Une lamentable tentative de museler la critique

Publié le par Anton Suwalki

Retour de Wackes Seppi sur l'« enquête » de Benjamin Sourice

A.S. (ante scriptum)

L'« enquête » de M. Benjamin Sourice – publiée sur son blog le 13 mai 2015, puis dépubliée, puis republiée le 21 (mais datée du 18) avec un contenu modifié – a été dépubliée par le médiateur de Médiapart le 26 mai 2015. Le webcache a aussi été nettoyé, et deux articles de M. Yann Kindo, reprenant de larges extraits de cette « enquête » pour les démonter font figure de victimes collatérales, ayant également été supprimés.

La charte de Médiapart énonce :

« Les contributions publiées par les abonnés de Mediapart relèvent exclusivement de leur responsabilité et ne subissent aucun contrôle a priori. Toutefois, conformément à la loi, dès lors qu’il sera informé de la publication d’un contenu susceptible d’engager sa responsabilité pénale, et après avoir informé le contributeur responsable de cette publication, Mediapart pourra procéder à sa suppression. »

Le médiateur a donc estimé – à juste titre – que la responsabilité pénale de Médiapart était susceptible d'être engagée en cas de maintien de l'article.

La charte précise aussi :

« Vie privée. La divulgation d'informations relevant de la vie privée d’autres abonnés ou de toute autre personne, la divulgation d’informations permettant l'identification nominative et précise d’un abonné usant d’un pseudonyme, la diffusion des adresses postales, électroniques et numéros de téléphone personnels de quiconque est interdite. »

Le médiateur a manifestement estimé que cette règle – qui n'est qu'une application de l'article 226-4-1 du Code pénal, et qui s'applique dès lors qu'un pseudonyme est mis en relation, à tort ou à raison, avec un patronyme – a été bafouée. Ceci, sans compter l'interdiction des propos injurieux, diffamatoires, dont l'article était abondamment pourvu.

Titillé par M. Yann Kindo, après la deuxième dépublication, le 26 mai 2015, M. Benjamin Sourice a répondu :

« Ne vous inquiétez pas, je trouverai à le republier. »

Puisqu'il en est ainsi, que le billet de M. Sourice a fait l'objet d'un début de propagation virale, et que M. Sourice a l'intention de persister, il n'est pas inutile de commenter le défunt (deuxième) billet.

Cette « enquête » illustre aussi une dérive inquiétante de la mouvance anti-OGM qu'il convient de dénoncer avec vigueur. En effet, l'ensemble des faits et circonstances conduit à exclure la thèse du dérapage individuel et à privilégier celle du dérapage dans le cadre d'une opération d'envergure.

De l'art du camouflage, ou quand l'hôpital se moque de la charité

M. Benjamin Sourice se plaît à se présenter comme « journaliste indépendant et blogueur. Il est aussi un citoyen engagé et bénévole auprès d’associations et de collectifs militants » [1]. Mais, selon son profil Linkedin [2], dans lequel il se présente comme « Freelancer journalisme et relations média », son employeur actuel est les Éditions Charles Léopold Meyer (sic, c'est Mayer, et il y a un trait d'union entre les deux prénoms), un diverticule de la Fondation pour le Progrès de l'Homme, celle-ci étant un point névralgique – notamment un tiroir-caisse – de la galaxie alter et anti, et plus particulièrement anti-OGM [3]. Pour ses emplois précédents, il a cité le Comité de Recherche et d'Information Indépendantes sur le Génie Génétique (CRIIGEN, il y fut chargé de communication et relations extérieures [4]) et, en tant que pigiste, Friends of the Earth (Les Amis de la Terre).

M. Sourice a publié sur son blog tenu sur Médiapart, le 13 mai 2015, « Lanceurs d'alertes et e-réputation : révélations sur la stratégie de diffamation du lobby OGM ». Comme on le sait maintenant, l'objet du billet était essentiellement de jeter en pâture des noms de blogueurs rationalistes – et, partant, « anti-anti-OGM » (mais pas que) – et d'annoncer des dépôts de plainte en diffamation, manière subtile de (tenter de) les museler.

M. Sourice se présente sur le blog Médiapart comme « [a]uteur, blogueur, agitateur » ; comme quoi... il y a ceux qui utilisent un nom de plume, et ceux qui avalent leur CV et leurs liens d'intérêts...

Dur, dur d'avaler son chapeau...

