Le maïs mexicain « contaminé » : quand lnfoGM recrute Vychinski

Publié le par Anton Suwalki

1132159132402.jpg


« L'instinct de classe vaut mieux que mille preuves matérielles » disait Vychinski lors des procès de Moscou.  Par instinct de classe, il entendait le sens des intérêts de la couche de dirigeants qui s'étaient emparés de l'URSS et éliminaient à tour de bras les vétérans de la révolution. Si on n'ose se demander à quel « instinct de classe » se fie les anti-OGM, on est obligé de constater que Vychinski continue à faire des adeptes. 

En 2001, des traces de mais OGM américain avaient été retrouvées dans les plantations de maïs de l'autre côté de la frontière, au Mexique. La bonne foi  commanderait de parler de dissémination de faible ampleur et sans conséquence majeure, mais les anti-OGM  préfère avoir recours au langage médical et parler de « contamination » pour qu'on assimile spontanément OGM et maladie.

Il est inévitable qu'une petite partie des semences se disséminent d'un champ au voisin,emportés par les vents, sous les roues des machines agricoles, ou tout simplement parce que des agriculteurs se procurent de façon plus ou moins licite des semences génétiquement modifiées (1)… sans même qu'interviennent des phénomènes de pollinisation croisés. Si ces derniers peuvent toutefois avoir lieu, ça n'est toutefois pas plus inquiétant que ça, vu que le maïs est incapable de se reproduire sur plusieurs générations en l'absence d'intervention humaine, et qu'il n'envahit pas les espaces non cultivés  (de ce fait ne présente aucun risque pour l'environnement et les plantes sauvages).

Comme on devait s'y attendre, le maïs transgénique ne s'est pas perpétué. Une étude effectuée sur des récoltes de 2003 et 2004 n'a trouvé de trace de contamination dans aucun des échantillons prélevés (2). Une nouvelle pas très surprenante certes, mais dont ne pouvait se satisfaire InfoGM qui prétendent avoir mené leur propre enquête . Ce sont...les paysans mexicains "eux-mêmes qui ont effectué leur propre analyse : 

"
Alors les paysans ont refait des analyses. Avec les moyens de detection de "la première année ils n'ont pas retrouvé les séquences introduites mais ils pensent que ces sequences ont été transformées dans la descendance, ce qui appuierait le caractère instable de la construction genetique artificielle et expliquerait qu'elles ne soient plus detectées........par contre les malformations prolifèrent. Autrement dit, le texte affirme :
"On a été alarmés par le fait que nous ne retrouvions pas la présence de contamination sur les plantes
déformées, ce qui nous fait supposer que les méthodes pour détecter la présence de contamination (qui ont été mises au pont par les mêmes entreprises de semences transgéniques)) ne fonctionnent pas pour les générations postérieures à la première, et en conséquence,la contamination est hors de contrôle pour la communauté scientifique, parce qu'elle est invisible à ses méthodes de détection
"."

On parle ici de plantes difformes dont seuls les anti-OGM ont entendu parler. Passons.
La manipulation démagogique saute aux yeux : Les paysans, qui sont censés avoir fait les analyses "eux-mêmes" ne s'expriment pas dans la langue des paysans, mais utilisent exactement la terminologie des quelques scientifiques ralliés à la cause anti-OGM.

 Remarquons que cette « étude », si elle a réellement eu lieu, n'a plus pas détecté de «contamination » que l'étude menée par les chercheurs assermentés. Mais la conclusion est stupéfiante. 
S'ils avaient trouvé quoique ce soit, les anti-OGM auraient bien sûr crié au scandale et brandi la preuve que la « contamination » était bel et bien confirmée. Mais, comme on n'est plus à une pirouette près, l'absence de preuve devient elle aussi confirmation. Si les OGM ne sont plus détectables , c'est tout simplement…qu'ils ont muté ! Pile je gagne, face tu perds ! Nul doute que Vychinski lui-même
aurait été béat d'admiration devant une telle  malhonnêteté intellectuelle.




Notes :
(1) c'est ce qu'on a soupçonné pour le maïs mexicain , ce qui offusque peut-être les
semanciers inquiets pour leurs royalties, mais ça signifirait que certains paysans du Sud sont
moins arriérés que nombre d'intellectuels des pays « civilisés ». 

