Une affaire de « contamination » de champ bio qui tombe bien
En matière d'actualité anti OGM, le hasard fait toujours bien les choses :
NIORT (AFP) -1er Avril 2008-04-01
Deux agriculteurs ont décidé de porter plainte devant le tribunal administratif de Poitiers contre l'Etat pour "dénoncer la contamination" de leur champ bio "par du maïs OGM", ont-ils
annoncé mardi lors d'une conférence de presse à Villiers-en-Plaine (Deux-Sèvres).
La suite de la dépêche :
http://fr.news.yahoo.com/afp/20080401/tsc-environnement-agriculture-biotechnol-c2ff8aa.html
Il faut reconnaître que cette affaire relayée par par le Conseil Régional de Poitou Charentes qui a décidé de se porter partie civile, est particulièrement
bienvenue, au moment où le projet de loi est discuté à l'Assemblée !
Le maïs contaminé se trouve sur une parcelle d'un hectare à Echiré (Deux-Sèvres) appartenant à Christian Veillat et à son fils Julien et située à plus de 25 km de la première parcelle de maïs OGM
officiellement cultivée dans le secteur.
"Soit la polennisation se porte plus loin que 25 km et cela démontre un risque réel ou alors il y a dans ce secteur des agriculteurs qui ont développé des OGM sans les déclarer", a
déclaré Serge Morin, vice-président de la région Poitou-Charentes, devant la presse.
S'il y a bien eu « contamination » du maïs bio par pollinisation avec du maïs OGM, contrairement à ce qu'affirme le dénommé Serge Morin, le mystère devrait être très vite éclairci : le coupable
doit se situer au voisinage très proche de la parcelle, une culture clandestine de maïs OGM ! Nul doute que les plaignants préféreraient la deuxième option , celle d'une pollinisation d'une
source distante de plus de 25 km, car ça permettrait d'appuyer la thèse de l'impossibilité totale de coexistence des OGM avec les cultures traditionnelles et bio. Et si une enquête est menée, il
est très vraissemblable qu'elle ne trouve pas de voisin responsable de ce forfait , ce qui permettra au mouvement anti-OGM de brandir une « pollution » sur des « dizaines voir des centaines
de km », selon l'expression totalement fantaisiste de Borloo, et donc de trouver après les « preuves » tellement défaillantes dans l'affaire de la « clause de sauvegarde ». D'ailleurs,
Veillat fils a déjà tiré les conclusions qui s'imposent: « C'est la preuve que les organismes génétiquement modifiés sont incontrôlables ». Sans surprise !
Il faudrait arrêter de prendre les gens pour des imbéciles .
Toutes les études méthodiquement réalisées dans différents pays européens concluent à des niveaux de pollinisation très faibles au-delà de quelques dizaines de mètres et indétectables lorsque la
distance se mesure en hectomètres, nous en avons listé quelques unes dans des articles précédents (1).
Les agriculteurs , qui estiment le préjudice à 1 200 euros, ont tout de même la chance dans son malheur. La « pollution » ne concerne qu'une petite parcelle de 1 hectare alors qu'ils
possèdent pas moins de 120 hectares selon Indy média (2). Le vent mauvais a frappé ces pauvres paysans bio opprimés avec une étonnante parcimonie , et se révèle est bien un précieux allié, tout à
coup !
Mais au fait, comment se fait-il que Christian Veillat et à son fils Julien portent plainte alors qu'une teneur en OGM inférieure à 0,9 % permet de bénéficier du label garanti sans OGM, y compris
en agriculture biologique ? Il n'est même pas sûr que le plainte soit juridiquement recevable , mais est-ce vraiment le but recherché ?
L'explication est plutôt ailleurs : Georges Castiel, médecin et porte-parole du collectif vigilance OGM Poitou-Charentes, a estimé que "cette affaire est un cas concret d'école". "On voit les
limites du projet de loi discuté à l'assemblée. Il y a impossibilité de faire coexisté les deux filières", selon lui.
Précisément à l'heure où le parlement délibère sur les OGM , les anti-OGM trouvent le cas d'école qui leur faisait cruellement défaut pour valider la thèse de la pollinisation sur « des dizaines,
voire des centaines de kilomètres » . Merci, monsieur le vent !
Anton Suwalki
Notes :
(1) http://imposteurs.over-blog.com/article-15890862.html
- pour ceux qui assimilent paysans bio à petit et paysans pas bio à gros céraliers "pas beaux" : avec 120 hectares, les paysans dont il est question ne sont pas ce qu'on peut appeler des moujiks...
- ensuite rendez-vous compte de l'ampleur de la "spoliation" :moins de 1% d'un hectare sur 120 hectare, c'est fait moins d' un douze millième de la récolte "polluée"! Et les politiques Conseil Régional en tête emboitent le pas à cette mascarade et portent plainte !