Un premier article a été dépublié quelques jours après ; peut-être devant les quolibets de M. Yann Kindo, dans les commentaires et dans un article de sa plume également publié sur un blog tenu sur Médiapart (et dépublié), « Festival de "révélations" du lobby anti-OGM ».

Et devant une évidence incontournable : M. Sourice avait « démasqué » Wackes Seppi en la personne de M. Guy Waksman – qui n'y peut mais. C'était du reste cocasse : M. Waksman a nié être Wackes Seppi, mais le connaître, et, imperturbable, M. Sourice a écrit :

« Poursuivons nos révélations avec le cas du second comparse, le sulfureux Wackes Seppi, dont nous pouvons affirmer qu'il s'agit de M. Guy Waksman ».

M. Suwalki a écrit une réponse ici [5] ; M. Kindo la met en lien dans un commentaire sur le site de M. Sourise, avec quelques moqueries. J'en ai produit une autre, « Révélations sur une belle cagade – À propos de... », que M. Waksman a publiée sur la Gazette de l'AFIA [6]. Je devais bien ça à un ami de quarante ans.

Le premier article a été dépublié le 18 mai... Ou faut-il écrire qu'il n'a été dépublié que le 18 ?M. Sourice s'est donc remis en chasse, sans doute aidé par... pouvons nous utiliser son vocabulaire dénigrant et insultant ?... Ou l'illustration [7] qu'il a cru judicieux de mettre en chapô ?

Une nouvelle version a donc été publiée le 21 mai 2015.

M. Sourice s'est bien gardé de mettre ma réponse, pourtant citée par extraits, en lien. Elle contient en effet quelques vérités dérangeantes.

Et donc : « Cessons là le suspense ! » Oh oui, il y avait suspense, intolérable. M. Kindo s'était fendu le 20 mai 2015 d'un « Libérez les "révélations" de Benjamin Sourice ! » (dépublié). Voici donc un échange de commentaires sur le blog de M. Kindo :

Benjamin Sourice, 21/05/2015, 13:05 :

« Merci de votre soutien Yann, je reviens avec mon billet édité, malheureusement, je n'ai toujours pas trouvé d'intérêt à vous citer dans cette enquête malgré vos simargrés. »

Yann Kindo, 21/05/2015, 13:34 :

« Faites vite !

....

Enfin, façon de parler : ne faites pas trop vite quand même et prenez un peu de temps pour vérifier les choses, ce coup-ci ; ça serait con de devoir reretirer l'"enquête" pour la reéditer. »

Le sage conseil n'a pas été entendu ! Remanier un texte n'est pas facile. Le remanier quand on s'est fourvoyé dans les grandes largeurs et que l'égo renâcle...

...et encore plus dur d'enlever son chapô

Rappelons que le « chapô » est un texte court coiffant un article, généralement typographié en gras, pour amener le lecteur à entrer dans l’article.

Ici, il se compose d'une illustration et d'un texte qui forment manifestement un ensemble, certes dissociables, mais cohérent. Il résulte manifestement de cette combinaison qu'en première ligne, Anton Suwalki et Wackes Seppi et, en deuxième ligne, les autres personnes mentionnées dans l'article, sont traités de corbeaux.

L'article et l'illustration, largement diffusée sur Twitter, ont été sources d'inspiration, les réactions démontrant ad nauseam, l'intention malveillante et délictueuse [8] !

M. Suwalki avait écrit : « ...illustrer le papier avec une image de corbeaux relève de l’infamie ». Dans mon sarcasme, il y avait une déclaration sans nuance : « en droit, c'est l'évidence même ».

M. Sourice n'a pas seulement maintenu l'illustration, alors qu'il était clairement averti de son caractère diffamatoire. Il en a changé le titre de « profils de corbeaux » en « le corbeau sous tous ses profils ».

Du coup, il faut abandonner le ton badin : cette illustration, surtout assortie de sa nouvelle légende, évoque furieusement une certaine «exposition » qui eut lieu à Paris du 5 septembre 1941 au 15 janvier 1942.

De l'outrance au ridicule

Ça commence fort : depuis 2007 – c'est faux en ce qui me concerne – nous (M. Suwalki et moi) dénigrerions « méthodiquement journalistes, lanceurs d'alertes, et autres "ayatollah de l'écologisme" » (c'est nous qui graissons ici et dans le paragraphe suivant).

Intéressante énumération... Il y a des journalistes et des personnes qui se considèrent comme lanceurs d'alertes qui doivent être flattées de se voir mis au même niveau que les ayatollahs de l'écologisme...

Et intéressante question philosophique : est-on dans le registre du dénigrement quand on dénonce les agissements d'un ayatollah de l'écologisme ?