(2)http://www.ogm.gouv.qc.ca/envi_maisgm.html

 

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
C
effectivement, tu as raison, j'ai relu l'article mais en revanche l'étude de Ignacio Chapela et David Quist constatait bien des croisements avec transfert du transgene retrouvé dans des mais non gm.<br /> <br /> je cite un extrait l'étude parue dans Transgenic research" en 2002<br /> <br /> en revanche la méthodologie de chapela et quist a été sérieusement contestée par les scientifiques qui ont refait des analyses les années suivantes et n'ont rien trouvé<br /> <br /> " To avoid any confusion about what was being<br /> tested, it is important to clarify that this was maize, Zea mays, a landrace perhaps, but maize nonetheless, and not a progenitor species of maize. The experimental data Quist and Chapela cite as evidence for their conclusions is based solely on PCR and inverse PCR (IPCR). All those working with these two techniques know very well that they are prone to artifacts and we have all learned in the course of many years to exercise caution in designing and interpreting experiments based on methodology involving PCR and IPCR. All evidence in the present study is based on PCR for various sequences (the CaMV35S promoter, nos terminator and Bt cryIAb). Among these, only the CaMV35S sequence was analysed by both PCR and IPCR. It was necessary to use nested PCR (two consecutive PCR reactions) to detect an obvious product.<br /> This is a particularly risky approach, since extremely low levels of contamination introduced during the handling of samples can be the cause of a positive result.<br /> The authors claim the Diconsa store sample gave a strong product in the first round of PCR but have cut out this track of the gel, without explanation. The Criollo samples represented a bulk of 150–400 grains.<br /> If the claimed presence of the transgene was due to pollination from commercial transgenic maize, one would not need PCR to prove it, given the level of‘contamination’ in this relatively small number of kernels. An old-fashioned, but more reliable Southern blot would have sufficed, and would have provided more clear and unequivocal data. Indeed, the progeny<br /> of such pollinations would be very evident in terms of the dramatic change in the phenotype of the plant and cobs. Given that the authors relied on PCR, 40 PCR cycles would have been enough to amplify a single template molecule – a molecule which could have very easily been present because of contamination from a source other than plant DNA. The authors do not employ measures to eliminate any source of contamination, and therefore do not rule out the most likely explanation for the results they observed."<br /> <br /> tout le reste de l'article détaille les erreurs et les failles de l'étude de Quist et Chapela.<br /> <br /> et voila la conclusion:<br /> <br /> "It is most likely that the report by Quist and<br /> Chapela is a testimony to technical failure and artifacts which are common with PCR and IPCR. The PCR results are likely due to minute contamination of the ground sample powders. The inverse PCR results are problematic, internally inconsistent and not what is expected from cross-pollination by commercial transgenic maize. Most frustrating is the total failure of the authors to do the easy and incontrovertible experiment of growing out the suspected contaminated lines. Hybrids between Mexican landraces and transgenic commercial maize would be very obvious. It is disappointing that the editors of Nature did not insist on a level of scientific evidence that should have been easily accessible if the interpretations were true. Consequently, no evidence is presented to justify any of the conclusions presented in the paper."<br /> <br /> de toutes manieres l'étude parue en juin 2005 dans "Proceedings of the National Academy of Sciences" et portant sur les récoltes de 2003 et 2004 a levé tous les doutes. et cette étude, Absence of detectable transgenes in local landraces of maize in Oaxaca, Mexico (2003-2004) est téléchargeable librement ici http://www.pnas.org/cgi/reprint/0503356102v1.pdf
Répondre
C
en fait en 2001, les chercheurs avaient bien constaté un croisement entre le maïs sauvage, la teosinte Zea mays subspecie parviglumis et un maîs génétiquement modifié. Dans l'ADN de la teosinte on retrouvait en effet les marqueurs accompagnant le gène introduit.<br /> <br /> mais ces hybrides ont été rapidement éliminés par la sélection naturelle car les caracteristiques du maïs domestique le rendent impropres à la compétition avec les plants de teosinte non hybrides bien plus résistants. C'est pourquoi, les vrais chercheurs (pas les "chercheurs des champs" chers aux anti-ogm) revenus à plusieurs reprises en 2002, 2003, et 2004,n'ont plus trouvé trace de ces hybrides
Répondre
A
Bonjour Canardos,à moins que des infos m'aient échappées, l’étude (1) qui avait conclu à la « contamination » du maÏs mexicain par du maïs trangénique américain portait sur des variétés de maïs cultivé, certes de très vieilles variétés dont la domestication date des civilisations amérindiennes, mais ne parlait pas de la téosinte, l’ancêtre sauvage du maïs .    (1) Ignacio Chapela - David Quist , étude publiée en 2001 par la revue Nature