Environnement : mesurer l’arsenic dans les sols
BE Etats-Unis numéro 161 (9/04/2009) - Ambassade de France aux Etats-Unis / ADIT
Une nouvelle méthode de mesure de l'arsenic dans les sols
Selon le "Journal of Analytical Atomic Spectrometry" publié le
4 avril 2009, l'université de "Massachusetts Amherst" aurait mis au point une méthode précise de mesure des concentration totale de l'arsenic dans le sol. Si l'impact de l'arsenic sur
l'environnement et la santé humaine n'est plus à démontrer, ce nouvel outil de mesure devrait favoriser une meilleure connaissance du cycle de cet élément ainsi que la gestion du risque de
contamination de l'environnement et des nappes phréatiques. La méthode pourrait par ailleurs être utilisée pour détecter facilement les concentrations d'arsenic s'accumulant le long de la chaîne
alimentaire (cas des rizières du sud-est de l'Asie).
Si l'arsenic peut être présent
naturellement dans l'environnement en raison du fond géochimique des sols et des différentes formations géologiques, les concentrations mesurées en Amérique du nord seraient principalement le
résultat de pollutions issues du traitement du bois. En effet, Les équipements de pleins airs, fabriqués à base de bois (comme par exemple les aires de jeux dans les parcs...), s'imprègnent de
métaux lourds lors du traitement (principalement de chrome, cuivre et arsenic) visant à rendre le bois imperméable. Toutefois, au contact de l'air libre, ces matériaux se dégradent, entraînant
une contamination des sols en métaux lourds. Sachant que les enfants ingèrent en moyenne 100 mg/jour de sol (donnée de EPA - 1997), ces sources de pollution peuvent avoir des répercussions non
négligeables en termes de santé publique.
Actuellement, les méthodes couramment utilisées pour mesurer
l'arsenic dépendent de la spéciation et du degré d'oxydation de l'élément (mono ou diméthyle...). Si le risque environnemental et le niveau de toxicité de l'arsenic varient fortement en fonction
de la nature des espèces présentes et des propriétés physico-chimiques du sol, il est finalement important de pouvoir mesurer la concentration totale de l'élément. Mise au point par Julian Tyson,
chercheur en chimie analytique et chargé des projets de recherche sur l'arsenic à l'université de "Massachusetts Amherst", la méthode vise à extraire les différentes formes d'arsenic d'un
échantillon de sol afin d'en mesurer la concentration totale. Cette procédure consiste à dissoudre dans un premier temps, les différents composés à base d'arsenic par de la soude et de l'acide
phosphorique pour les séparer par chromatographie. L'arsenic est ensuite converti en substance volatile et mesuré à haute température par spectrométrie d'émission atomique au
plasma.
Cette méthode permettrait ainsi de mesurer l'arsenic dans
différents milieux afin de caractériser les flux entre ses différentes natures chimiques et d'accroître les connaissances quant aux sources potentielles de contamination. Si le pouvoir
bio-accumulant de l'élément au sein des espèces végétales est connu, de plus amples recherches sont nécessaires pour statuer sur le devenir de cet élément dans le sol, à savoir son éventuelle
évaporation dans l'atmosphère ou son infiltration dans les nappes souterraines (réserves d'eau potable). Selon des études menées au département des sols de l'université de Stanford, il semblerait
cependant que seule une très faible quantité d'arsenic présent dans les sols aux Etats-Unis atteigne les eaux souterraines.
Il n'en reste pas moins que beaucoup reste à découvrir concernant
la chimie de l'arsenic et notamment sur le rôle des bactéries présentes dans le sol. En effet, certaines bactéries anaérobiques seraient responsables de la conversion de l'arsenic sous une forme
volatile, lui permettant ainsi de se lier à des oxydes de fer présents dans le sol. Piégé par les oxydes de fer, l'arsenic est stabilisé dans le sol. Il présente alors moins de risque pour
l'environnement.
Agathe Dumas
Pour en savoir plus :
- Site de l'université de Massachusetts Amherst : http://www.umass.edu/
- BE Etats-Unis 744 (04/07/2005) - "L'arsenic, c'est fantastique" - http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/28908.htm
Code brève
ADIT : 58584
Source :
- First Accurate Test For Arsenic In Soil Developed. (03/04/2009). Science Daily. http://www.sciencedaily.com/releases/2009/04/090401183822.htm
- Stanford scientists find new solutions for the arsenic-poisoning crisis in Asia. (25/03/2009). EurekAlert. http://www.eurekalert.org/pub_releases/2009-03/su-ssf032509.php
Remarques importantes :
(rectifié le 21/05/2009)
-Si les concentrations excessives d’arsenic en Amérique du Nord évoqués ici semblent avant tout liées à l’activité humaine et sont d’ampleur non négligeables, ils sont d’origine naturelle et constituent un grâve problème sanitaire en Asie pour 140 millions de personnes qui vivent autour du massif himalayen, dont les roches contiennent naturellement de l’arsenic. Des milliers de personnes meurent chaque année d’empoisonnement aigu à l’arsenic dans la région, des centaines de milliers de personnes mourraient de cancers provoqués par l’arsenic.
-Une des sources citées contredit l’article de BE sur le rôle des bactéries anaérobiques (*) qui convertit l’arsenic favorisant au contraire son transfert et sa dissolution dans l’eau, selon l’équipe de Scott Fendorf (Université de Standford-USA) .
Anton
Lire :
Standford Report : Scientists solve puzzle of arsenic-poisoning crisis in Asia
(* ) anaérobiques = capables de vivre dans un mulieu privé d’oxygène