Poursuivons : « la page web est devenue une référence en matière de diatribe contre les "anti-OGM" et "le lobby bio", dont les porte-paroles sont systématiquement associés aux "pires des obscurantistes", tous ces "ayatollah de l'écologisme" et autres "fous du bio". » Intéressante syntaxe... le symptôme d'une implication personnelle et d'un manque de recul. Une expression nous est prêtée (sauf erreur) à tort, ce qui constitue... article... Code pénal.

Et ça finit aussi fort : « Maintenant que les véritables imposteurs ont été démasqués, c'est donc à la justice de s'emparer de l'affaire afin de juger des responsabilités de chacun. »

Il fut un temps, une période sombre de notre histoire, où les dénonciations étaient souvent anonymes. Il fut d'autres temps, y compris de notre histoire, et des régimes où des tribuns, des groupes ou encore des journaux pouvaient jeter des noms en pâture et interpeler la justice pour qu'elle fasse œuvre de parodie de justice. Voilà un agitateur qui nous montre qu'un sombre passé a de l'avenir.

Wikipedia, encyclopédie à participation de préférence limitée

M. Sourice, très disert sur les « stratagèmes informatiques », dont il est manifestement un grand connaisseur, ce qu'on ne saurait lui reprocher, a donc dû avaler son chapeau au sujet de la prétendue altération des « biographies de personnalités sur l’encyclopédie participative Wikipédia ». Notez bien : notre « inculpation » résulte du contexte. Nous aurions altéré (première version de l'article)... eux – enfin, l'autre bord – contribuent. Il n'y a qu'à voir, par exemple les articles relatifs à M. Marc Fellous ou à Agriculture-environnement, dont on ne devrait retenir que les condamnations en diffamation [9].

Ne sont donc pas en cause les « deux portes flingues » ou les « petites mains du lobby OGM » –lesquels, horreur et damnation !, « ont séquestré le rationalisme et la parole scientifique ». C'est « [...], de son vrai nom [...], un autre "ingénieur agronome-halieutique " anonyme et habitué des blogs écolophobes comme alerte-environnement.fr, où il échange régulièrement avec Wackes Seppi et Anton Suwalki ». Pourquoi « autre » ? Le titre d'ingénieur agronome serait-il une tare ? Enfin chez ceux qui ne partagent pas les convictions de... chut !

Mais bingo ! « il échange régulièrement... » ! Le début d'une grande conspiration, ou peut-être d'une confrérie secrète ! Sauf que M. Suwalki ne commente plus depuis longtemps sur le blog précité. Cela peut paraître futile, mais démontre, d'une part, l'indigence de l'« enquête inédite » et, d'autre part, l'acharnement mis à suggérer, à défaut de démontrer, une machination.

M. [...] sourcerait « régulièrement ses propos à partir du blog Imposteurs.org. » C'est curieux. Une petite recherche d'Imposteurs sur Wikipedia ne produit qu'un résultat, dans « Long term toxicity of a Roundup herbicide and a Roundup-tolerant genetically modified maize », le célèbre article de M. Séralini. Du reste, Alerte-environnement, c'est trois références, Agriculture-environnement, une..

S'il était vrai que M. [...] se réfère abondamment à Imposteurs, alors il faudrait constater que certains personnages controversés du monde alter et anti bénéficient d'une garde médiatique rapprochée, « nettoyant » Wikipedia de ces références. En fait, ce qui est reproché à M. [...], sous l'intertitre fort cryptique « Wikipédia, l'encyclopédie du greenwashing ? », c'est d'être un contributeur rationaliste de Wikipedia.

Quand une première fois n'est pas une première fois...

Tout fier d'avoir « démasqué » M. Anton Suwalki, M. Sourice écrit fièrement (redondance volontaire) : « nous noterons cependant que c'est la première fois que [...] adossait (sic) publiquement son costume d'Anton Suwalki sur son blog comme ailleurs sur la toile. »

Faux !

Il suffit d'une petite recherche associant les deux noms pour trouver des références antérieures, y compris, certes de manière non évidente pour le lecteur moyen, sur le site Imposteurs. On peut vous aider, M. Sourice, manière de compléter votre arsenal intellectuel et d'éviter une nouvelle bévue : M. Suwalki a écrit : « Nous avions publié... » en mettant un article en lien renvoyant à son patronyme civil.

