sans rire !- comme une « association de vigileance sur le nucléaire » .
(5) tandis que plus de 700 000 accidents entrainant des arrêts de travail ont eu lieu en 2007 en France, dont 46 000 entrainant des invalidités permanentes et 626 décès !