Le maïs mexicain « contaminé » : quand lnfoGM recrute Vychinski
« L'instinct de classe vaut mieux que mille preuves matérielles » disait Vychinski lors des procès de Moscou. Par instinct de classe, il entendait le
sens des intérêts de la couche de dirigeants qui s'étaient emparés de l'URSS et éliminaient à tour de bras les vétérans de la révolution. Si on n'ose se demander à quel « instinct de classe » se
fie les anti-OGM, on est obligé de constater que Vychinski continue à faire des adeptes.
En 2001, des traces de mais OGM américain avaient été retrouvées dans les plantations de maïs de l'autre côté de la frontière, au Mexique. La bonne foi commanderait de parler de
dissémination de faible ampleur et sans conséquence majeure, mais les anti-OGM préfère avoir recours au langage médical et parler de « contamination » pour qu'on assimile spontanément OGM
et maladie.
Il est inévitable qu'une petite partie des semences se disséminent d'un champ au voisin,emportés par les vents, sous les roues des machines agricoles, ou tout simplement parce que des
agriculteurs se procurent de façon plus ou moins licite des semences génétiquement modifiées (1)… sans même qu'interviennent des phénomènes de pollinisation croisés. Si ces derniers peuvent
toutefois avoir lieu, ça n'est toutefois pas plus inquiétant que ça, vu que le maïs est incapable de se reproduire sur plusieurs générations en l'absence d'intervention humaine, et qu'il
n'envahit pas les espaces non cultivés (de ce fait ne présente aucun risque pour l'environnement et les plantes sauvages).
Comme on devait s'y attendre, le maïs transgénique ne s'est pas perpétué. Une étude effectuée sur des récoltes de 2003 et 2004 n'a trouvé de trace de contamination dans aucun des
échantillons prélevés (2). Une nouvelle pas très surprenante certes, mais dont ne pouvait se satisfaire InfoGM qui prétendent avoir mené leur propre enquête . Ce sont...les paysans mexicains
"eux-mêmes qui ont effectué leur propre analyse :
"Alors les paysans ont refait des analyses. Avec les moyens de detection de "la première année ils n'ont pas retrouvé les séquences
introduites mais ils pensent que ces sequences ont été transformées dans la descendance, ce qui appuierait le caractère instable de la construction genetique artificielle et expliquerait qu'elles
ne soient plus detectées........par contre les malformations prolifèrent. Autrement dit, le texte affirme :
"On a été alarmés par le fait que nous ne retrouvions pas la présence de contamination sur les plantes
déformées, ce qui nous fait supposer que les méthodes pour détecter la présence de contamination (qui ont été mises au pont par les mêmes entreprises de semences transgéniques)) ne fonctionnent
pas pour les générations postérieures à la première, et en conséquence,la contamination est hors de contrôle pour la communauté scientifique, parce qu'elle est invisible à ses méthodes de
détection"."
On parle ici de plantes difformes dont seuls les anti-OGM ont entendu parler. Passons. La manipulation démagogique saute aux
yeux : Les paysans, qui sont censés avoir fait les analyses "eux-mêmes" ne s'expriment pas dans la langue des paysans, mais utilisent exactement la terminologie des quelques scientifiques
ralliés à la cause anti-OGM.
Remarquons que cette « étude », si elle a réellement eu lieu, n'a plus pas détecté de «contamination » que l'étude menée par les chercheurs assermentés. Mais la conclusion est
stupéfiante. S'ils avaient trouvé quoique ce soit, les anti-OGM auraient bien sûr crié au scandale et brandi la preuve que la
« contamination » était bel et bien confirmée. Mais, comme on n'est plus à une pirouette près, l'absence de preuve devient
elle aussi confirmation. Si les OGM ne sont plus détectables , c'est tout simplement…qu'ils ont muté ! Pile je gagne, face tu perds ! Nul doute que Vychinski lui-même
aurait été béat d'admiration devant une telle malhonnêteté intellectuelle.
Notes :
(1) c'est ce qu'on a soupçonné pour le maïs mexicain , ce qui offusque peut-être les
semanciers inquiets pour leurs royalties, mais ça signifirait que certains paysans du Sud sont
moins arriérés que nombre d'intellectuels des pays « civilisés ».
(2)http://www.ogm.gouv.qc.ca/envi_maisgm.html