...et qu'un lobbyiste professionnel et aguerri est un amateur

À quoi pouvait bien servir la divulgation de l'identité de M. Suwalki ? À part évidemment ce que nous appellerons par euphémisme une amicale pression : « Fais gaffe, on t'a dans le collimateur... » (ceci n'est pas une citation) ? Et une mise en cause par association de l'AFIS et par voie de conséquence une extension et consolidation du « lobby OGM » évoqué dans le titre de l'article commenté ici ?

M. Sourice nous offre un superbe exemplaire de propos contradictoires :

« Notre enquête a permis de reconstituer une véritable cartographie du lobby OGM, allant d'acteurs associatifs à des professionnels du secteur agricole, soutenus par des lobbyistes professionnels et aguerris impliqués de longue date dans la "querelle des OGM". »

Puis, dès le paragraphe suivant :

« Notre investigation a permis de découvrir qu'Anton Suwalki se nomme en réalité [...] son Cv ne révèle aucune qualification particulière en matière de biologie, d'agriculture ou de journalisme malgré ce que l'anonymat lui permettait de sous-entendre sur ses compétences.

On admirera aussi la logique interne de la deuxième citation : l'anonymat permet de sous-entendre...

Même problème de n'importe quoi pour les liens entre M. Suwalki et l'AFIS :

« [...] Anton Suwalki [...] a toujours fait preuve d'un certain enthousiasme pour les écrits de l'Association Française pour une Information Scientifique (AFIS). Or si l'AFIS a toujours gardé une distance sanitaire avec les propos outranciers d'Imposteurs.org, le site a bien été lancé par un administrateur de cette association. »

Et, au paragraphe suivant :

« Loin de n'être qu'un sympathisant, [...] est adoubé par les membres de l'AFIS après le lancement du blog en rejoignant le Conseil d'administration de l'association en 2008. » (C'est nous qui graissons.)

Un petit cours de droit

M. Sourice a cru identifier un « fonctionnaire onusien retraité » en la personne du « second comparse, le sulfureux Wackes Seppi » – un pseudonyme emprunt d'autodérision renvoyant effectivement à l'Alsace. L'Alsace aussi de M. Marcel Kuntz qu'il a cru habile de nommer dans une tentative d'extension de sa « cartographie » imaginaire. Mais c'est qu'il y a aussi un réseau d'OGMinati alsacien... M. Kuntz a en plus l'avantage d'être un « ex-président de l'AFIS »...

Il a cru... avec une dose d'enfumage qui ne trompera que le fan club : « mais de nouveaux éléments apparus suite à la publication de l'enquête nous ont contraint d'admettre que nous avions fait fausse route et d'éditer ce papier à la lumière de nouvelles recherches. » De nouvelles recherches ? Vite de quoi remettre en ligne... pour se faire gauler à nouveau.

Prenons simplement le vocabulaire. Une petite leçon de français est toujours utile aux journalistes : le « second comparse », c'est le troisième personnage. Et une petite leçon de droit l'est encore plus. « Comparse » signifie aussi « complice qui joue un rôle secondaire dans une affaire délictueuse » [10]. Il nous est donc imputé, à M. Suwalki et à moi-même, un délit. Ça s'appelle de la diffamation.

Mais revenons au vocabulaire, ou plutôt à la logique : le « comparse » est élevé plus loin dans le texte « au rang de personnage emblématique de cette galaxie d'amateurs de l' "écolo-bashing" et pourfendeurs des "obscurantistes anti-progrès" ». Flatteur... Mais n'est-ce pas la preuve d'une tentative, de la part de M. Sourice, de ternir l'« e-réputation » du « comparse » ?

La suite n'est pas mal non plus : « Point n'est ici question d'un "grand complot", mais bien de l’œuvre d'une poignée de militants pro-biotechnologie, petites mains du lobby OGM... » Des « petites mains [...] qui ont séquestré le rationalisme et la parole scientifique ». Grands dieux...

Le lobbying et le « plaidoyer »

M. Sourice n'a pas grand chose à se mettre sous la dent pour Wackes Seppi. C'est trop compliqué d'insinuer qu'il est en service commandé, et que le « lobby OGM » s'étend à des organisations dont une, soit dit en passant, n'est pas « sous contrôle de l'ONU ». Alors, il s'attache à brosser une image qui plaît à sa clientèle, le monde alter et anti. Ainsi donc, le personnage dont le nom est jeté en pâture a fait un séjour à Bruxelles pour « un travail de relations publiques à la hauteur des stratégies mises en place par les cabinets de lobbying qui pullulent à Bruxelles. »

Le fan club de M. Sourice sera sans nul doute déçu d'apprendre qu'à ce jour, 26 entités onusiennes et la Banque Mondiale ont des bureaux à Bruxelles... Pour certains fort modestes [11].

