Retour sur le mystérieux rapport Le Maho (2)

Publié le par Anton Suwalki

3) Avec les OGM à tous les coups l’on perd ?

 

Un tiers de l’argumentaire est consacré aux possibilités d’apparition de résistance des ravageurs et au contraire d’impact sur la faune non ciblée. Nous n’allons discuter point par point de ce qui a été déjà largement commenté au cours du colloque Biotechnologies et agriculture durable organisé par l’AFIS le 17 Janvier 2008 (6).

 

Bornons-nous à constater que YLM ne rehausse en rien les arguments du rapport du CHPA, et que quelques passages particulièrement consternants témoignent du niveau de maitrise du sujet que possède le nouveau Mr OGM du gouvernement :

 

« Les plantes femelles  sont par ailleurs plus sensibles  au pollen extérieur du fait qu’elles sont séparées des plantes mâles » .

 

Ce commentaire risque fort de faire le tour du monde agricole ou on rira de bon cœur d’apprendre que le maïs se divise en plantes males et femelles ! Il n’est pas impossible qu’ayant lu que le maïs était allogame, YLM en ait déduit (à tort) que mâles et femelles étaient séparés !  Non monsieur, une plante de maïs comprend des inflorescences femelles qui une fois fécondées donnent les épis !!!! et une inflorescence mâle située à l’extrémité de la tige. On ne saurait que trop conseiller à YLM de lire les fiches pédagogiques du GNIS,  ça serait peut être un minimum à connaître sur le maïs avant de prétendre écrire sur le maïs Bt(7).

 

Pour revenir aux problèmes de résistance et d’effets sur la faune non cible, soulignons que ce risque existe évidemment parce que c’est une loi de la nature : il n’est pas spécifique aux OGM. YLM ignore-t-il que depuis toujours les agriculteurs luttent contre l’apparition de ces phénomènes, en sélectionnant empiriquement de nouveaux génotypes capables de résistance aux ravageurs ? Cette tâche incombe maintenant en grande partie aux semenciers qui tentent d’y répondre plus efficacement, que la solution soit OGM ou autre. Personne n’a jamais émis l’idée que les OGM seraient à l’abri de tels problèmes. Mais paradoxalement, les anti-OGM qui considèrent les OGM comme « contre nature » voudraient exiger d’eux qu’ils suspendent les lois de l’évolution !

 

 Hostiles au mode d’obtention de la plante pour des raisons peu rationnelles, les anti-OGM semblent considérer qu’ils doivent nécessairement apporter avec eux une malédiction qui fait qu’on obtiendrait systématiquement l’effet inverse de celui qu’on veut obtenir. Voilà ce que c’est de « transgresser la nature », comme ils disent. Répétons-le, tous ces risques potentiels sont discutés régulièrement et ont fait l’objet d’innombrables commentaires et publications scientifiques, et rien jusque là ne permet de dire que les OGM actuellement commercialisés présentent davantage de risques que leurs homologues non GM. Mais tout le monde aura compris que telle ne peut pas être la démarche d’YLM qui veut qu’on étudie les OGM dans l’absolu, et non pas comparativement aux plantes conventionnelles :  ainsi il est largement discuté de la toxicité de la protéine Cry1Ab (fabriquée par le maïs Bt) sur le papillon monarque, le lombric (se rapporter à Agribiotech pour la discussion de ces cas), les coléoptères, les coccinelles….. Pourquoi ne pas la comparer à celle des souches de B.t directement épandues sur les cultures en agriculture conventionnelle et biologique (8)?

 

YLM reprend l’antienne de son compère Gilles-Eric Séralini selon laquelle :

 

« La protéine naturelle et celle produite par MON 810  n’ont pas les mêmes séquences primaires (enchaînement des acides aminés)». En fait il conviendrait de parler de structure primaire et non de séquence.

 

Toujours cette croyance ridicule que la nature est bienveillante tandis que ce qui est produit par l’homme serait dangereux ! Dans la mesure ou même si elle n’est pas tout-à-fait la même que la protéine naturelle, elles ont les mêmes fonctions,il est justement pertinent de comparer leurs effets respectifs sur les autres plans, sachant qu’elles se basent également sur des pratiques culturales différentes. Toute autre démarche est non scientifique et stérile car simplement basée sur des préjugés. 

 

 

4) amalgames grossiers

 

 YLM défend donc le rapport de la CHPA de manière bien pauvre, mais n’hésite pas à rajouter des considérations personnelles qui ressemblent fort à des clins d’œil à la mouvance anti-OGM à laquelle il appartient : « Se pose également la question de risques non avérés ou pour lesquels des doutes peuvent être légitimement émis ou totalement inattendus : sur ce point,  l’entreprise ne semble pas tenir compte de l’expérience des pathologies liées aux maladies à prions, comme la maladie de Creutzfeldt-Jacob (MJC) ou la maladie de la vache folle (ESB) Ces épisodes ont montré que les risques sanitaires inhérents aux nouveaux procédés agronomiques et industriels ont clairement été sous-estimés dans le passé » .

 

Trouver un tel amalgame dans un document écrit sur demande du gouvernement et destiné à une instance scientifique internationale est particulièrement choquant. C’est tout juste si YLM ne nous ressert pas le nuage de Tchernobyl !  Certes, il ne va pas jusqu’à écrire comme Marie Monique Robin que les OGM pourraient produire des prions pathogènes responsables de l’ESB, mais sur le plan de l’honnêteté intellectuelle, le parallèle ne vaut guère mieux.

 

Exécutons la première phrase (laborieuse) de ce passage qui semble vouloir dire qu’il y a le risque qu’existent des risques que l’on n’ait pas identifiés … Magnifique sophisme !

 

La maladie de la vache folle a été identifiée depuis le 19ème siècle et les raisons de la récente crise de la vache folle ne doivent rien à des « nouveaux processus agronomiques ( !!!!) et industriels ». Aucune espèce de lien ne peut être fait entre cette crise et les problèmes de santé qui pourraient surgir de la consommation de maïs Bt (on n’en a identifié aucun depuis 12 ans que bétail et consommateurs américains en consomment !) et YLM serait bien en peine de nous dire quels enseignements de la crise de l’ESB on pourrait tirer pour le Maïs MON 810, à part nous agiter le sacro-saint « principe de précaution ».

 

Ces amalgames grossiers ne servent qu’à manipuler et entretenir les peurs. Gageons que les experts de l’EFSA se laisseront moins facilement impressionner que le public habituel des gourous du mouvement anti-OGM.

 

(A suivre)

Anton Suwalki


Notes :

     (7)http://www.gnis-pedagogie.org/pages/mais/intro.htm

     (8) D’autant plus qu’ en agriculture Biologique ou en agriculture conventionnelle, on utilise de fait des spores de la bactérie obtenues après culture d’une souche donnée de B.t. Or une souche donnée contient et produit plusieurs toxines . C’est la raison pour laquelle lorsqu’on fait un épandage de spores de B.t., on répand non pas une seule toxine mais plusieurs : lesquelles, on ne sait pas très bien, en quelles quantités , et on ignore quel est le spectre d’action de chacune d’elles . 

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T
C'est sur qu'Y. LeMaho, spécialiste des manchots et de la biodiversité de l'antarctique est particulièrement compétent pour parler de la maladie de Creutzfeldt-Jacob (MCJ) et de l'encéphalopathie spongforme bovine ( ESB) , sans parler des prions..Attribuer la MCJ à des pratiques récentes de technologies agrobiologique c'est simplement délirer.<br /> Le sage disait " Sator, ne ultra crepitam", plus vulgairement ne p.... pas plus haut que votre QI
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