Centrales nucléaires et cancers : petit rebondissement insignifiant
On a évoqué la semaine dernière cette enquête allemande qui tombait à pic sur le risque de cancers encourus par les enfants aux abords d'une centrale
nucléaire. On avait souligné qu'on ne nous communiquait qu'à propos d'un seul seuil (moins de 5km) et seulement pour les enfants de moins de 5 ans. On ignore toujours le champ exact de l'étude,
mais voici qu'on nous parle d'un risque accru détectable jusqu'à une distance de 50 km ! On passe du tout au tout !
Une carte de l'implantation des centrales nucléaires nous montre en fait que la plus grande partie de l'Allemagne la plus densément peuplée et la plus industrialisée se
situe dans cette proximité. Autant dire que sur une telle aire, les facteurs pouvant concourir au cancer sont tellement nombreux et variés u'établir une relation entre centrale nucléaire et
cancer vire à la farce.
D'autant plus qu'on nous assure que le risque croit avec la proximité de la centrale. Comme c'est curieux. On devrait donc constater la même chose en France.
Intéressons-nous par exemple aux rumeurs qui avaient circulé à propos de l'usine de retraitement de La Hague. Il était cette fois-ci question du risque accru pour les 5-9 ans : 3 cas (en
20 ans !) de leucémie dans un rayon de 10 km autour de la Hague au lieu de 0,47 attendu. Et alors, si je constate dans l'immeuble où j'habite 3 cas de cancers pour 0,5 attendus, faut-il que
j'en déduise que l'endroit est malsain ? Bien évidemment, on n'a parlé que des 5 à 9 ans alors que pour les autres tranches d'âge considérées (0-5 et 10-24 ans) ,il n'y avait aucune sur-incidence
notée. Doit-on en conclure que l'activité de l'usine de la Hague nuit à la santé des 5-9ans, tandis que celle des centrales nucléaires allemandes nuit à celle des enfants de moins de 5
ans ? Quand donc obtiendra-t-on le minimum d'objectivité qui évite de ne retenir que ce qui nous arrange quitte à dire des âneries?
En fait de relation entre nucléaire et leucémies, un coup d'œil sur des données fournies par l'INSERM, tous âges confondus, permet de se faire une idée de l'inanité de ces
affirmations.
La Manche compte deux installations nucléaires, la centrale de Flamanville(1) et l'usine de la Hague(2). Les indices de fréquence des leucémies sont rapportés
à la moyenne française, mais déclinés par canton. Le canton de Flamanville affiche un indice nettement plus élevé que la moyenne (130-149), mais le canton mitoyen qui abrite l'usine de la Hague
se situe dans la moyenne nationale . D'autres cantons mitoyens (3)présentent des taux moitié moindre que la moyenne française.Et la mosaïque de la carte indique une répartition cantonale des
leucémies, pour toute la région totalement indépendante de la proximité de ces sites nucléaires, avec des taux maximum affichés par des cantons entièrement ruraux (4) (5) (6)! Est-ce à dire
que vivre à la campagne expose davantage aux leucémies qu'habiter près d'une centrale ? Bien sûr que non ! Ca met tout simplement en évidence le caractère bidon des corrélations que les
anti-nucléaire s'obstinent à trouver entre des cancers et des sites nucléaires qui sont responsables de moins de 1% de la radioactivité totale subie par les individus qui vivent à proximité
d'eux.