Et surtout motus : pas un mot sur la pullulation à Bruxelles des entités généralement désignées par le sigle « ONG » et s'auto-proclamant « de la société civile ». Et qui se regroupent en un « grand nombre de réseaux formels, d'alliances et de coalitions ». C'est dit par Friends of the Earth, un employeur de M. Sourice. FoE Europe, c'est en gros un budget de 3,4 millions d'euros (l'Europe, masochiste, en finançant la moitié pour se faire vilipender...), dont 830.000 pour les activités de lobbying ; c'est aussi onze personnes accréditées pour entrer à leur guise au Parlement européen [12]. Ce n'est là qu'un exemple.

Mais ce n'est pas du lobbying pour FoE, c'est du « plaidoyer ». Nuance...

Petites leçons de dénigrement mesquin

C'est sous le titre : « Ultra-libéraux et lobbyistes aux manettes ».

Sans point d'interrogation dans la première version. Le « lobby OGM », ultra-puissant dans la vision manichéenne de M. Sourice et Cie, partagerait donc les manettes avec un courant de pensée dont la seule évocation du nom suscite un large rejet ? Voilà une autre « dissonance cognitive », pour reprendre les termes du billet de M. A. Kollantaï sur ce site [13].

Avec point d'interrogation dans la deuxième version... Un début de prise de conscience de l'absurdité du propos ? Que non ! Le propos devient en fait encore plus absurde puisque M. Sourice en vient à douter du fait que les lobbyistes sont aux manettes...

Le story-board, c'est que la reprise de certains articles d'Imposteurs (pas de tous comme l'affirme l'auteur d'une « enquête inédite » décidément bien bâclée) dans « Contrepoints.org, d'obédience néolibérale et libertarienne (façon Tea Party américain) » a été organisée par un intermédiaire, lequel trouvait une place de choix dans sa « véritable cartographie du lobby OGM ».

D'« obédience néolibérale », certes, mais pourquoi « libertarienne (façon Tea Party américain) » et ensuite « ultra-libéraux » ? C'est qu'il faut actionner les ressorts émotionnels, exciter l'animadversion du monde alter et anti, qui prétend se situer à la gauche de l'échiquier politique, tout en ne craignant pas d'applaudir une démarche digne de McCarthy, ou encore Gringoire et Je suis partout.

Alors, pourquoi le point d'interrogation ? C'est que, le 14 mai 2015, le lendemain de la publication de la première version, M. Suwalki a répondu : « contrairement à ce que raconte le pseudo-journaliste, je n’ai pas de tribune dans Contrepoints, son rédacteur en chef m’a simplement demandé l’autorisation de reprendre les articles qui lui semblaient intéressants. »

Tombait donc à l'eau le beau conte de fées de l'amateur de complots – au conditionnel – avec un marionnettiste occulte tirant des ficelles... La fable d'un « nouveau personnage jusqu'alors discret sur la scène des promoteurs des biotechnologie en France, mais dont l'implication semble avoir été stratégique » ; d'un personnage dont il « semblerait [qu'il] ait également fait profiter les auteurs d'Imposteurs.org de son réseau personnel pour intégrer les pages de Contrepoints.org ». C'est certes parole de M. Suwalki contre supputations de M. Sourice ; supputations aussi invraisemblables que dérisoires. Rasoir d'Occam contre élucubrations débridées

C'était aussi, pour M. Sourice, le dilemme entre abandonner un pan entier de son « enquête » et maintenir la dénonciation d'une « grande confrérie des pourfendeurs d'écologie dans les cercles ultra-libéraux français ». Va donc pour une lamentable ficelle du pseudo-journalisme d'enquête : garder la belle histoire, déjà au conditionnel à l'origine, en l'introduisant par un point d'interrogation...

Un « nouveau personnage jusqu'alors discret » ? On est, dans le récit de M. Sourice, en « 2011 [...] quand [..] Contrepoints.org [...] invite nos deux blogueurs à s’épancher dans ses colonnes. » Mais c'est que ce M. Jean-Paul Oury « est également l'auteur d'une publication au Presse Universitaire de France (sic) sur "La querelle des OGM" (PUF, 2006) et [qu'il] participe à de nombreuses reprises aux publications de l'AFIS, notamment en 2007 au moment du lancement du blog Imposteurs.org. » Quelle discrétion !

