Retour sur le mystérieux rapport Le Maho (3)
5) Arguments économiques : le néant absolu !!!!
En introduction, YLM mettait en valeur la présence au sein du CHPA de représentants du monde socioéconomique. Or le volet économique du rapport du CHPA s’est révélé bien mince se contentant de pointer l’insuffisance des évaluations sur ce plan. YLM tente donc de renforcer l’argumentaire économique.
Il déplore que :
« Les publications existantes ont pour base une réduction de l’usage de pesticides sur les champs génétiquement modifiés (sic) et les arguments avancés par l’entreprise portent essentiellement sur des données économiques ne concernant pas le MON 810 ».
Ce qui ne l’empêche pas de tirer argument à la ligne suivante d’une prétendue augmentation de l’usage d’herbicides pour …les plantes RoundUp ready !
«Pourtant les statistiques du Ministère de l’agriculture américain indiquent que de 1994 à 2005, les plantes RoundUp Ready de l’entreprise ont provoqué une multiplication par 15 des quantités utilisés de RoundUp ».
Non seulement YLM s’autorise donc à être hors sujet là où il le reproche aux autres, mais il détourne sans vergogne les chiffres de leur signification.
Puisqu’on est dans la discussion des aspects économiques, tout ceci vise à faire croire que les agriculteurs sont contraints de verser des quantités de plus en plus effarantes d’herbicide. Bien sûr , si de tels chiffres avaient la signification qu’YLM veut leur donner, ça fait longtemps que les agriculteurs seraient sur la paille (GM) !
Soit YLM ignore la règle de 3, ce qui pose quand même un problème, soit plus vraisemblablement il prend les experts de l’EFSA (ainsi que les cultivateurs de plantes RR !) pour des demeurés, ce qui pose aussi un problème : en 1994 , les plantes RR n’étaient pas commercialisées aux USA , en 2005 il y a des dizaines de millions d’ha de plantes RR qui sont venues se subsituer aux cultures traditionnelles et par-là même le RoundUp s’est substitué à d’autres herbicides à spectre d’action réduit. Comment l’utilisation de RoundUp n’aurait-elle pas augmenté (9)?
Au total, l’adoption des plantes résistantes au Roundup (jusqu’à 90% des surfaces cultivées pour le soja aux USA) semble bien aboutir à une réduction des quantités totales d’herbicides (de 25% pour le soja à 33% pour le maïs) (10), une réduction du nombre d’épandages qui aboutit à des économies de fuel. Par ailleurs , le « quotient d’impact environnemental » calculé pour rendre comparables les quantités de pesticides utilisées dans les cultures transgéniques et dans les cultures traditionnelles est encore plus favorable aux premières (10) !
Concernant le Maïs MON810 YLM se contente de prophétiser une « augmentation inéluctable de l’utilisation de pesticides » lié à l’apparition de résistance chez les ravageurs primaires ou secondaires et de déclarer qu’ « on ne peut faire l’impasse d’une analyse économique (la) prenant en compte » . Exigence évidemment impossible à satisfaire, puisque tout ceci n’est qu’hypothèse inquantifiable, dans la mesure où encore faudrait-il que le phénomène apparaisse pour qu’on en mesure l’ampleur , les stratégies à même de le contrer etc… Peut-être les semenciers mettront-ils tout simplement au point une nouvelle lignée de maïs BT.
On ne peut donc que constater l’économie effective réalisée sur l’achat de pesticides pour les agriculteurs cultivant actuellement du maïs MON 810, dans la mesure ou la toxine qui élimine le principal ravageur du maïs est produite par la plante elle-même. De cela , YLM ne veut bien sûr pas entendre parler mais préfère « tirer des plans sur la comète ». Il en est ainsi pour les aspects économiques comme pour tout le reste !
Conclusion
Il ne semble pas, si tel était le but visé, que le document écrit par Yvon Le Maho pour soutenir le rapport du CHPA contre les critiques formulées à son encontre, plus conforme aux canons du militantisme anti-OGM qu’à ceux d’une publication scientifique, soit à la hauteur de la tâche. On voit mal comment l’EFSA pourrait considérer ses arguments comme appuyant les « faits nouveaux » et « doutes sérieux » exprimés par Jean-François Legrand lors de la remise du rapport. En toute logique , elle devrait formuler une conclusion analogue à celles émises à l’encontre des demandes grecques ou hongroises d’interdiction du maïs MON 810 :
« ...A la lumière de l'ensemble des renseignements fournis par les autorités grecques à l'appui de sa
clause de sauvegarde et, après avoir examiné toutes les publications, l'EFSA le groupe scientifique sur les organismes génétiquement modifiés (groupe OGM) conclut qu’ en termes de risque pour
l'homme et la santé animale et l'environnement, aucune nouvelle preuve scientifique n'a été présentée qui rendrait caduques les précédentes évaluations des risques du maïs génétiquement modifié
MON 810. Le groupe GMO a également conclu à l'absence de nouvelles données scientifiques ou informations à l'appui d’éventuels effets néfastes des maïs MON 810 sur l'industrie apicole en
Grèce, ni sur la santé humaine et animale.
Par conséquent, aucune preuve scientifique, en termes de risque pour la santé humaine ,animale ou l'environnement, n'a été fournie qui justifierait une interdiction de la culture du
maïs MON 810 autorisée en Grèce... » (11)
Fin
Anton Suwalki
(9) voir les données jusqu’en 2008 de la progression par espèces cultivées :
http://www.seedquest.com/News/releases/2008/july/23056.htm
(10) Trends in pesticide use on transgenic versus conventional crops (Gijs A.Kleter et al)
(11)http://www.efsa.europa.eu/EFSA/efsa_locale-1178620753812_1211902001981.htm
http://www.efsa.europa.eu/EFSA/efsa_locale-1178620753812_1211902002009.htm