Et quelle merveilleuse illustration de l'étonnante capacité des activistes de la mouvance anti-OGM à se contredire, ici d'une phrase à la suivante, pourvu que chacune des propositions contradictoires fasse vibrer la fibre émotionnelle du fan club !

L'homme qui a vu la femme qui a vu Monsanto...

M. Oury a l'« avantage » d'avoir « fricoté » avec... Monsanto. Oh ! Par personne interposée... C'est qu'il a été recruté comme consultant en 2008 par une agence de conseil en communication qui avait comme directeur-conseil... « une certaine [...], ancienne directrice de communication de Monsanto France, comme le confirme un ancien Cv que nous avons pu nous procurer ».

« ...une certaine » ? Ça fleure mauvais une « certaine » littérature. « ...que nous avons pu nous procurer » ? Ça, c'est un tic de journaleux, ou encore de complotiste. Nous aussi, nous avons pu nous procurer des CV... en trois clics. Monsanto, c'était une parmi une douzaine de structures et entreprises différentes pour lesquelles cette dame a travaillé, et c'était en 1999-2001.

Mais cela suffit pour faire le lien et peupler la « cartographie du lobby OGM ». Ouf ! Monsanto y est...

...et qui (l'homme) connaît l'homme de Contrepoints...

Et M. Oury connaît le directeur de Contrepoints, par ses activités politiques passées... « C'est donc probablement par ces appuis que les deux comparses Anton Suwalki et Wackes Seppi sont devenus membres de la grande confrérie des pourfendeurs d'écologie dans les cercles ultra-libéraux français. »

Imparable ! Il y a des procureurs de procès politiques qui doivent frétiller dans leur tombe !

...en plus, il a écrit de bien vilaines choses

M. Oury a aussi l'« avantage » d'avoir écrit des choses bien carrées : « Selon lui, l'opposition au [sic] OGM "dans sa forme la plus violente, est une action 'terroriste' qui se manifeste par la destruction des expériences, aussi bien en laboratoire que dans les champs : c’est la stratégie [...] 'barbare' des fauchages". » Voilà de quoi mettre le fan-club en transe.

Mais M. Sourice s'est bien gardé de citer la pensée complète. Le texte retenu (qui n'est pas une citation exacte...) est précédé de : « ce discours idéologique s’exprime, dans sa forme “la moins agressive”, par une stratégie de déstabilisation de l’image des chercheurs, des industriels et de certains politiques au regard de l’opinion publique (campagnes de communication de Greenpeace, contre-expertise du Crii-Gen ou d’Ecoropa) » [14].

M. Oury aurait pu ajouter : « et de blogueurs »...

Non, pas qu'en vitrine...

« En vitrine, le site Imposteurs.org [...] aiment se voir comme les gardiens de la "Science, contre tous les charlatanismes et toutes les impostures". »

Non, M. Sourice, ce n'est pas qu'en vitrine (et nous ne sommes pas que deux auteurs).

Nous nous attachons à informer nos lecteurs sur une série de dérives dans la formation – et la manipulation – de l'opinion publique sur des sujets qui nous tiennent à cœur et pour lesquels nous revendiquons une certaine maîtrise : l'agriculture et l'alimentation – dans leur trois composantes essentielles : souveraineté alimentaire, sécurité alimentaire et environnement, et leurs deux dimensions : nationale et mondiale – mais aussi santé publique, climat, et plus généralement ce qui heurte les canons de la raison et de la science.

Nous œuvrons aussi, avec de très modestes moyens, pour que l'avenir de nos enfants et petits-enfants soit défini sur la base des vrais enjeux et des vraies questions. Et non des faux problèmes résultant de perceptions erronées, quand ils n'ont pas été fabriqués dans un but politique et, souvent aussi, économique, qu'il s'agisse de maintenir et de développer le fond de commerce médiatique d'une entreprise (quelle que soit sa forme) ou d'une personne, ou qu'il s'agisse de développer des filières par le dénigrement de la filière principale (celle qui nous nourrit dans le cas de l'agriculture).

On ne saurait évoquer ces dérives, déconstruire les discours fallacieux et démonter les manipulations médiatiques sans se référer à leurs auteurs. Y voir de l'ad hominem, c'est se voiler la face devant des vérités qui dérangent. Nous imputer une stratégie de diffamation, c'est procéder à une nouvelle manipulation médiatique.

C'est le droit de ceux qui ne sont pas d'accord avec nous.

C'est notre droit d'y répondre. Et quand on tente de nous museler, dans ce qui semble être une stratégie coordonnée, c'est notre devoir de défendre nos libertés [15].

Wackes Seppi

_______________

[1] Biographie de son ouvrage « Plaidoyer pour un contre-lobbying citoyen ».

[2] https://fr.linkedin.com/pub/benjamin-sourice/76/8b9/2ab

[3] http://alerte-environnement.fr/2012/11/12/etude-anti-ogm-de-saralini-les-petits-soldats-de-la-fondation-pour-le-progres-de-lhomme/

[4] https://groups.google.com/forum/#!topic/mauripe/9zf2Jj8kx0A

[5] http://imposteurs.over-blog.com/2015/05/lanceurs-d-alertes-reponse-a-benjamin-sourice.html

[6] http://www.informatique-agricole.org/download/afia-gazette/2015_-_gazette_afia/gaz_150514_20-compl.htm

[7] Le sérieux de ce billet n'empêche pas l'anecdote. De nombreux « agros » de Montpellier s'en souviendront sans nul doute. Nous avions des corvidés empaillés qu'il fallait reconnaître le jour de l'examen. Pas de problème pour la corneille mantelée. Pour la suite il fallait mémoriser une clé de détermination fort originale : un oiseau sans signe distinctif ; un oiseau dont la tête se détachait du corps ; un oiseau avec du fil de fer dépassant de la tête...

[8] Même des personnes engagées dans les médias, qui ont sans nul doute reçu quelques cours de droit en viatique, s'y sont mises avec délectation et insouciance, sinon plus :

M. Stéphane Foucart gazouille le 13 mai 2015 (donc avant la dépublication), et M. Pierre-Henri Gouyon retransmet :

« Belle enquête de @BSolist sur ces calomniateurs anonymes, zélateurs de l'agro-chimie, tous bien évidemment bénévoles http://blogs.mediapart.fr/blog/benjamin-sourice/130515/lanceurs-dalertes-et-e-reputation-revelations-sur-la-strategie-de-diffamation-du-lobby- »

https://twitter.com/sfoucart/status/598581431200251904

M. Paul Moreira gazouille le même jour :

« Qu'auraient fait les corbeaux anonymes d'internet dans les années 40 ? A lire, cette bonne enquête de @BSolist »

https://twitter.com/PaulMoreiraPLTV/status/598526733889994753

M. Paul Moreira gazouille le 21 mai 2015, et M. Stéphane Foucart retransmet :

« Un personnage supplémentaire démasqué dans la galaxie des miliciens pro-OGM anonymes. »

https://twitter.com/PaulMoreiraPLTV/status/601443198930587648

Évidemment, aucune « stratégie de diffamation du lobby [anti]-OGM » ici... Réponse de M. Yann Kindo au premier gazouillis :

« Si ça c'est une "belle enquête" aux yeux d'un journaliste du Monde, il y a de quoi s'inquiéter pour la déontologie des employés du quotidien dit "de référence". On notera la petite calomnie personnelle que Foucart prend soin de rajouter avec son "tous bien entendu bénévoles", formule ironique qui sous-entend comme d'habitude que les animateurs d'Imposteurs seraient payés par... Ce n'est pas de la bonne grosse diffamation bien "gerbante", ça ? Ils sont incapables d'identifier correctement les bloggeurs d'Imposteurs, mais ils savent quand même qu'ils sont payés par l'"agrochimie", bien sûr. Méprisables pratiques de gens vraiment méprisables [vous allez me faire un procès pour ça, M. Foucart ?]. »

http://www.informatique-agricole.org/gazette/afia/gaz_150514_20-compl.htm

[9] Dans le premier cas, avec le passage du temps, on peut estimer que, décidément, la justice peut être aveugle. Dans le deuxième, M. Gil Rivière-Wekstein, le directeur de la publication, a été condamné parce que – oh sacrilège ! – il avait mis en doute la qualité de docteur, circonstance aggravante, d'un fonctionnaire public, d'une personne qui était titulaire d'un doctorat en science... Big deal...

[10] http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/comparse/17615

[11] http://www.unbrussels.org/

[12] http://ec.europa.eu/transparencyregister/public/consultation/displaylobbyist.do?id=9825553393-31&isListLobbyistView=true

[13] http://imposteurs.over-blog.com/2015/05/petite-lecon-de-propagande-a-l-usage-des-lobbyistes-citoyens-et-professionnels-par-a-kollantai.html

[14] http://www.pseudo-sciences.org/spip.php?article769

[15] http://agriculture-environnement.fr/a-la-une,6/article/la-gue%CC%81rilla-judiciaire-du-lobby-vert

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G
Bonjour,<br /> Je vois que vous avez suivi attentivement l'affaire "Yeux volés". Auriez-vous par hasard les attendus du procès qui déboute les médecins colombiens qui ont attaqué MMR en diffamation ? <br /> Merci d'avance.<br /> Gérard Delteil
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A
Non, désolé, je ne possède pas les documents. Par contre, je n'ai aucun doute sur le fait que MMR a tout simplement cuisisné à sa sauce la légende urbaine.<br /> voir notamment :<br /> http://imposteurs.over-blog.com/article-19341056.html
H
D’abord en suggérant que les cages des rats libéraient des substances toxiques.
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H
Ceci, sans compter l'interdiction des propos injurieux, diffamatoires, dont l'article était abondamment pourvu.
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J
http://www.science20.com/genetic_literacy_project/the_industry_funding_behind_antigmo_activist_gilleseric_seralini-156197
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J
Pardon, jai oublié le lien
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J
Visiblement, Serialini, Sourice, Foucard et cie aiment accuser les autres de leurs propres travers. <br /> Raclures d'inquisiteurs pris a leur propre jeu.(faites moi un proces)
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A
L’action d'intimidation que vous subissez, n'est malheureusement pas la seule.<br /> Vu dans le blog de marcel Kuntz<br /> - AGRESSION de CHERCHEURS sur le site de Notre Dame des Landes<br /> - ALLEMAGNE : une CAMPAGNE de HARCELEMENT MET un TERME à un PROGRAMME de RECHERCHE en NEUROSCIENCE<br /> L’action d'intimidation que vous subissez, n'est malheureusement pas la seule.<br /> Vu dans le blog de marcel Kuntz<br /> - AGRESSION de CHERCHEURS sur le site de Notre Dame des Landes<br /> - ALLEMAGNE : une CAMPAGNE de HARCELEMENT MET un TERME à un PROGRAMME de RECHERCHE en NEUROSCIENCE<br /> Tous ce qui déplaît aux faucheurs de science est systématiquement attaqués de plus en plus violemment.<br /> Cela correspond peut être a un double mouvement<br /> - Diminution du nombre de leurs adeptes (la population européenne semble se lasser des prophéties apocalyptique.<br /> - Radicalisation de la petite frange qui les suivra jusqu’au bout.<br /> <br /> Toujours sur le blog de marcel Kuntz un appel à la résistance<br /> http://www.marcel-kuntz-ogm.fr/syndrome-de-stockholm.html<br /> votre blog fait justement cela, ce qui déplaît aux prêcheurs d’apocalypse
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P
Au fait, pourquoi répondre longuement à ces gens? C'est une véritable question: certes, ils vous attaquent maintenant en justice; certes, ils mettent en cause votre probité; mais au fond se pose la question. Car cette réponse ne changera rien: ils parlent à des convaincus; l'audience d'«imposteurs» est sans doute nettement inférieure à celles des chroniques de M. Foucart.<br /> <br /> Sur la façon de recruter de Contrepoints, c'est assez risible quand on sait comment ça se passe dans les faits. De nos jours, il n'y a pas besoin de gros moyens pour publier des textes sur Internet … un agrégateur n'a pas besoin de beaucoup de moyens pour fonctionner, si ce n'est quelques personnes motivées. (Par ailleurs, les positions climato-sceptiques de Contrepoints sont à l'opposé de positions rationalistes).
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G
L'article de M. Sourice est toujours disponible sur ce site :http://democratie-reelle-nimes.over-blog.com/2015/05/lanceurs-d-alertes-et-e-reputation-revelations-sur-la-strategie-de-diffamation-du-lobby-ogm.html
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J
Je cite sourice : " L'utilisation de sites mirroirs est une technique de referencement bien conue pour contourner la censure..."<br /> <br /> <br /> <br /> LOL
A
" Le « lobby OGM », ultra-puissant dans la vision manichéenne de M. Sourice et Cie, partagerait donc les manettes avec un courant de pensée dont la seule évocation du nom suscite un large rejet ?" <br /> C'est pas émotionnellement dissonant dans ce cas, c'est complètement dans le mille, du moins en théorie, s'il arrive à faire croire a ses lecteurs que l'opposition aux OGM est forcément ultra libérale. Technologie américaine, valeurs américaines, idéologies américaines, ça marche bien, j'ai retourné pas mal d'anti qui avait arrêté la réflexion à ce stade.
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